L'histoire de Stade-Lausanne-Ouchy a été contée à de multiples reprises depuis l'accession du club de quartier au football professionnel et, encore plus, depuis la montée en Super League cet été. Les artisans de ce succès sont connus et parfaitement identifiés.
Sans le propriétaire Vartan Sirmakes, sa puissance financière et son mode de management tout en sérénité, jamais le SLO ne pourrait évoluer en première division. L'histoire du propriétaire de Franck Müller a été contée, décortiquée, écrite sur tous les supports.
Sans le professionnalisme et le réseau de Yagan Hiraç, des joueurs comme Brighton Labeau, Teddy Okou, Ismaël Gharbi et de très nombreux autres ne seraient jamais venus en Suisse. Le directeur sportif du SLO est régulièrement mis en avant, bien plus qu'il ne le voudrait d'ailleurs.
Tout a été écrit également sur Andrea Binotto, le Professeur, l'homme qui a amené le SLO de la 2e ligue inter à la Challenge League et fait grandir le club dans son ensemble.
Anthony Braizat reçoit lui aussi sa part de lumière parfaitement justifiée pour avoir amené cette équipe en Super League, alors que rien ne la prédestinait à monter la saison dernière.
Mais le monde du football et l'environnement médiatique oublie un homme: Sonny Kok. L'homme sans qui l'histoire aurait été fondamentalement différente s'il n'avait pas décidé de porter le maillot des Lions un jour de février 2016.
L'histoire passionnelle entre le club du sud de Lausanne et l'attaquant, qui n'étaient pas forcément faits pour s'entendre de prime abord, a démarré de la meilleure des manières: un but face à Guin, un doublé face à Bavois, un but contre Naters. Ce n'est qu'à son quatrième match qu'il n'a pas marqué! Sa contribution immédiate pour amener le SLO en finales de 1re ligue est fulgurante: 10 matches, 7 buts... et cinq cartons jaunes.
Le SLO était un club «sage», il l'a bousculé
Sonny Kok, immense tronche, énorme caractère, a fait changer le SLO de dimension par son attitude et sa détermination, encore plus que par ses buts. Avant son arrivée, Stade-Lausanne était un club très bien structuré, presque trop sage pour être réellement ambitieux.
Avec sa fougue, son insolence, sa grande gueule, l'attaquant a réveillé tout le monde et fait exploser toutes les barrières mentales du SLO, ce club qui se liquéfiait littéralement dans les grandes occasions, comme le bon élève qui a bien travaillé toute l'année mais n'arrivait pas à parler à l'examen final devant le professeur et repartait vaincu.
Avec son courage, l'effronté Sonny Kok a tout cassé et, si le SLO n'est pas monté la première année, échouant dans les finales face à United Zurich, il y est parvenu en 2017 au terme d'une saison qui est probablement la plus belle, dans son dénouement, de l'histoire de ce club si particulier.
Une année 2017 exceptionnelle
Le SLO bataillait en effet dans ce qui était sans doute le meilleur groupe de 1re ligue romand de l'histoire. Yverdon est là, Echallens aussi, Naters, Martigny, Azzurri 90 LS, Carouge, Vevey, Team Vaud M21, Lancy... La concurrence est énorme, la saison magnifique et trois Romands atteignent les finales: Yverdon (1er), le SLO (2e) et Lancy (3e). Le SLO est alors amené à affronter Bellinzone, un adversaire évidemment redoutable, et l'ambiance, dans l'équipe, est à la confiance, car le SLO dispose d'énormément de joueurs de qualité (Fabian Geiser, Fabio Rego, Ahmed Mejri, Andy Laugeois...).
Mais le club traîne également cette réputation naissante, et pas franchement agréable, de potentiel craquage dans les moments décisifs. Un homme, après avoir déjà fracassé Wil en Coupe de Suisse (doublé pour une victoire 4-2 du club de 1re ligue face à celui de Challenge League) va s'occuper de tout dans ces finales et faire voler en éclats ce supposé complexe: Sonny Kok, évidemment.
N'avoir peur de rien, ni de personne: il a fait grandir le SLO
Il n'a rien fait seul, c'est une évidence, et un buteur, aussi fort soit-il, n'est rien sans ses coéquipiers. Mais sans lui, rien n'aurait été possible, tout simplement. Il y a ces buts par dizaines, bien sûr, mais il y a tout le reste: le fait de ne jamais s'avouer vaincu. Le fait de ne jamais accepter la domination d'un adversaire, aussi fort soit-il. Le fait de n'avoir peur de personne. Le fait de mettre son coude dans la gueule d'un défenseur quinze centimètres plus grand. D'aller le tacler pour lui montrer qui est en face. Tout ça, Sonny Kok l'a apporté au «gentil» SLO.
Bellinzone revient de nulle part dans ce premier match des finales pour s'imposer 5-4 à domicile, dans son Stadio Comunale garni de plus de 2300 spectateurs. Le SLO, miraculé après la sortie sur blessure de son gardien Damien Djuric en début de match, a déjà pu compter sur un but de son attaquant, lequel effectue un véritable show au retour. Stade-Lausanne-Ouchy s'impose 3-0 grâce à un doublé de son avant-centre et balaie Lancy au tour suivant pour décrocher son ticket pour la Promotion League. Vainqueurs 2-1 à l'aller à Marignac (but de Kok bien sûr), les Lancéens explosent 4-1 au retour à Samaranch, victimes d'un triplé du héros de la saison.
Le but de la victoire face à Sion et le départ à Nyon
L'automne sera tout aussi enthousiasmant pour le SLO, qui se paie Sion en Coupe de Suisse avec le but décisif en prolongations de son attaquant. Cette année 2017 est celle de tous les exploits pour Stade-Lausanne et Sonny Kok, mais la belle histoire s'arrêtera en février 2018 lorsque l'attaquant s'en ira à Nyon poursuivre sa route, laquelle ne l'a jamais emmené dans le monde professionnel alors que bien des attaquants beaucoup moins doués et prolifiques y ont eu droit.
46 buts en 58 matches avec le SLO!
Son caractère a-t-il fait peur? Son tempérament n'a jamais été celui d'un agneau, mais son bilan avec le SLO (46 buts en 58 matches) aurait dû lui permettre d'avoir sa chance, ne serait-ce que six mois. Il ne l'a jamais eue, alors que la liste des attaquants passés par Lausanne, Xamax Sion entre 2017 et 2018 incite à sourire tristement aujourd'hui, avec un peu de recul...
L'histoire est ainsi faite et il restera une fierté à Sonny Kok, lorsqu'il refermera le livre de sa carrière: avoir fait partie de l'histoire du SLO et avoir joué un rôle prépondérant dans son ascension alors que ce club «sage» et lui n'étaient a priori pas fait pour s'entendre. Comme le feu sur la glace, le blond attaquant a provoqué un mélange détonant et gagnant.
Il est d'ailleurs très peu probable, pour ne pas dire plus, que les nouveaux arrivés du SLO sachent qui est Sonny Kok, lequel c'est sûr, ne sera pas à la Pontaise ce samedi à 18h pour y voir le SLO affronter le LS. Il sera soit à un match de son équipe, le FC Chêne Aubonne (2e ligue), où il a marqué 28 buts en 3e ligue l'an dernier, dont cinq en trois matches de finales, ou en famille, pour profiter de l'amour des siens, mais le football de haut niveau n'est pas aujourd'hui un thème de discussion.
La priorité, c'est la famille
Son statut Whatsapp dit tout, d'ailleurs, de ses préoccupations actuelles. «Family First», peut-on y lire. Et pas la «grande famille« du football professionnel, celle qui a sans aucun doute refusé d'ouvrir la porte à un garçon qui lui aurait fait du bien tant ce milieu est aseptisé et manque de profils dans son genre: percutants, fonceurs, effrontés. Sonny Kok est unique et il le restera, loin du monde professionnel du football. Il mérite cependant de temps en temps un peu de lumière et que l'on se rappelle de lui et surtout de ce qu'il a fait. Sans lui, le SLO n'en serait pas là.
Équipe | J. | DB. | PT. | ||
|---|---|---|---|---|---|
1 |  FC Zurich | 14 | 7 | 26 | |
2 |  FC Bâle | 14 | 20 | 25 | |
3 |  FC Lugano | 14 | 6 | 25 | |
4 |  Servette FC | 14 | 2 | 25 | |
5 |  FC Lucerne | 14 | 4 | 22 | |
6 |  FC St-Gall | 14 | 6 | 20 | |
7 |  FC Lausanne-Sport | 14 | 2 | 20 | |
8 |  FC Sion | 14 | 0 | 17 | |
9 |  Young Boys | 14 | -5 | 16 | |
10 |  Yverdon Sport FC | 14 | -10 | 15 | |
11 |  FC Winterthour | 14 | -21 | 11 | |
12 |  Grasshopper Club Zurich | 14 | -11 | 9 |