A 28 ans, Varol Tasar vient de perdre une année de sa carrière. Sorti sur blessure le 24 février 2024 en début de match face à Bâle, alors qu'il effectuait un début de saison très convaincant (6 buts et 4 assists), l'ailier allemand d'Yverdon Sport a pris le diagnostic en plein visage: rupture du ligament croisé!
Après une longue rééducation, il a retenté le coup une première fois en 1re ligue, avec Yverdon II, le 9 novembre, mais n'a pas pu finir le match. Son retour en Super League a eu lieu contre Lucerne le 30 novembre, pour une demi-heure, mais il n'avait encore jamais redémarré une partie, ce qui a été fait face à Lausanne le week-end dernier (4-1). Pas encore au top, l'Allemand court encore après son premier but ou sa première passe décisive cette saison, mais il aspire à être le «joker secret» d'Yverdon Sport dans la course au maintien. Bonne nouvelle pour lui: Paolo Tramezzani semble vouloir instaurer un système avec des ailiers, ce qui devrait convenir aux profils de Marley Aké, de Mauro Rodrigues et au sien, bien sûr.
Alors que le FC Saint-Gall et son attaque de feu se déplacent à Yverdon ce dimanche (14h15), Varol Tasar a accepté de recevoir Blick au restaurant du Stade municipal le temps d'un café.
Tu as donc eu droit à ta première titularisation depuis ta blessure. Comment t'es-tu senti? Enfin utile de nouveau?
C'est vrai que ça fait une année bientôt... Déjà! Je me sens bien, je m'entraîne dur et j'arrive gentiment à 100%. J'en suis proche, mais je n'y suis pas encore.
Comment as-tu vécu cette période?
Au début, c'était très dur, surtout mentalement. J'étais sur une bonne série, j'avais bien commencé la saison, j'étais décisif. Heureusement, à la maison, j'ai mes enfants et ma femme, j'ai pu compter sur eux. Les dix premiers jours, c'était dur, mais après, je me suis concentré sur ma rééducation.
Comment as-tu vécu la fin de saison à distance?
J'ai adoré la manière dont l'équipe s'est maintenue. D'accord, il y a eu Kevin Carlos et ses 14 buts, pas de discussion. Mais la manière dont l'équipe a évolué, avec laquelle elle est allée chercher ce maintien, c'était top.
D'où te viennent tes qualités de dribbleur?
Je suis plus rapide que fort en dribble je dirais, pour être sincère. Mais ce que je peux te dire, c'est que j'ai beaucoup regardé des vidéos de Messi et d'Arjen Robben, je voulais leur ressembler. Alors, peut-être qu'il en est resté quelque chose (rires)!
Quand je te vois jouer, je vois un footballeur de rue, parfois. Tu es d'accord?
Après l'école, on allait direct sur la Bolzplatz (des terrains de foot très populaires en Allemagne, spécialement pensés dans chaque village pour les enfants) avec les copains. J'ai pratiqué ces terrains jusqu'à 16 ans. C'était comme ça et c'était top. C'était le football en toute liberté, avec les règles de la Bolzplatz! C'est clair que j'ai eu un parcours différent des autres pros. On jouait avec les copains depuis le début de l'après-midi jusqu'au soir.
Et ta vitesse? C'est génétique?
Mon père n'est pas du tout rapide, mon frère oui! J'ai peut-être pris cet atout de mon frère du coup.
Tu aurais pu faire de l'athlétisme?
Peut-être que ça aurait été mieux (rires)! Non, ça a toujours été le foot, et c'est comme ça que ça me plaît.
Jusqu'à 16 ans, tu jouais à la Bolzplatz et dans des clubs amateurs, tu l'as dit. C'est vrai que ton parcours est atypique, tu n'as pas fait de centre de formation, ce qui devient rare dans le football actuel...
C'était un peu plus cool pour moi. Mais attention: j'ai toujours voulu devenir professionnel. C'était mon rêve, mais aussi mon objectif. J'avais du plaisir à jouer au foot et c'est toujours resté. C'est une force, je pense.
Tu n'as jamais eu de proposition pour intégrer un grand club?
J'ai failli signer au FC Bâle, mais ça ne s'est pas fait. Je suis allé à Old Boys et c'était très bien, ce n'était pas une formation stricte et exigeante comme celle d'une académie, mais ces années ont été très importantes pour mon développement.
Donc tu es venu en Suisse pour le foot?
Oui, totalement! En fait, j'ai vécu en Allemagne jusqu'à mes 22 ans, quand j'ai signé à Aarau. Jusque-là, je prenais le train tous les jours pour venir à l'entraînement.
En fait, on l'oublie tout le temps, on pense que tu es Suisse!
Alors que ça ne fait que sept ans que je vis en Suisse (rires)!
C'est quand même particulier: tu es né dans un immense pays de foot et pour apprendre ce métier de footballeur, tu es venu en Suisse. C'est étrange, non?
En fait, le truc, c'est que j'habite à la frontière. Et les grands clubs allemands sont un peu loin. Stuttgart, c'est à deux heures de chez moi. Freiburg, une heure et demie. Bâle est bien plus près.
Ok, compris! Retour à Yverdon: une chose semble sûre, vous devrez vous battre jusqu'à la dernière minute du dernier match pour vous sauver cette saison. Quels sont les atouts d'YS dans ce combat?
Première chose, la plus importante: on a une bonne équipe, avec des super individualités. On a un nouvel entraîneur, très exigeant, qui nous motive et nous fait progresser chaque jour. Maintenant, ce dont on a besoin, c'est de grandir en tant qu'équipe. On a bien débuté en 2025, avec trois matches solides, on a bien manoeuvré en équipe. Après, on a eu ces deux matches très difficiles à Berne et à Lausanne. Tu as le droit de perdre à YB, mais à Lausanne, on aurait dû faire mieux.
D'accord, Yverdon a de bons joueurs. Mais comment on arrive à construire une unité lorsqu'il y a 17, 12 ou 6 transferts à chaque mercato?
On l'a toujours bien réussi. Pour deux raisons.
Lesquelles?
La première, indispensable, est que les nouveaux s'intègrent vite. Et pour y arriver, ils peuvent compter sur nos joueurs les plus expérimentés, je pense à Anthony Sauthier, William Le Pogam, Paul Bernardoni et d'autres. Ces gars-là parlent beaucoup dans le vestiaire, ils ont de l'influence. Il suffit de les écouter et tu t'intègres bien. Et si tu es bien dans le collectif, tu pourras être performant sur le terrain. Et ça marche! Regarde, Ronaldo Tavares a déjà marqué une fois, Cristian Nunez se bat énormément à mi-terrain alors qu'il ne parle ni anglais ni français, parce qu'il se sent bien ici alors qu'il vient d'arriver. Il se bat pour les autres, on le sent déjà. Ça te montre qu'on a une bonne alchimie dans l'équipe, ce qui est plus simple pour les autres joueurs. Donc les deux raisons pour lesquelles ça marche est que les nouveaux joueurs font l'effort, et que l'équipe leur rend la vie plus facile.
Et puis, bien sûr, il a le grand sujet de l'hiver: la signature d'Antonio Marchesano. La première fois que tu as entendu son nom associé à celui d'Yverdon, qu'as-tu pensé?
J'ai beaucoup joué contre lui, je connais ses qualités. Champion de Suisse, vainqueur de la Coupe, neuf ans à Zurich... La première chose à laquelle j'ai pensé que c'était peut-être une blague! Et puis, le lendemain, quand j'ai vu qu'il était réellement là, j'étais heureux, tout simplement. Il a de l'expérience, c'est un super type. Il va nous apporter énormément, c'est évident.
C'est aussi un bon signal pour le projet global d'Yverdon? Il y avait déjà des bons joueurs, bien sûr, mais le fait qu'YS, le plus petit club de Super League, aille chercher un joueur comme lui au FC Zurich, avec une indemnité de transfert, ça montre le changement de statut du club?
Exactement. Aujourd'hui, tout le monde est au courant qu'Yverdon peut aller chercher un bon joueur en Suisse. Pour un petit club comme le notre, c'est top. Mais ça ne vient pas de nulle part, on a montré déjà la saison dernière qu'on avait de la qualité et qu'on pouvait bien travailler ici.
Tu as été l'un des premiers à croire en ce projet américain, ici à Yverdon, vu que tu as été l'un des premiers renforts du club en Super League, tout simplement. Comment as-tu été convaincu?
J'étais dans une situation compliquée à Lucerne et j'ai reçu la proposition, tout simplement. Pour moi, la priorité était de rester en Super League, donc j'ai bien accueilli le coup de téléphone. Le premier contact, c'était avec Marco Degennaro. Puis, quand j'ai signé, c'était avec les Américains. Je ne te cache pas que j'étais un peu étonné, mais j'ai vite compris que ce qui se passait ici, c'était sérieux.
A quel point?
Ils ont presque tout changé très rapidement. Le vestiaire, le staff, les physios... Tout est bien plus professionnel qu'au début. Cela apporte de la confiance à tout le monde.
Sinon, la vie à Yverdon, ça te plaît?
Oui, tout va bien, merci. Je suis ici avec mes deux enfants, je suis tout le temps à la place de jeux (rires).
Ils parlent déjà bien le français après presque deux ans ici?
Non, non, ils sont petits. Le premier a deux ans, et la petite a cinq mois.
Ma dernière question: qui va être champion de Suisse?
Quelle est ta réponse?
Bâle, sans aucune hésitation.
Pour moi, ce sera YB. Ils reviennent fort et ils ont la meilleure équipe.
Équipe | J. | DB. | PT. | ||
---|---|---|---|---|---|
1 | Servette FC | 29 | 10 | 51 | |
2 | FC Bâle | 29 | 28 | 49 | |
3 | FC Lucerne | 29 | 8 | 47 | |
4 | Young Boys | 29 | 10 | 46 | |
5 | FC Lugano | 29 | 3 | 45 | |
6 | FC Zurich | 29 | 1 | 45 | |
7 | FC Lausanne-Sport | 29 | 5 | 40 | |
8 | FC St-Gall | 29 | 1 | 39 | |
9 | FC Sion | 29 | -6 | 35 | |
10 | Yverdon Sport FC | 29 | -16 | 32 | |
11 | Grasshopper Club Zurich | 29 | -12 | 27 | |
12 | FC Winterthour | 29 | -32 | 20 |