Le coach espagnol ne s'était que très peu passé de Mbappé depuis son arrivée à la tête de l'équipe parisienne l'été dernier. Mais voilà qu'il vient de le faire sur les trois derniers matches, en le faisant débuter sur le banc contre Nantes le 17 février (2-0), en le remplaçant à l'heure de jeu contre Rennes la semaine dernière (1-1), et dès la pause donc sur le Rocher (0-0) où la star a débuté sa carrière.
Cette série intervient juste après l'annonce par l'attaquant aux dirigeants du club de son départ l'été prochain, après sept ans passés dans la capitale.
Vendredi soir, peu après le début de la seconde période, sans le meilleur buteur de l'histoire du club remplacé par Randal Kolo Muani, l'agitation a gagné les tribunes du stade Louis-II, quand Mbappé a fait le tour du terrain par la piste d'athlétisme en prenant tout son temps et en saluant le public, tout sourire en survêtement.
Comme si de rien n'était. Sauf qu'ensuite, il a rejoint non pas le banc, mais la tribune, non loin de l'habituelle place du prince Albert II de Monaco -absent vendredi- pour s'asseoir à côté de sa mère Fayza Lamari, qui gère ses intérêts.
Le «bien de l'équipe»
C'est un membre de la direction du club qui lui a proposé cette solution, a assuré l'entourage du joueur contacté par l'AFP, sans expliquer pourquoi, mais en s'efforçant de démentir toute polémique.
Plusieurs dizaines de mètres devant Mbappé, Luis Enrique, concentré sur le match, replaçait ses joueurs dans l'incapacité de ramener autre chose qu'un second match nul d'affilée, après avoir frôlé la correctionnelle sur plusieurs actions monégasques.
Il y a eu un temps un doute sur une potentielle précaution prise par le staff après un contact du numéro 7 avec Guillermo Maripan. Mbappé était resté au sol plusieurs minutes, la main sur le tibia droit.
Mais, après-coup, Luis Enrique a assumé le nouveau remplacement du capitaine du soir, en l'absence de Marquinhos: «C'est 100% la décision de l'entraîneur, tôt ou tard il faudra s'habituer à jouer sans Kylian Mbappé, je prends cette décision pour le bien de l'équipe».
Et l'ancien sélectionneur de l'Espagne n'était évidement pas bien étonné de devoir répondre à pas moins de trois questions d'affilée sur le sujet, évoquant un «hat trick» (trois buts consécutifs) de la part des journalistes.
«Je ne vais pas rentrer dans ce jeu-là, pour moi il n'y a aucun problème, c'est la manière dont je veux gérer les choses», a-t-il insisté.
Tour d'honneur
Déjà après Rennes, il avait expliqué qu'il préparait l'après Mbappé, lequel avait jeté, semble-t-il maladroitement, son brassard de capitaine vers Vitinha lors de son remplacement.
Jeudi, Luis Enrique avait même assuré que l'équipe serait «bien meilleure» la saison prochaine.
En championnat, celui qui avait guidé le Barça vers le titre en Ligue des Champions en 2015 peut se permettre cette stratégie, son équipe bénéficiant, en tête du classement, d'une confortable avance de 12 unités devant Brest, avant son match de dimanche, et Monaco.
Mais pourra-t-il en faire de même, mardi lors du match le plus important de la saison parisienne, à Saint-Sébastien face à la Real Sociedad, en 8e de finale retour de C1?
Difficile d'imaginer l'entraîneur espagnol se passer de sa star pour capitaliser sur l'avantage pris à l'aller (2-0), car Kylian Mbappé est l'incontestable meilleur buteur de l'équipe (32 buts toutes compétitions confondues) loin devant Randal Kolo Muani (9 buts) et Gonçalo Ramos (8).
Le changement de son statut peut-il affecter le rendement du champion du monde 2018 sur cette fin de saison? Malgré l'échéance de son départ, somme toute bien acceptée par les supporters, l'ambiance apparaît en surface relativement sereine.
L'entourage du joueur s'y emploie d'ailleurs, affirmant que Mbappé est «concentré sur le match de mardi en Ligue des Champions».