Un rôle clé en coulisses
La nouvelle vie de Sandy Maendly

Fraîchement retraitée d’une brillante carrière de joueuse, Sandy Maendly poursuit sa trajectoire en tant que coordinatrice sportive du Servette Chênois, son club de cœur. Un nouveau rôle qui implique un changement de rythme de vie comme des rapports relationnels.
Publié: 29.04.2023 à 09:21 heures
Sandy Maendly avait pris sa retraite internationale après l'Euro 2022 en Angleterre.
Photo: Keystone
Raphaël Dubois, Jessica Monteiro et Mathilde Salamin

«Je suis vraiment têtue, que ce soit dans ma vie privée ou professionnelle. Si je me mets des objectifs, c’est très difficile de m’en séparer.» Ce n’est plus dans son maillot grenat, mais dans une tenue civile et décontractée que Sandy Maendly évoque sa détermination, le moteur de sa carrière de sportive.

La Genevoise a enchaîné les succès en club comme en équipe de Suisse, avec notamment 89 sélections internationale, des titres en Italie, et une coupe de Suisse. Fraîchement retraitée, Sandy Maendly poursuit sa trajectoire en tant que coordinatrice sportive du Servette Chênois, depuis l'automne. Ses expériences sur le terrain l'aident en dehors. Un nouveau poste taillé sur-mesure qu’elle n’imaginait pas occuper il y a de cela quelques années. «J’ai été étonnée lorsqu’on m’a fait cette proposition, même si j’ai toujours été en contact avec le club pour discuter de la suite», confie celle qui a été nommée meilleure joueuse du championnat suisse 2021.

Pour son ancien entraîneur, Eric Sévérac, cette transition de joueuse à coordinatrice coulait de source: «C’est elle que je voulais, ça ne faisait aucun doute pour moi. Sandy est une meneuse. Elle est méticuleuse et a une excellente connaissance des compétitions étrangères».

Une année transitoire nécessaire

Pendant près d’une année, Sandy Maendly a préparé cette transition en étroite collaboration avec le SFCCF, qu’elle nomme affectueusement «son club de cœur». Une période nécessaire car derrière ce nouveau travail se cachent de multiples tâches qui ont transformé l’ancienne milieu de terrain en un véritable couteau suisse: responsable de la cellule de recrutement, de la gestion des jeunes talents de l’Académie féminine, du développement de l’image du club à l’étranger, mais également de faire le pont entre la direction, le staff et les joueuses. Sandy Maendly s’apprête également à vivre prochainement ses premiers play-off dans ce rôle.

Pendant ses journées bien remplies et aux horaires irréguliers, Sandy Maendly change constamment de rôle. «Je peux faire des contrats pour nos joueuses de première équipe toute la matinée, puis passer voir un match ou avoir une réunion avec les parents d’une jeune joueuse l’après-midi.» Le rythme soutenu de son nouveau quotidien n’effraie pas la Genevoise qui avait besoin de souffler, en dehors du terrain.

Car la routine de la sportive d’élite, Sandy Maendly l’a bien connue. «L’objectif de mes journées était d’être à 100% au moment de l’entraînement ou du match. Je faisais donc tout en amont pour que ce soit le cas», explique l’ex-milieu de terrain. Au moment de raccrocher ses crampons, après une année intensive de préparation à l’Euro 2022, le lâcher prise a été étrange. «C’est bizarre d’accepter cette nouvelle liberté. Maintenant, si je me lève et que je ne déjeune pas parce que je n’ai pas le temps, ce n’est pas grave. Si je me couche un petit peu plus tard la veille, ce n’est pas non plus un problème», confie la sportive de 35 ans.

Distinguer amitié et profession

Sandy Maendly est amie avec certaines joueuses de l’équipe. Mais au moment de prendre poste en tant que coordinatrice sportive, une distance professionnelle s’est imposée. «Avant on sortait en soirée ensemble. Aujourd’hui, ce sont des choses que je ne me permets plus», explique l’ancienne joueuse. «J’ai dû mettre des limites pour éviter toute ambiguïté dans nos rapports professionnels.»

Néanmoins, les liens d’amitié qui se sont tissés au fil des années n’ont pas disparu, assure-t-elle. Paula Serrano, actuelle milieu de terrain, partage cet avis: «Nous avons joué ensemble en Suisse allemande, à Madrid, puis à Genève dès 2018. On a gagné des championnats, des coupes… C’est une amie et ça restera comme ça.»

Ce nouveau rôle n’enlève rien à la fierté que Sandy Maendly porte à ses équipes: «je suis attachée à mon club, aux joueuses». Cette passionnée et compétitrice dans l’âme doit toutefois composer avec la frustration de ne plus être au centre de l’action. «Quand on est sur le terrain, on a «les choses en main» et on peut agir dessus. Tandis que dans mon travail actuel, je suis plus passive. Je prépare au mieux l’équipe, mais n’ai plus aucune emprise sur le terrain.»

Une vraie stabilité financière

Postière, secrétaire ou encore logisticienne aux CFF, Sandy Maendly a enchaîné les jobs pour subvenir à ses besoins lorsqu’elle était joueuse. Selon un sondage réalisé par Blick en 2022, le salaire moyen des joueuses de Super League s’élève à 375 francs par mois.

«Heureusement, la dernière année, je vivais pleinement de mon activité de joueuse. Le club a pu me rémunérer afin d’assurer ma préparation pour l’Euro 2022», se souvient Sandy Maendly. Désormais employée à plein temps pour sa nouvelle mission, la sportive estime «bien vivre», même si «ce n’est pas un 100% dans une banque prestigieuse», indique-t-elle, sourire aux lèvres.

Si Sandy Maendly se plaît dans son nouveau rôle de coordinatrice sportive au SFCCF, elle ne ferme cependant aucune porte: «Ces dernières années, j’ai obtenu des diplômes qui me permettraient de devenir entraîneure.» Est-ce que les sensations du terrain finiront par lui manquer? La championne l’ignore. Mais pour l’heure, son but est clair: continuer à mettre en place les conditions optimales pour les joueuses qui souhaitent taper dans le ballon rond.

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