Stéphane Henchoz fait le point sur les dossiers chauds du Lausanne-Sport. Le directeur sportif du club vaudois n'a botté en touche aucune question ce jeudi, y compris sur le dossier Alvyn Sanches, le plus brûlant de tous.
Le bilan du premier tour
La situation: Lausanne est troisième à la trêve, et qualifié pour les quarts de la Coupe de Suisse, au terme d'une fin d'année exceptionnelle.
Ce qu'il en dit: La première chose, c'est qu'on est contents d'être là où on est. Le début de saison a été un peu compliqué, surtout en termes de résultats, mais à part à Sion, on n'est jamais passés à côté. Et puis, petit à petit, en faisant des points, l'équipe a repris confiance. Ce qu'il est important de souligner à mon avis, c'est que la philosophie de jeu était claire depuis le début, il n'y a pas eu de changement de cap. On a prouvé qu'on avait les moyens avec cette équipe-là de se battre pour le top 6, ce qui avait pu faire sourire certaines personnes en début de saison quand on l'a annoncé. Moi, je ne suis pas surpris, j'ai senti dès le début qu'on avait la qualité et la volonté d'être à ce niveau, dès la préparation. Après, troisièmes, oui, peut-être que je suis un peu surpris, mais le championnat est très serré, c'est la réalité.
L'évolution défensive
La situation: Douze buts encaissés en quatre matches! Le LS a pris l'eau en début de saison, avant de verrouiller sa défense. Depuis, Lausanne a concédé dix buts en quatorze rencontres. Une évolution spectaculaire.
Ce qu'il en dit: C'est vrai, les problèmes du début de saison étaient défensifs. On a trouvé la bonne balance dès le match à Zurich et, depuis, la seule équipe qui nous a marqué deux buts, c'est Lucerne chez eux. Depuis, on n'a jamais pris plus d'un but. On peut parler d'équilibre, on peut dire que depuis que Jamie Roche est sur le terrain l'équipe est stabilisée, mais je pense que l'explication principale, c'est la mentalité et la confiance. Ce qui me rend encore plus optimiste, c'est que plusieurs joueurs vont encore monter en puissance au printemps. Je pense à Koba Koindredi, Kevin Mouanga et Konrad De la Fuente qui sont tous arrivés tard ou ont eu du retard au démarrage. Ces trois-là seront encore plus forts l'année prochaine.
Le mot d'ordre du mercato
La situation: Une équipe qui gagne, c'est une équipe qui se met en valeur. Le Lausanne-Sport risque de subir des offensives pour plusieurs de ses joueurs, au-delà même du cas Alvyn Sanches. Antoine Bernede, par exemple, pourrait-il partir?
Ce qu'il en dit: Le mot d'ordre du mercato, c'est qu'on espère garder nos meilleurs joueurs. L'équipe est compétitive, les postes sont doublés et, ce qui est très appréciable pour un entraîneur, on a sur le banc, au coup d'envoi, des joueurs qui peuvent être titulaires. Donc, quand notre coach fait des changements, l'équipe ne perd pas en qualité. Aujourd'hui, on a un départ, c'est Simone Pafundi. Le message, c'est qu'on aimerait garder cette équipe jusqu'au mois de juin et qu'on ne ressent pas le besoin absolu de la renforcer. Par contre, il y a déjà de l'intérêt pour plusieurs joueurs, des prises d'information. Si l'un d'entre eux part, on sera amené à le remplacer et on anticipe. On a déjà des pistes, qu'on activera en cas de besoin. Mais, je le redis, l'envie, c'est de conserver cette équipe intacte jusqu'au mois de juin et de voir ce qu'elle est capable de faire.
Lausanne peut-il convaincre Alvyn Sanches de rester?
La situation: Sous contrat jusqu'en 2026, Alvyn Sanches est extrêmement convoité. Mais, dans une interview accordée à SkySport, le joyau du LS a exprimé son souhait de rester à Lausanne cet hiver pour grandir encore. Mais que se passera-t-il si une offre impossible à refuser, tant pour le joueur que pour le club, arrive sur la table?
Ce qu'il en dit: Alvyn, un jour, il va partir dans un plus grand club, dans un plus grand championnat. Tout le monde est d'accord là-dessus. Mais aujourd'hui, on a envie de tout faire pour le garder et par «tout faire», j'entends: le convaincre que le projet sportif du Lausanne-Sport est le meilleur pour lui dans les prochains mois. Ensuite, il pourra partir à l'étranger. Je pense pas que son avenir soit dans un autre club suisse, parce qu'aujourd'hui, il est suffisamment aguerri pour partir à l'étranger. Il a franchi ce step-là, celui de la confirmation en Super League, il joue pour une équipe qui se bat pour le top 6, il n'a pas besoin de faire un palier intermédiaire. Et puis, la valeur marchande qu'il avait en juin dernier n'est plus la même et n'est sans doute plus abordable pour des clubs suisses. A l'été, on parlait de sommes comprises entre quatre et six millions de francs, mais aujourd'hui, on est bien au-dessus. Ce qu'il a montré sur les deux derniers mois a éveillé beaucoup d'intérêt, et ce n'est pas uniquement ses qualités avec le ballon qui plaisent, mais aussi son travail défensif, sa mentalité. Les recruteurs l'ont bien remarqué, je vous le garantis. Aujourd'hui, je suis optimiste sur le fait qu'Alvyn ait envie de rester. J'ai lu son interview à Sky, les signaux sont positifs. Mais le mercato n'a même pas encore commencé... De très bons clubs européens sont venus aux renseignements, on a donné nos conditions, mais c'est à lui de décider s'il veut partir ou non. Grâce à notre propriétaire, on n'a pas le couteau sous la gorge, on ne doit pas vendre Alvyn cet hiver à tout prix. S'il a envie de partir, et que l'offre est juste, alors nous discuterons. Mais je le redis: le Lausanne-Sport a envie qu'Alvyn reste pour le deuxième tour. Plusieurs clubs se sont renseignés concernant un achat cet hiver, avec un prêt dans la foulée au Lausanne-Sport. C'est une option que l'on peut étudier.
L'objectif pour le deuxième tour
La situation: En début de saison, tout était clair: une place dans le top 6 était l'objectif avoué. Mais la troisième place à Noël, à un point du leader, donne-t-elle envie de viser autre chose?
Ce qu'il en dit: Je ne suis pas un rêveur, je suis réaliste. L'objectif reste le top 6 après 33 journées. Aujourd'hui, pour moi, il y a quatre places réservées, intouchables: Lugano, Bâle, YB et Servette ont leur place assurée. Ensuite, entre Zurich, Lausanne, Saint-Gall, Lucerne et Sion, on va se battre pour deux places. Ce sera plus dur pour les trois derniers, je pense. Bien sûr qu'on est ambitieux, mais on sait aussi qu'avec deux défaites de suite, on est septièmes, tant le championnat est serré. Bien sûr qu'on est sur une très bonne dynamique et on n'a pas envie que ça change, mais il y a trois choses à prendre en compte. La première, c'est la pause, il faudra relancer et repartir du même pied. Ensuite, il y a le mercato, dont on devra mesurer les effets en février. Et puis, la troisième chose, c'est la maturité de l'équipe. On a franchi un palier, c'est indéniable, par rapport au début de saison. Je prends la première journée: on fait un bon match contre Bâle et six jours après, pas six mois après, on subit un naufrage à Sion, avec les mêmes joueurs sur le terrain. Si on arrive à être plus matures, on aura une chance de faire quelque chose de bien au printemps.
Son rôle de directeur sportif
La situation: après avoir été joueur, puis entraîneur-adjoint, entraîneur et enfin recruteur pour l'Olympique Lyonnais, sans parler de ses fonctions de consultant pour blueSport, Stéphane Henchoz découvre depuis cet été le métier de directeur sportif.
Ce qu'il en dit: Je dois dire que ça me plaît! L'avantage, avec mon expérience, c'est que je sais ce dont un staff ou l'entraîneur a besoin et que je peux me mettre à sa place. On a changé quelques petites choses dans le staff, d'ailleurs, parce que je voulais qu'il soit un peu plus pointu sur certains aspects. Je peux avoir cette influence-là. Une partie de mon travail, c'est le recrutement, et sur ce point, ça se rapproche de ce que je faisais avec Lyon, même si les «targets» ne sont pas les mêmes et que les championnats que je visionne ne sont pas du même standing. Mais le travail, foncièrement, est le même. Après, il y a l'aspect d'épauler Ludo au quotidien et, parfois, de parler aux joueurs. Pas forcément sur l'aspect technique, ce n'est pas ma place, même si je peux être amené à le faire de manière très sporadique, sur un conseil bien précis, mais vraiment, ce n'est pas là où j'interviens. Je suis au stade tous les jours, je vois une bonne partie des entraînements, j'ai une bonne idée du déroulement de la semaine, de l'état de forme. Si je parle aux joueurs, c'est qu'il y a besoin de le faire et c'est en concertation avec Ludo. C'est bien qu'ils n'entendent pas toujours la même voix. Quand le timing est juste, je le fais.
Son coup de gueule avant YB-LS
La situation: Lausanne a bien débuté la saison avec une victoire convaincante contre Bâle, avant de sombrer à Sion. Si le LS avait perdu à YB lors de la cinquième journée, il aurait été dernier. Stéphane Henchoz a placé les joueurs devant leurs responsabilités avant le match, avec un coup de gueule qui a eu de l'effet.
Ce qu'il en dit: Si on l'avait perdu, on était derniers, ce qui est très loin de l'objectif de départ. Donc oui, j'ai parlé fort, décrit la réalité. On a senti, ensemble, que c'était le bon moment pour essayer de faire prendre conscience aux joueurs qu'ils avaient une certaine responsabilité. En jouant à Lausanne, vous avez la chance de vivre dans une belle ville, dans un pays tranquille. Vous n'avez pas 60'000 fans qui vous attendent à la sortie pour vous mettre la pression. Vous avez des médias qui sont là, mais disons que la pression n'est pas extrême. Vous avez un salaire qui, grâce au propriétaire, tombe systématiquement le 25 du mois, à l'heure. Ce n'est vraiment pas le cas dans tous les pays du monde, la Suisse faisant partie des quatre ou cinq dont c'est le cas en Europe. Donc, c'est humain, on a vite fait de tomber dans une zone de confort. Il n'y a rien qui pousse vraiment un joueur, à part lui-même, à aller chercher ce niveau d'exigence. Parfois, il faut le rappeler et c'est un rôle que je peux jouer en épaulant Ludo. Lui, il a cette culture de la gagne, cette recherche constante du haut niveau. Tous les joueurs ne l'ont pas, ou pas encore à fond. On l'a vu avec les sanctions que nous avons dû infliger à certains. Ce n'était pas forcément très grave, mais il faut élever le niveau de rigueur et de discipline. Et on le voit sur le terrain, ça a un impact. On a vu des comportements qui ont changé, des défenseurs qui bloquent des ballons, des attaquants qui défendent... Je pense au tacle de Noë Dussenne contre Sion, un beau symbole, mais aussi à la hargne d'Alvyn Sanches à Lugano. Il a marqué un but magnifique, on mène au score, c'est bientôt les vacances... Il aurait pu lever le pied. Mais non, il a défendu, il a fait des efforts. C'est ça, la culture de la gagne. Et c'est en la faisant grandir qu'on va amener le Lausanne-Sport là où on aimerait.
Équipe | J. | DB. | PT. | ||
---|---|---|---|---|---|
1 | FC Lugano | 19 | 6 | 32 | |
2 | FC Bâle | 19 | 21 | 31 | |
3 | FC Lausanne-Sport | 19 | 9 | 31 | |
4 | FC Lucerne | 19 | 3 | 30 | |
5 | Servette FC | 19 | 2 | 30 | |
6 | FC Zurich | 19 | 0 | 30 | |
7 | FC St-Gall | 19 | 6 | 26 | |
8 | FC Sion | 19 | 3 | 26 | |
9 | Young Boys | 19 | -4 | 24 | |
10 | Grasshopper Club Zurich | 19 | -9 | 18 | |
11 | Yverdon Sport FC | 19 | -13 | 17 | |
12 | FC Winterthour | 19 | -24 | 14 |