Le titre de retour à Genève?
Cinq bonnes raisons de croire en ce Servette FC

Deux points d'avance! Le Servette FC a pris seul la tête de Super League, sans être flamboyant dans le jeu, mais avec de vrais arguments pour conserver cette place de leader jusqu'au dernier jour du mois de mai.
Publié: 11.03.2025 à 10:39 heures
Dereck Kutesa et Steve Rouiller sont leaders de Super League après 27 journées.
Photo: Pascal Muller/freshfocus
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Tim GuilleminResponsable du pôle Sport

Le Servette FC peut-il être champion? La question est légitime en étant leader après 27 journées, même si le FC Bâle reste le favori logique au vu de la richesse de son effectif. Il n'empêche: le SFC est là, et bien là, fort de ses cinq victoires consécutives et de son statut d'invincible. Les Grenat n'ont tout simplement pas perdu en 2025! Alors, quelles sont les cinq raisons principales de croire au premier titre de champion d'un club romand depuis 1999, année lors de laquelle le SFC, déjà, a soulevé le plus prestigieux trophée du football suisse pour la dernière fois?

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Un état d'esprit et une cohésion sans équivalent

Jérémy Frick et Joël Mall: deux vrais concurrents, mais pas de vagues en public.
Photo: SALVATORE DI NOLFI

Servette fait la différence avec absolument tous les clubs de Super League sur ce plan. Personne n'a un vestiaire aussi sain et aussi soudé que celui des Grenat. S'il y a quelques accroches, elles ne sortent jamais de l'intimité et le grand public n'en sait rien. Mieux: lorsqu'un membre est attaqué, la meute fait face, y compris contre ses propres supporters, comme le cas Jérémy Guillemenot l'a prouvé. 

Même les situations les plus potentiellement explosives sont parfaitement gérées, comme dans le cas des deux gardiens de même niveau et de même profil, à quelques nuances près, que sont Jérémy Frick et Joël Mall. Le capitaine, pur Genevois, en concurrence avec un gardien aussi âgé que lui, et pas dix fois meilleur, voilà qui aurait pu briser un vestiaire. Or, il n'en a rien été. S'i les deux hommes sont certainement passés par des phases logiques de frustration, surtout Jérémy Frick, aucun mot n'est sorti dans la presse, sur les réseaux sociaux ou via un agent trop bavard. Au contraire, les deux hommes ont soulevé la Coupe de Suisse ensemble! La réaction de Jérémy Frick au moment de sa sortie à la 117e dit d'ailleurs tout de la classe de cet homme. 

Même les épisodes houleux de négociations de contrat en coulisses font des vagues entre joueurs et dirigeants, comme avec Dereck Kutesa, mais pas au sein du groupe. Servette a une colonne vertébrale soudée et qui se connaît par coeur, avec Steve Rouiller, Yoan Séverin, Timothé Cognat, Miroslav Stevanovic, Dereck Kutesa et Enzo Crivelli. Ces joueurs se trouvent les yeux fermés et les schémas de passe ne sont même plus appris par coeur: ils sont implantés sous la peau. Une-deux Cognat-Kutesa sur le côté gauche, petit ballon vers Séverin, transmission à Rouiller, transversale sur Stevanovic, centre en retrait pour Crivelli, 1-0. Avouez, cette action, vous la visualisez comme si elle avait eu lieu.

2

Une défense qui peut jouer les yeux fermés

Steve Rouiller, le MVP du championnat en cas de victoire de Servette? Et pourquoi pas?
Photo: freshfocus

Déjà, n'ayons pas peur des mots: le Servette FC a la chance de posséder dans ses rangs le meilleur défenseur central du championnat en la personne de Steve Rouiller. Le Valaisan de 34 ans est d'ailleurs bien plus qu'un pilier défensif, lui qui n'hésite jamais à marquer un but décisif, et qui assume ses responsabilités semaine après semaine avec une constance admirable. 

Servette s'est construit une ligne de quatre immuable avec Keigo Tsunemoto et Bradley Mazikou en titulaires indiscutables sur les côtés. Sans être des génies du ballon, ces deux joueurs sont suffisamment fiables et réguliers, même si certaines absences défensives du deuxième nommé peuvent être préjudiciables, pour que Servette puisse envisager de gagner le championnat avec eux. 

Enfin, la blessure de Yoan Séverin a été un coup dur, et a fait perdre des points au Servette FC en tout début d'année 2025, mais Kasim Adams, après une adaptation très compliquée symbolisée par sa première mi-temps atroce à Tourbillon, a élevé le niveau. Le Ghanéen retournera cependant sans doute très vite sur le banc et Servette retrouvera sa défense-type. Un gage de constance et de fiabilité.

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L'expérience acquise l'an dernier

Servette gagne même en jouant mal. Un signe?
Photo: Pascal Muller/freshfocus

Gagner un championnat est un processus qui se construit petit à petit, sans brûler les étapes. Tous les clubs du monde, mis à part Leicester, sont passés par le même schéma: s'approcher du Graal, le frôler, le laisser s'échapper. Essayer encore. Rater encore. Et puis y parvenir. De ce point de vue, Lugano semble ainsi mûr pour décrocher le titre de champion, mais le Servette FC l'est tout autant. 

Les Grenat ont fait partie du sprint final jusqu'au mois de mars de la saison dernière, avant de craquer et de laisser YB s'échapper, mais ils ont relevé la tête pour aller chercher la Coupe, leur premier trophée depuis 23 ans. Mentalement, les cadres du SFC ont franchi un palier, ils savent les erreurs à ne pas commettre dans le tour final et surtout comment faire pour garder la constance nécessaire et s'éviter des défaites à domicile contre Stade-Lausanne-Ouchy, par exemple. 

La preuve? Face à Winterthour, dans un match bien mal embarqué qui ressemblait à ce fameux duel face au SLO, ils ont renversé la partie avec caractère. Tout comme au Letzigrund face à GC, d'ailleurs. C'est nouveau: Servette sait désormais gagner en jouant mal et Thomas Häberli n'a d'ailleurs aucune peine à accepter ce constat. Un signe?

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Des joueurs offensifs qui peuvent faire la différence

Enzo Crivelli et Miroslav Stevanovic, une associaton qui fonctionne.
Photo: keystone-sda.ch

Un championnat se gagne avec la défense, c'est entendu, mais avoir des joueurs capables de faire la différence est un luxe que peu d'équipes en Super League ont. Xherdan Shaqiri peut débloquer un match, il le fait d'ailleurs très souvent, et Chris Bedia peut marquer à tout moment. Mais sinon? Renato Steffen, d'accord. Steven Zuber, admettons. Alvyn Sanches de temps en temps, c'est vrai.

Mais à Servette plus que partout ailleurs, le danger est protéiforme et, lorsque Dereck Kutesa est discret, comme dimanche dernier à Zurich, Miroslav Stevanovic fait la différence. Enzo Crivelli n'est pas un buteur en série, mais son travail de l'ombre est indispensable. Arrivé cet hiver, Alioune Ndoye a déjà prouvé à deux reprises qu'il pouvait plier une partie en entrant en jeu (Winterthour, FCZ) et Alexis Antunes est toujours capable d'une fulgurance. 

Enfin, l'apport offensif de Timothé Cognat est incontournable. Dans les moments-clés, ces hommes-là peuvent faire la différence. Comme Steve Rouiller sur coup de pied arrêté, d'ailleurs. Servette, même lorsqu'il est moins en maîtrise, peut ainsi toujours compter sur le talent individuel de ses joueurs et cette certitude-là est précieuse.

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Enfin un peu de profondeur et de jeunesse

Keyan Varela et Alioune Ndoye apportent de la profondeur, de l'énergie et de la jeunesse.
Photo: keystone-sda.ch

C'est peut-être le point le plus étonnant ou, en tout cas, le plus inattendu: la série de cinq victoires consécutives du Servette FC s'est construite en partie sur la jeunesse et le renouvellement de l'effectif et, sur ce point, il faut apporter du crédit à Thomas Häberli et René Weiler. 

Keyan Varela a débuté à Lausanne et à Zurich et, sans être transcendant, il a apporté de l'énergie et du dynamisme, en plus de provoquer le penalty victorieux à la Tuilière. Théo Magnin a retrouvé du temps de jeu à mi-terrain, tandis que Tiemoko Ouattara entre désormais régulièrement, et pas seulement dès la 88e. Du vrai sang neuf, longtemps réclamé ou espéré, mais désormais une réalité pleine, concrète et tangible.

«Ils sont encore jeunes, ils ont besoin de temps», tempérait Thomas Häberli après le succès au Letzigrund, dans le but évident de protéger ses jeunes joueurs. Il n'empêche: il leur fait de plus en plus confiance, conscient que ses cadres ne sont pas éternels et qu'un peu d'énergie fait du bien sur le plan offensif. En une phrase: préparer demain tout en faisant du bien aujourd'hui. Si Jérémy Guillemenot était en confiance et Julian von Moos et David Douline opérationnels, sans doute que le discours serait différent et le temps de jeu de ces jeunes joueurs un peu moindres, mais au vu de la dynamique actuelle, les choix de Thomas Häberli sont intéressants et ils servent, en plus, à préparer l'avenir.

Enfin, René Weiler n'a pas frappé fort sur le marché des transferts cet hiver, mais lui aussi a décidé de faire confiance à la jeunesse et le SFC peut désormais compter sur Alioune Ndoye et Joseph Nonge. Deux arrivées qui n'ont pas fait les gros titres, mais qui apportent enfin un peu de profondeur à un effectif qui en manquait en début de saison et en fin d'année dernière.

Credit Suisse Super League 24/25
Équipe
J.
DB.
PT.
1
Servette FC
Servette FC
27
9
48
2
FC Bâle
FC Bâle
27
27
46
3
FC Lucerne
FC Lucerne
27
6
44
4
FC Lugano
FC Lugano
27
4
42
5
Young Boys
Young Boys
27
8
40
6
FC St-Gall
FC St-Gall
27
4
39
7
FC Zurich
FC Zurich
27
-1
39
8
FC Lausanne-Sport
FC Lausanne-Sport
27
6
37
9
FC Sion
FC Sion
27
-6
33
10
Yverdon Sport FC
Yverdon Sport FC
27
-17
28
11
Grasshopper Club Zurich
Grasshopper Club Zurich
27
-11
26
12
FC Winterthour
FC Winterthour
27
-29
20
Tour final
Tour de relégation
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