Après 11 ans au Lausanne HC
Dans l'album souvenirs de «Benji» Antonietti

Ce vendredi soir, Benjamin Antonietti débarquera à Lausanne avec Genève-Servette. Il affrontera le club pour lequel il a joué plus de 500 matches en près de onze ans. L'occasion de se plonger dans ses meilleurs souvenirs en quatre moments clés.
Publié: 17.09.2021 à 06:03 heures
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Dernière mise à jour: 17.09.2021 à 07:49 heures
Photo: Keystone
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Grégory BeaudJournaliste Blick

S'il n'avait pas quitté le Lausanne HC pour rejoindre Genève-Servette cet été, Benjamin Antonietti serait très probablement devenu le joueur le plus «capé» du Lausanne HC. Avec 512 matches à son compteur, il ne lui a manqué que dix rencontres pour égaler Florian Conz et ses 522 parties sous le maillot vaudois. Déçu de ne pas y être arrivé? «Oui et non, nous explique-t-il. Je savais pendant l'été 2020 que ce serait assez dur d'arriver à 522 durant le dernier championnat tant la concurrence était grande. Lorsque je me suis fait une raison, je me suis fixé un objectif personnel: atteindre les 500 matches. Lausanne est un club centenaire et nous ne sommes finalement que deux à l'avoir fait.»

Ce jubilé, Benjamin Antonietti s'en souvient bien. «J'ai joué 13 secondes de box play à Langnau, rigole-t-il. C'était pas franchement une grande fête. À la fin du match, je suis allé chercher le puck chez l'arbitre tout seul, comme un grand. C'est la seule chose qui me reste de cette soirée. Le chef matériel me l'a collé sur un bout de carton avec quelques photos de moi.»

«Je voulais aller à Genève»

Après onze années de bons et loyaux services, Benjamin Antonietti part avec le sentiment du devoir accompli. Et pas de regrets d'avoir quitté la Vaudoise aréna. «Je ne peux pas en avoir, coupe-t-il. Dès l'été 2020, je savais que je m'en irais après la saison 2020-2021. Peut-être même avant. J'avais demandé à partir. Lorsque je voyais jouer les autres équipes, je voulais partir et Genève était mon premier choix. En deux jours cela s'est fait.»

Entre 2010 et 2021, Benjamin Antonietti a tout connu avec le club vaudois ou presque. Entre les finales de LNB perdues, la fameuse promotion de 2013 et la montée en puissance de l'organisation, «Benji» faisait partie des meubles au LHC. Pourtant, en fin de saison dernière, il a quitté un club qui ne comptait plus sur lui. Point de rancoeur dans sa voix au moment d'évoquer le passé. Avec Genève, Benjamin Antonietti joue désormais plus de dix minutes par match. «Cela peut paraître anodin, rigole-t-il. Mais pour moi c'est déjà énorme. Tu ne fais pas du hockey pour uniquement t'entraîner et entrer sur la glace de temps à autre sans savoir à chaque fois si c'est la dernière de la soirée.»

Ce retour à Lausanne, «Benji» ne peut pas le vivre comme un match normal après toutes ces années. Mais il y ajoute tout de même un petit bémol: «Je ne suis finalement resté que deux ans dans cette patinoire dont une saison sans les fans. Il y a beaucoup de nouveaux joueurs et je n'ai finalement pas passé beaucoup de temps avec eux. C'est plus facile de vivre les choses avec moins d'émotions.»

Ce vendredi soir (19h45), il aura tout de même un petit pincement au coeur au moment de rentrer sur la glace de la Vaudoise aréna pour le premier match de sa carrière contre Lausanne. Mais avant de penser à cela, il a accepté d'ouvrir son album de souvenirs en notre compagnie et a choisi quatre moments clés durant ses onze ans avec les Lions.

2009-2010. Première année et finale perdue face à Viège

Photo: Keystone

«C'est le premier moment que j'ai décidé de choisir. Il s'agissait de ma première année complète en tant que professionnel au sein d'une équipe ambitieuse qui avait comme objectif la promotion. Avec des joueurs comme Jan Alston, Oliver Setzinger ou Colby Genoway, nous avions un bon groupe, mais nous nous étions tout de même inclinés. Et c'est justement pour cette raison que cette photo figure ici. Pour montrer que même si tu as une bonne équipe sur le papier, tu peux perdre. Et nous avions clairement perdu puisqu'en finale, Viège nous avis mis 4-0. Ce n'était pas facile, car il s'agissait des débuts d'un nouveau directoire et nous avions super mal terminé une belle saison.

À titre personnel, j'avais un rôle intéressant et j'avais trouvé difficile ce moment où tout s'écroule en fin de saison. Nous avions battu Ajoie en sept matches lors des demi-finales avec beaucoup d'émotions. Nous nous étions préparés pour vivre quelque chose de spécial. Et en quatre matches, tu rentres chez toi. Cette défaite était aussi la fondation de la promotion. Nous avions compris que gagner n'allait pas de soi. Tout le monde a beaucoup appris cette année.»

2012-2013. Une saison avec Eliot Berthon

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«C'est un petit clin d'oeil que j'ai voulu faire à Eliot Berthon qui est à nouveau mon coéquipier à Genève aujourd'hui. Lors de la saison 2012-2013, nous avions joué 90% du temps ensemble et avions connu une bonne saison avec une promotion à la clé. Sur ce point, nous y reviendrons plus tard. Aujourd'hui, avec Eliot, on essaie de recréer cette alchimie à Genève. On ne fera peut-être pas autant de points qu'en LNB à l'époque. La National League, c'est un autre monde et nous avions un autre rôle à l'époque. Mais c'est un plaisir de le retrouver.

Eliot m'a beaucoup parlé au moment de venir à Genève. Il a participé à mon transfert, en un sens. Il m'a parlé en bien de ce club. C'est un gars qui a toujours le sourire. Pour le public, c'est un joueur de l'ombre. Je n'aime pas trop cette mention car entre nous, nous savons quelle est son importance sur la glace et dans le vestiaire. Il amène cette bonne humeur au quotidien tout en travaillant beaucoup.

Pour créer une connexion, c'est important de s'entendre en dehors également. Je sais que je peux compter sur lui et il sait qu'il peut compter sur moi. Si l'un d'entre nous fera une erreur, l'autre sera toujours là et nous nous enlevons mutuellement de la pression. C'est précieux de pouvoir compter sur lui.»

La promotion de 2013

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«C'était un peu un choix obligatoire. Comme nous avions précédemment perdu contre Viège et Langenthal, nous étions vraiment prêts à monter en 2013. Nous avions une équipe de LNA en LNB. On ne pouvait pas se merder. Si l'on se dit que nous avions Cristobal Huet dans les buts, cela suffit pour comprendre à quel point on était meilleurs que les autres. Mais c'est aussi grâce à l'expérience de 2010 et à notre défaite contre Viège que nous étions prêts à monter.

Tout n'était toutefois pas simple puisque nous avions même changé d'entraîneur en cours de saison. Lors que Gerd (ndlr: Zenhäusern) est arrivé, cela a été un tournant. Il a organisé un voyage d'équipe à Bruxelles et voulait que nous recommencions une nouvelle saison dans nos têtes.

Je me rappelle bien de la soirée de promotion contre Langnau. C'était une grosse fête en ville. Les jours suivants également. Lorsque tu es promu avec un groupe de joueurs, il se passe quelque chose de spécial. Tu as un lien particulier. Cela me fait un peu bizarre de me dire que j'étais le dernier joueur de la promotion encore présent dans le vestiaire du Lausanne HC.»

5 octobre 2019. L'hommage à Cristobal Huet

Photo: Keystone

«Je ne sais pas qui a décidé de nous désigner Etienne Froidevaux et moi pour hisser le maillot de Cristobal Huet au plafond de la Vaudoise aréna. Mais c'était un immense honneur. Dans 20 ans, lorsque je reviendrai dans cette patinoire, ce maillot sera toujours là. «Cristo» a marqué l'histoire du club. Je le considère énormément en tant qu'homme et en tant que joueur et je suis content d'avoir participé à ce moment spécial.

À titre personnel, il s'agissait de mon dernier moment fort avec Lausanne. De mes dernières grandes émotions. Les émotions se créent par soi-même. Bien sûr, si un coéquipier marque un goal incroyable, c'est cool. Mais ça ne reste pas gravé dans ta mémoire. L'émotion de monter le maillot d'un ancien coéquipier au plafond, c'est autre chose. J'avais d'ailleurs inscrit mon dernier but avec le LHC ce soir-là. Ensuite, je n'avais quasi plus joué et donc forcément plus marqué. Ce soir-là, nous étions contents. C'était avant le Covid. Ensuite les play-off ont été annulés et la dernière saison s'est déroulée sans spectateurs et, pour moi, avec un temps de jeu limité. C'est pourquoi j'ai décidé de choisir cette soirée comme mon dernier moment. C'est émouvant d'y repenser.»

Le dernier but de Benjamin Antonietti, le 5 octobre 2019 contre Ambri.
Photo: Getty Images
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