Türkyilmaz en est convaincu
Les Turcs ne vont rien lâcher contre la Suisse

Même si leurs chances de qualification sont minimes, les Turcs vont tout donner à Bakou. Par fierté, ils refuseront de revenir au pays avec zéro point.
Publié: 19.06.2021 à 18:26 heures
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Kubilay Türkyilmaz était présent sur le terrain lors de la défaite humiliante de la Suisse à Bakou en 1996.
Photo: Keystone
Alain Kunz, Rome

Deux défaites contre l’Italie (3-0) et le Pays de Galles (2-0). La campagne de la Turquie dans ce championnat européen a été plus que pénible jusqu’à présent. Si la sélection de Şenol Günes devait encore perdre contre la Suisse dimanche, elle rentrerait à la maison sur un zéro pointé. Un échec qui serait vécu comme un affront.

«Il n’y a pas de nuance en Turquie», explique Kubilay Türkyilmaz (54 ans), deuxième meilleur buteur de l’histoire de l’équipe de Suisse avec 34 buts. Un attaquant qui a des origines turques. «Pour l’instant, tout est noir. D’un point de vue turc, cela ne doit en aucun cas rester ainsi.»

Appels à la démission

Dans le cas contraire? «Il y a déjà des certaines voix qui appellent à une démission de tout le monde, de l’entraîneur aux joueurs, en cas de troisième revers. C’est comme ça en Turquie. C’est le pays des extrêmes. Il n’y a pas de gris. C’est noir ou blanc.»

«L’excès se retrouve aussi dans la fierté nationale des Turcs, ajoute-t-il. Ce sera leur principale motivation pour mouiller le maillot contre la Suisse. Les joueurs du Bosphore n’aborderont pas ce match en espérant atteindre les huitièmes de finale. Pour se qualifier, il faudrait probablement gagner 4-0 ou plus, et se rapprocher d’une différence de buts neutre. Mais ils ne veulent surtout pas terminer ce tournoi sur une troisième défaite. Parce que leurs espoirs étaient énormes avant la compétition!»

Des joueurs de la Juve ou Liverpool

Leur campagne de qualification pour cet Euro avait été excellente avec une victoire contre la France. En mars, ils avaient balayé les Pays-Bas (4-2) pour lancer leurs éliminatoires de la future Coupe du monde. Même le magazine allemand «Kicker» en avait fait sa grosse surprise pour la compétition. Tout s’est écroulé depuis! «Rien ne fonctionne et c’est incompréhensible, reprend Kubi. Ils jouent tous dans des clubs importants. En Turquie, ou à la Juventus, Lille, Liverpool, Leicester et Milan.»

Attention tout de même car le cercle vicieux peut aussi s’inverser. «Le vent tourne très vite en Turquie. J’en ai fait l’expérience une fois, à Galatasaray, lorsque nous étions menés 2-0 contre Manchester United en éliminatoires de la Ligue des champions. Tout a basculé, on était revenu à 3-3 et on s’était qualifiés.»

Un stade acquis aux Turcs

De plus, il fera chaud dans la capitale azérie. «Lorsque nous avions perdu 1-0 à Bakou avec la Nati en 1996, l’atmosphère était fantastique. Cette fois, il n’y aura pratiquement pas de supporters azerbaïdjanais dans le stade, mais presque exclusivement des Turcs. Les pays étant frères, l’ambiance sera bruyante et intense.»

Que doit faire l’équipe nationale pour doucher cette euphorie turque? Kubi a son avis: «Vladimir Petkovic devrait montrer à ses joueurs la victoire du Pays de Galles contre ces mêmes Turcs. C’est exactement comme ça que nous devons jouer. Offensif, sans peur, ne laissant jamais l’adversaire entrer dans le match. Si on fait ça, alors nous gagnerons et nous passerons en huitième de finale. En cas de victoire, plus personne ne parlera du désastre italien. J’espère que c’est ce qui va se passer.»

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