La dizaine de têtes dépassaient à peine du muret derrière les buts de Marko Salvi, le gardien yverdonnois. On ne pouvait pourtant pas rater le groupe de gentils ultras. La «faute» à leur caisse claire, leur banderole enflammée («ici c’est YS») et aux deux drapeaux vert et blanc. La «Section Lac a chanté tout le match, malgré la pluie et la défaite des leurs contre le Stade-Lausanne-Ouchy (1-3). Le groupe de fervents supporters était bien présent pour le grand retour de son club ce cœur en Challenge League, après dix ans de purgatoire dans les ligues inférieures.
Pourtant, ces dix Yverdonnois ne sont pas entrés dans l’enceinte rénovée du Stade municipal. Ils ont été contraints de suivre la partie depuis la rue, debout – plus ou moins en équilibre – sur un drôle d’attirail composé de chaises, d’escabeaux et autres tabourets. Guichets fermés? Billets trop chers?
Rien de tout ça. Pandémie oblige, le club du nord-vaudois n’a autorisé que 1000 spectateurs afin d’éviter le certificat Covid. Seule restriction: rester assis sur l’une des deux tribunes durant toute la partie. «Nous, on est beaucoup trop passionnés pour être assis, pestait Mathieu, un maillot de Sébastien Le Neün (qui joue aujourd’hui à Echallens) sur les épaules. Du coup, on préfère regarder le match depuis ici. On est bien mieux.»
Apprendre à connaître les nouveaux
Le nouveau stade d’Yverdon Sport a fière allure. Un nouveau bâtiment est venu coiffer l’entrée principale et la mythique tribune. La rénovation du Municipal – désormais soixantenaire – a coûté près de 10 millions. Ce mariage entre le moderne et l’ancien est très réussi, surtout à l'extérieur. L’annexe accueille un restaurant (le bien nommé «Stade») et une tribune pour les VIP. Même dans le Nord vaudois, on n’arrête pas le progrès.
Cela fait quatre ans que Laetitia attendait de découvrir le résultat final. Cette jeune maman suit tous les matches d’YS, à la maison comme à l’extérieur, par amour pour son fils qui est junior au club. «C’est fantastique d’inaugurer ce nouveau stade avec un retour au haut niveau. Le seul problème, c’est qu’il y a eu pas mal de transferts après la promotion. Il va falloir que j’apprenne à connaître les nouveaux.»
Nicolas Gétaz est justement l’un de ces visages encore inconnus. Même s’il est né à Yverdon, le latéral a fait la grande partie de sa carrière à Lausanne (200 matches entre le LS et Le Mont). A 30 ans, le défenseur a signé son retour sur les terres de ces débuts. Il ne boudait pas son plaisir de retrouver du public. «Le foot, c’est ça, vivre et partager des émotions avec nos supporters.»Football: Yverdon s'incline à domicile face au Stade Lausanne-Ouchy
De la pluie et des buts
Sur le terrain, le néo-promu vaudois a livré une première mi-temps de feu. Il n’est pourtant pas parvenu à marquer, malgré plusieurs grosses occasions. Tantôt par maladresse, tantôt à cause du gardien adverse Justin Hammel. «Ce manque de réalisme nous a coûté cher, regrettait le coach Jean-Michel Aeby. On méritait mieux et on a été puni.» Yverdon avait laissé passer sa chance. Le Stade-Lausanne-Ouchy, plus expérimenté à ce niveau, a sanctionné son jeune voisin après la pause.
Il n’y a pas que la pluie qui a gâché la fête samedi. «Beaucoup de spectateurs sont venus avec une certaine nostalgie de l’époque. On n’a malheureusement pas réussi à leur offrir cette victoire pour notre retour. Dommage parce qu’ils méritaient aussi de savourer ce moment-là», a regretté Jean-Michel Aeby. Le technicien genevois espère déjà que ses joueurs réagiront mardi sur le terrain de Thoune.
Place à Xamax
Il faudra attendre jusqu’au 21 août pour voir le prochain match d’Yverdon Sport dans ce Municipal «new look». Les Vaudois recevront Neuchâtel Xamax pour le «derby du lac». La Section Lac, justement, devra à nouveau suivre la rencontre en faisant le mur. Le certificat Covid sera certainement obligatoire pour ce match. Une mesure que les ultras du pays (exception faite des Lucernois) boycottent. Visiblement, ça n’empêchera par les Yverdonnois de chanter.