Vladimir Petkovic se confie
«C'est comme ça que je recharge mes batteries pendant l'Euro»

La Nati est dans une bulle sanitaire depuis maintenant quatre semaines. L'entraîneur Vladimir Petkovic explique dans une interview exclusive à Blick comment il prend soin de lui et quelles relations il entretient avec les joueurs pendant cette période.
Publié: 23.06.2021 à 05:47 heures
|
Dernière mise à jour: 23.06.2021 à 11:45 heures
1/12
Vladimir Petkovic raconte à Blick comment il recharge ses batteries pendant la phase épuisante des tournois.
Photo: TOTO MARTI
Andreas Böni (Rome)

Le soleil tape fort à Rome. Il fait plus de 30 degrés et l'entraîneur Vladimir Petkovic semble détendu sur le terrain d'entraînement. Il sait que la Nati a atteint l'objectif minimum: les huitièmes de finale de l'Euro de football. L'équipe suisse affrontera un pays parmi la France, l'Allemagne, le Portugal ou la Belgique. Mais la pression est un peu retombée: une élimination ne serait pas aussi décevante que celles de 2016 contre la Pologne (5-6 après une séance de tirs au but) ou que lors de la Coupe du monde 2018 face à la Suède (0-1).

Mais comment l'entraîneur de la Nati recharge-t-il ses batteries? Il s'était déjà confié à Blick en mai, voici ce qui a changé pour lui depuis.

Blick: Vladimir Petkovic, comment fonctionnez-vous en tant que personne, et non en tant que coach, pendant un tournoi?

Vladimir Petkovic: Je suis quelqu'un qui essaie vraiment de trouver un bon équilibre entre le travail et le repos. Il est important, pendant ces longues périodes de tournoi, de prendre soin de soi en tant que personne. Et de prendre de temps en temps de la distance au sein du groupe, pour s'autoriser des phases de récupération.

Comment y parvenez-vous?

Parfois, je m'assois sur le balcon. Parfois, je lis les infos sur ma tablette ou je regarde la télévision. Si je veux de la compagnie, je joue au tennis de table après le dîner. J'essaie d'être à l'écoute de mes besoins.

Vous abstenez-vous de consommer de l'alcool pendant le tournoi?

Non. Nous avons toujours une bouteille de vin sur la table. Tous ceux qui le souhaitent peuvent prendre un verre ou deux. Mais pas les joueurs, bien sûr.

Vous regardez Netflix?

Pas jusqu'à maintenant. Mais ma fille l'a installé pour moi. Lors de ces nombreux et longs voyages que nous avons dû faire, j'ai pu regarder quelques films.

Parlez-vous à votre femme pendant cette période? Ou est-ce que vous coupez aussi les ponts avec elle?

J'espère bien qu'elle me parle... (rires). Bien sûr que nous parlons beaucoup, nous sommes mariés depuis 34 ans.

Vous lui parlez de football?

Pas tant que ça. Je ne lui envoie pas les enregistrements vidéo des séances d'entraînement pour qu'elle me conseille sur la composition de l'équipe... (rires). Mais plus sérieusement, on parle de ce qu'elle a fait toute la journée, de comment on va, de ce qu'on pense, de ce qui est nouveau, etc.

Espérons qu'il n'y aura pas un autre cas de mime d'aigle à deux têtes dans ce tournoi...

Nous avons des incidents mineurs qui ont déclenché des polémiques. Mais nous avons rapidement réglé ce problème en interne et sommes restés vigilants. Le débat a été constructif et nous sommes sortis de tout cela grandis.

Qu'avez-vous changé par rapport à vos deux premiers tournois, en 2016 lors de l'Euro en France, et en 2018 lors de la Coupe du monde en Russie?

C'est différent cette fois-ci parce que nous n'avons pas vraiment de camp fixe et nous sommes sans cesse sollicités par différentes choses. Je pense que cela peut être un avantage. Cela rejoint ce dont je parlais au début: il faut trouver un équilibre entre le travail et les loisirs, c'est très important. Tout comme garder de la distance. Ne pas croiser son entraîner ou les joueurs pendant toute une journée peut être bénéfique.

Oui, mais c'est difficile de trouver un équilibre quand on ne peut pas voir sa famille ou sortir.

Mais vous pouvez faire des appels vidéo avec votre famille pendant votre temps libre. Et les joueurs ont besoin de temps pour prendre soin d'eux aussi.

Quelle est votre approche avec les joueurs?

Je dois le sentir quand un tête-à-tête ou une discussion d'équipe est nécessaire. Ça vient des tripes. J'aime écouter les opinions de chacun, qu'elles viennent des joueurs ou du reste de l'équipe. Je fais ensuite un tri parmi tout ce que j'ai entendu. Parfois je sens aussi qu'il vaut mieux qu'un membre de mon équipe de direction parle directement à un joueur. Nous avons jusqu'à maintenant bien maîtrisé ce processus.

Comment préparez-vous les matches?

D'habitude notre coordinateur sportif Vincent Cavin vient me voir avec une analyse vidéo de sa part et de celle de l'entraîneur adjoint Antonio Manicone avec une première mouture de 14 à 18 minutes sur notre adversaire. C'est un processus qui commence quelques semaines avant la rencontre. Nous réduisons ensuite la vidéo à dix minutes. Le soir de la veille du match, nous la montrons aux joueurs et analysons l'adversaire. Après le match, chaque joueur reçoit ses statistiques, pour chaque touche de balle. Et pour tout le match, s'il le souhaite. Mais parfois, il est aussi important de récupérer et de se vider la tête. Nous sommes prêts à faire pareil pour les huitièmes de finale.

Avant le match contre la Turquie, vous auriez pu inviter Marco Streller ou Alex Frei et parler des éliminatoires de la Coupe du monde en 2005...

C'est un peu difficile en ce moment avec la bulle dans laquelle nous devons vivre... Nous ne sommes pas autorisés à sortir et personne n'est autorisé à y entrer. Mais il existe des messages vidéo pour la motivation, comme celui de l'entraîneur de l'équipe nationale de hockey, Patrick Fischer. Avec un bon équilibre entre le repos et le travail, nous faisons tout ce que nous pouvons pour être prêts pour les huitièmes de finale.

Vous avez trouvé une erreur? Signalez-la