Denis Zakaria est l’homme qui vaut 30 millions. C'est du moins le montant estimé par le site Transfermarkt. Cette somme fait du Genevois le joueur suisse le plus cher actuellement, aux côtés de Manuel Akanji, selon le site de référence. Pourtant, et sans jouer les boursicoteurs, son indice sur le marché pourrait être plus haut encore sans le coup du sort qui a freiné la progression du milieu de terrain en mars 2020.
Plus de six mois d’absence
Son genou a cédé après un contact avec le gardien Yann Sommer, son coéquipier en club comme en équipe nationale. À cet instant, il ne le savait pas encore, mais Zakaria n'allait pas retrouver les terrains avant longtemps. Sa blessure était plus sournoise que prévu et le cartilage était touché.
Son absence va se prolonger pendant plus de six mois. Une pause forcée qui deviendra même un «traumatisme», de son propre aveu. Le Borussia Mönchengladbach a composé sans lui pendant 22 matches. «Cela a été une saison très difficile pour moi», a reconnu le Romand. Avant d’embarquer pour Bakou, il manquait encore de rythme. «L’enchaînement des matches après mon retour au jeu ne m’a pas vraiment permis de travailler sur ma jambe.»
Gladbach envoie un espion
Un retard qu’il a pu, en partie, effacer durant les deux semaines de préparation avec l’équipe de Suisse. Mais c’est surtout, dans l’anonymat d’une salle de sport genevoise, que Denis Zakaria a soigné son corps blessé l’année dernière.
Le milieu de terrain est entré en contact avec Kevin Ferreira, coach sportif de la cité de Calvin qui est plus connu sur les réseaux sous le nom de «K-Swiss». Johan Djourou a servi d’entremetteur. «J’avais déjà travaillé avec Kevin et j’avais pu voir son abnégation, ses connaissances et les résultats obtenus, explique l’ancien Gunner, fraîchement retraité. Je l’ai recommandé à Denis. Ils ont cliqué tout de suite.»
Dès les premières séances, Zakaria retrouve de plus en plus d’ampleur dans ses mouvements. Les progrès sont tels que Gladbach a envoyé l’un de ses physios en Suisse pour observer (espionner) les méthodes de celui qui est spécialiste en mobilité articulaire. «Il est resté trois jours et m’a posé pas mal de questions, s’amuse Kevin Ferreira avec le recul. Visiblement, ils ont été convaincus parce que Denis est resté un mois à Genève pour se soigner avec moi.»
La pression des clubs
«K-Swiss», qui était l’invité de l’émission «3ème mi-temps» de Couleur 3 en février, a aussi pris conscience de l’aspect politique du football. «Il y a tellement d’enjeux financiers et sportifs pour faire en sorte que les joueurs reviennent le plus tôt possible. Cela n’est pas facile de résister à cette pression, de laisser le temps au corps de se soigner.» Zakaria lui-même a compris que cette patience était cruciale. «Denis est quelqu’un de très posé, qui sait où il va», a salué son ange gardien qui collabore aussi avec Kevin Mbabu ou Clint Capela.
Ce samedi, pour le premier match de la Suisse à l’Euro, Denis Zakaria devrait débuter sur le banc face à une équipe du Pays de Galles contre qui la Nati devra imposer son jeu. Il pourrait retrouver sa place de titulaire quatre jours plus tard pour le choc face à l’Italie à Rome. A condition que Vladimir Petkovic choisisse un plan plus défensif, avec un trio axial Xhaka-Freuler-Zakaria et un seul attaquant en pointe.
Durant ce championnat d’Europe, la cote de l’ancien Servettien pourrait rapidement retrouver les sommets. Prévoyant, le Borussia Mönchengladbach avait déjà prévenu la concurrence: le club allemand ne lâchera pas son joyau romand pour moins de 50 millions d’euros.