Les images ont parlé d'elles-mêmes. Lorsque Vladimir Petkovic a décidé de remplacer Xherdan Shaqiri contre le Pays de Galles à la 66e minute, «XS» était visiblement en colère. «Je pensais déjà au prochain match», a précisé le sélectionneur de l'équipe de Suisse, critiqué par de nombreux experts pour ce choix tactique.
Mais le facteur humain de ce changement ne doit pas être sous-estimé. Car entre Shaqiri et Petkovic, il y a toujours eu des grincements de dents et des petits clashs. La relation entre l'entraîneur et le joueur vedette est régulièrement mise à l'épreuve.
La discussion sur le No 10
Cela a commencé lors du premier tournoi de Vladimir Petkovic. A l'époque, c'était surtout un problème de positionnement sur le terrain. Shaqiri a joué sur le côté droit du milieu, à l'Euro 2016. Derrière les pointes, Blerim Dzemaili évoluait en tant que 10. Dans les colonnes de Blick, l'expert Lothar Matthäus avait pris position sur ce sujet: «Je pense également qu'il joue dans la mauvaise position. Il a besoin d'un chemin plus court vers le but. Pour moi, ce n'est pas un type de joueur qui doit être placé sur l'aile droite. Il est trop loin pour pouvoir tirer. Demandez à Shaqiri, je suis sûr qu'il vous dira qu'il préfère jouer en No 10. C'est une chose que vous devez prendre en considération en tant qu'entraîneur.»
Mais les problèmes éclatent vraiment en 2018. Il y a d'abord une tension à cause du forfait de Shaqiri en mars. Il a été déclaré inapte pour les matches amicaux contre la Grèce et le Panama en raison d'une blessure musculaire. La veille (!) du match de la sélection nationale, il prend part à une rencontre de son club de l'époque, Stoke. Certains joueurs ont alors estimé que Shaqiri n'avait tout simplement pas envie de jouer. Et le principal intéressé? Il se demande toujours pourquoi il doit évoluer à l'aile droite.
Problèmes à propos du capitanat
Lors de la Coupe du monde en Russie, Shaqiri était de retour au jeu. Il a même marqué face à la Serbie. Mais ce sont surtout l'affaire de l'aigle bicéphale et l'élimination en huitième de finale contre la Suède qui ont fait les gros titres. Après cela, à l'automne 2019, Shaqiri a renoncé aux matches internationaux en Irlande et à Gibraltar. La raison officielle: il veut se concentrer sur Liverpool, comme il l'a officiellement précisé à l'époque.
Officieusement, la raison serait différente: Shaqiri se sent dévalorisé dans la discussion entourant le rôle de capitaine. En l'absence de Stephan Lichtsteiner, c'est Granit Xhaka qui hérite du brassard, un choix que Shaqiri ne comprend pas. Dans son esprit, il est plus âgé que Xhaka et a plus de sélections internationales. Xhaka a froidement réagit à cette problématique: «Si c'est vraiment un problème, il peut avoir le brassard de capitaine.»
Petkovic a éteint l'incendie
L'Association suisse de football a dû sortir de son mutisme. Le directeur des équipes nationales, le charismatique Pierluigi Tami, s'est rendu auprès de Xherdan Shaqiri afin de le sonder sur son avenir. Une conversation avec Petkovic a ensuite été organisée. En octobre, les désaccords sont résolus et Petkovic s'emballe: «Je l'aime. Et je l'aimerai toujours. En tant que joueur. Et en tant que personne.»
Désormais, Shaqiri joue à son poste de prédilection: No 10. Il semble avoir digéré le problème lié au capitanat. Ce remplacement face au le Pays de Galles représente toutefois un défi intéressant pour Petkovic. Son prédécesseur Ottmar Hitzfeld avait déclaré un jour: «Les joueurs offensifs comme Shaqiri ont besoin d'être davantage encouragés. Ils sont comme des plantes. Comme des fleurs dont il faut s'occuper. Ce sont des artistes, mais ils vous le rendent bien sur le terrain si vous les manipulez correctement.»
En ce sens, ce ne serait pas un luxe de voir le jeu de Shaqiri progresser. Sa performance en ouverture de championnat d'Europe a définitivement donné des arguments à Petkovic pour le sortir. En tant qu'entraîneur de l'équipe nationale, il ne peut pas se permettre de faire dans le sentimentalisme. Même avec la star de l'équipe.