Gabriel Burger ne donne pas rendez-vous à son bureau, pour la simple et bonne raison... qu’il n’en a pas! «On se voit directement à la patinoire, d’accord?» propose l’entrepreneur, qui a racheté la société Realdeals.ch en décembre 2020, juste après le covid, et l’a fait croître et trouver un rythme de croisière assez impressionnant. Sa communauté est désormais riche de 200 000 membres, principalement en Suisse romande, et chacune et chacun de ces clients est à l’affût au quotidien de toute offre attractive, allant des filets de perche à prix réduit dans un restaurant réputé du Léman à la chambre dans un hôtel de luxe, pour ne citer que ces exemples. La dizaine d’employés travaille, elle, à la maison ou dans un café, car Realdeals.ch n’a tout simplement pas de locaux.
«L’argent économisé en loyer, on le réinvestit dans nos projets», assure celui qui sourit souvent en employant l’une de ses maximes préférées. «C’est vrai que je dis de temps en temps que je ne suis pas le Qatar», admet-il en éclatant de rire, fier d’avoir développé ce qu’il appelle un «sponsoring d’un nouveau genre» à destination des clubs sportifs. En clair, là où une société «traditionnelle» donne une somme d’argent à un club et reçoit en échange de la visibilité sur les écrans géants ou en bordure de terrain ou de patinoire, voire sur les réseaux sociaux, Gabriel Burger propose, lui, aux clubs de football et de hockey romands un partenariat inédit en Suisse: les faire profiter de ses 200 000 clients pour remplir leur stade ou leur patinoire. Et ça marche.
«L’idée m’est venue lors d’un match du Lausanne-Sport. Je fais partie de la Confrérie, un groupe de supporters, et j’y côtoie régulièrement le vice-président, Vincent Steinmann. Un jour, je lui fais remarquer que l’une de ses tribunes, celle en face du kop, est tout le temps vide. Evidemment, il n’avait pas besoin de moi pour s’en apercevoir, mais on a discuté. Je lui ai alors proposé de me vendre 2000 tickets pour un match contre Yverdon. Je les ai ensuite proposés à mes clients, à 10 francs. En quarante-huit heures, ils étaient partis et la Tuilière a accueilli 12 000 personnes ce jour-là. Pas uniquement grâce à moi, mais tout de même un peu», explique Gabriel Burger. Les bases de la formule «gagnant-gagnant» étaient nées et ne demandaient qu’à être appliquées à plus large échelle.
Aider les gens à se faire plaisir
Le constat est en effet clair, surtout pour les clubs de football en Suisse romande: ils ne parviennent pas à remplir leurs stades à 100% de leurs capacités, même en Super League, que ce soit à Sion, à Genève ou à Lausanne. Les clubs de hockey ont moins besoin d’aide, mais tout de même, à Lausanne ou à Genève, les patinoires ne sont pas entièrement combles à chaque match de saison régulière. Et c’est là qu’interviennent Gabriel Burger et Realdeals.ch.
«Chaque club a un potentiel différent et des attentes différentes. Donc chaque partenariat est différent», explique-t-il. Au FC Sion, sa société propose une centaine de billets par match. A Gottéron, qui remplit sa patinoire à ras bord à chaque rencontre, le deal est un peu plus premium. Au Lausanne-Sport, un virage complet (240 places) est commercialisé par Realdeals.ch à chaque match et une tribune entière par année est proposée, le dimanche après-midi, pour répondre aux attentes des familles. Mais au final chacun y trouve son compte.
«Ce qui est particulier, c’est que j’amène un public nouveau, qui ne viendrait pas forcément au stade sans y être incité par ma société. Il y a des familles, des enfants, des femmes… Souvent, il s’agit de leur première expérience dans un stade ou une patinoire. Ils voient la promotion sur mon site et se disent qu’à ce prix ils peuvent se le permettre. Et si ça leur plaît, ce qui est souvent le cas, le club gagne des fans et des spectateurs réguliers petit à petit», continue Gabriel Burger, qui s’est retrouvé propriétaire de Realdeals.ch grâce à son flair voilà un peu moins de quatre ans.
«Cela fait treize ans que je suis entrepreneur. Avant, j’étais salarié et je me rendais compte chaque semaine que j’avais besoin de plus de stimulation. Si tu as une bonne idée, tu dois commencer par reculer de deux pas pour avancer d’un… Je me suis mis à mon compte. J’ai exploré divers secteurs, j’ai monté des sites, j’ai fait des tests… J’ai fait des erreurs, j’ai fait des bonne choses aussi. Le parcours d’un entrepreneur, quoi! Et puis, j’ai entendu que Realdeals.ch était à vendre. Au début, je m’y suis intéressé surtout pour avoir du stock, que je comptais racheter. Mais je me suis aperçu que l’affaire était bonne.» Trois ans et demi plus tard, le chiffre d’affaires a triplé, le nombre de clients a doublé.
«La philosophie, c’est qu’on aide les Romandes et les Romands à augmenter leur pouvoir d’achat. Aujourd’hui, la réalité de beaucoup de monde, c’est qu’il est devenu difficile de se faire un petit plaisir de temps en temps. Nous, on propose du loisir et du bien-être pour tous – c’est notre devise, d’ailleurs. Evidemment, vous ne pouvez pas aller tous les week-ends en famille dans un hôtel cinq étoiles. Mais grâce à nous, vous pouvez y aller une fois de temps en temps. On ne fait pas juste du commerce, on propose des expériences et des produits de qualité à petit prix. On a envie d’aider les gens. Et, dans le cas des partenariats avec les clubs, non seulement on propose de vivre l’expérience d’un match professionnel à prix cassé, mais on aide aussi les clubs à remplir leur patinoire et leur stade en amenant un nouveau public. Tout le monde est content», assure-t-il. La visibilité est aussi là et personne ne peut avoir manqué ces tribunes couvertes de rose, la couleur fétiche de Realdeals.ch, qui propose des goodies à ses clients certains jours de match. «Et quand ils viennent au stade ou à la patinoire, ces nouveaux venus consomment aux buvettes, ils passent peut-être aussi au fan-shop… Ils font aussi croître le chiffre d’affaires des clubs.»
Un grand consommateur de sport
Realdeals.ch mise aussi sur la relève, en soutenant les talents de demain comme l’athlète Audrey Werro, la gymnaste Norah Demierre ou le skieur Lucas Richard. «On n’attend pas qu’ils soient connus pour les aider. C’est à leur âge qu’ils ont besoin de nous et on les accompagne volontiers», explique Gabriel Burger, qui passe ses soirées et ses week-ends à consommer du sport, en bon passionné. Où trouve-t-il l’énergie de tout faire, lui qui assure penser à son entreprise «non-stop»?
«J’ai une conjointe formidable et deux merveilleux enfants de 3 et 5 ans», explique le Morgien, qui ne s’arrête certes jamais et passe ses journées au téléphone, mais s’en va un mois à l’étranger l’été. «Ça, c’est le rituel. Je sors du daily business. On voit autre chose. Ce n’est pas que je ne travaille pas, parce qu’il faut toujours être à l’affût, mais j’essaie de prendre du recul, d’imaginer l’avenir, d’explorer de nouvelles pistes, de développer des projets.» Avec une pensée chevillée à l’esprit, toujours: trouver les meilleurs deals pour ses clientes et clients et leur proposer des expériences qu’ils ne pourraient pas s’offrir sans lui.