Jeffrey Saunders l'avait promis dès son arrivée à Yverdon Sport et il tient parole: l'Américain se présente régulièrement face aux médias pour «faire le point sans tabou» et Blick a pu le confronter cette semaine aux thèmes du moment au sein du club nord-vaudois. Les réponses du nouveau «président du football» d'YS.
La nouvelle organisation
Les faits: Depuis quelques jours à peine, Jeffrey Saunders est le «président du football» d'Yverdon Sport, avec un vice-président nommé Nicola Bignotti (ex-Chiasso), tandis que le propriétaire majoritaire Jamie Welch a pris «son poste» de président, secondé par Meldin Sinanovic, vice-président. Nicolas Cherbuin, qui a rejoint le club en septembre, a été désigné directeur commercial et marketing. Le poste de «directeur général» qu'occupait Marco Degennaro n'a donc pas été remplacé.
Ce qu'en dit Jeffrey Saunders: Ce changement nous permet de grandir et de nous structurer encore plus. Notre propriétaire majoritaire, Jamie Welch, vit désormais en Suisse, il est plus proche du club au quotidien et c'est logique qu'il prenne cette fonction. Ce qui me permet de me recentrer sur ce qui est mon domaine de compétence, le football. Nous sommes passés par une phase d'observation du football suisse, avec le maintien en Super League. Nous avons fait notre apprentissage en quelque sorte, nous avons vu comment ça fonctionnait ici, nous avons vu que cette ligue était très compétitive. Et maintenant, on a bien séparé les tâches, chacun a son domaine bien défini et on espère bien grandir au niveau commercial avec Nicolas Cherbuin, qui amène toute sa compétence. C'est très important.
La philosophie du club
Les faits: Lorsqu'Yverdon Sport a atteint la Super League dans son histoire, c'est toujours parce qu'il a été soutenu par un mécène qui donnait de son temps et de son argent pour que ce soit le cas. François Candaux a fait monter YS pour la première fois en 1993 avec Bernard Challandes, Paul-André Cornu en a fait de même deux fois en 1999 et en 2004 avec Lucien Favre et Radu Nunweiler. Et Mario Di Pietrantonio l'a réussi en dernier en 2023 avant de passer la main aux Américans Jamie Welch et Jeffrey Saunders. Yverdon, petit marché économique coincé entre Neuchâtel et Lausanne, ne peut pas tenir seul. Alors, comment faire pour que le club soit viable économiquement et sportivement?
Ce qu'en dit Jeffrey Saunders: C'est vrai, Yverdon est un petit marché. Nous avons peu de ressources ici et le constat est implacable: depuis que nous sommes arrivés, les actionnaires ont dû mettre de l'argent de leur poche. Nous avons beaucoup investi, que ce soit pour les joueurs, mais aussi pour les infrastructures et les structures. Nous avons sorti plus d'un million de francs cet été pour la nouvelle tribune, l'écran géant, la sécurité dans le secteur visiteurs... Le but, c'est d'arriver à l'auto-suffisance. Il y a beaucoup de travail, mais nous avons une devise, que je vous partage volontiers: «Créer de la valeur plutôt que d'en acheter». C'est ainsi, nous l'espérons, que notre modèle pourra fonctionner et être viable. Ce que nous avons réussi avec Kevin Carlos, nous pouvons le refaire. Et nous voulons, en parallèle, augmenter la valeur commerciale de notre club, trouver encore plus de partenaires, pour être moins dépendants de l'apport de nos actionnaires.
Le projet dans sa globalité
Les faits: Yverdon garde secrète la somme payée par le FC Bâle pour Kevin Carlos. Filippo Giovagnoli, le directeur sportif, a confié à Blick qu'YS aurait pu obtenir plus pour le buteur, mais que celui-ci avait choisi d'aller à Bâle. Un chiffre se situant quelque part entre deux et trois millions de francs est sans doute la réalité. Yverdon peut-il refaire pareil coup, tout en assurant le maintien? Quelle est la priorité entre les deux?
Ce qu'en dit Jeffrey Saunders: Cet été, en quelque sorte, nous sommes passés à la partie B de notre projet. La première année, nous avons obtenu le maintien avec des joueurs expérimentés, si je schématise un peu. Cette année, nous avons passablement rajeuni l'effectif, qui a une moyenne d'âge de 23 ans. Nous voulons obtenir le maintien, tout en aidant nos jeunes à se développer. Et donc à prendre de la valeur. Nous avons chacun un rôle bien défini dans le club. Je suis le président du football, ce qui englobe la première équipe, la deuxième équipe, l'Academy et les féminines. Nous avons un directeur sportif et nous avons un entraîneur, dont le travail est de faire des choix en fonction de nos joueurs, de l'adversaire que l'on affronte, etc... Nous parlons ensemble, nous voulons faire avancer Yverdon Sport ensemble.
Le début de saison d'Yverdon Sport
Les faits: Yverdon Sport reste sur trois bons résultats (victoires face à Saint-Gall et Lugano, nul à Sion) après un début de championnat plus compliqué. L'équipe d'Alessandro Mangiarratti est toujours en course en Coupe de Suisse, après avoir affronté deux adversaires très abordables. Mais, mis à part en Coupe, elle n'a plus gagné à l'extérieur depuis le mois d'août... 2023!
Ce qu'en dit Jeffrey Saunders: La défaite à Lausanne a été un moment difficile, mais elle a été un tournant positif. L'équipe a pris conscience de certaines choses ce jour-là. Et je dois dire que le début de championnat a été marqué par de nombreuses absences pour cause de blessures, qui nous ont fait mal. C'était très difficile à gérer, mais aujourd'hui, la situation est revenue à la normale de ce point de vue et je suis très content de l'effectif que l'on a construit. Chaque joueur a un rôle bien défini, l'équilibre du groupe est bon. Et je suis très content du travail du staff, Alessandro Mangiarratti en tête. Il a tout notre soutien et notre confiance, tout comme l'entier des joueurs. Nous avons acquis plusieurs résultats mémorables contre des grandes équipes de Super League et voulons continuer ainsi. A l'extérieur, nous n'avons pas les mêmes résultats qu'à domicile et cela nous interpelle, bien sûr. Ce samedi, nous avons un gros match à Lucerne et nous nous réjouissons de nous battre avec eux sur leur terrain! Voyons ce qui se passe aujourd'hui...
Les relations avec la «communauté»
Les faits: Jeffrey Saunders a utilisé cette expression de «communauté» dès sa toute première conférence de presse. Or, cette fameuse «communauté» a été quelque peu chagrinée d'apprendre, cet été, que le club n'avait pas payé certains fournisseurs, pour des petits montants au vu des investissements globaux. Quel est le regard de celui qui était encore président à ce moment-là? Et, plus globalement, comment juge-t-il l'évolution des relations avec la Ville et l'environnement? Les Américains se sentent-ils toujours bien à Yverdon, quinze mois après leur arrivée?
Ce qu'en dit Jeffrey Saunders: Je vais commencer par la fin: oui, nous sommes très heureux à Yverdon. Et nous le prouvons en investissant. Nous voulons grandir et nous en voulons plus: plus de monde au stade, plus de soutien, plus de relations, plus de business, plus de marketing... Nous avons besoin de la Ville, car nous voulons encore améliorer le stade, comme nous l'avons déjà dit. Pour ce qui concerne la première partie de votre question, oui, cela m'a dérangé dès que je l'ai appris. Nous avons régularisé la situation au plus vite et aujourd'hui, je peux affirmer que cela n'arrivera plus. Ce n'est pas bon pour l'image et je suis d'accord avec votre constat: on ne peut pas investir un million de francs d'un côté et ne pas payer une facture à 1000 francs de l'autre. Avec les nouvelles structures mises en place, nous nous éviterons ces désagréments mauvais pour l'image.
La collaboration avec Team Vaud
Les faits: Le Lausanne-Sport détient le seul label ASF pour le canton de Vaud et Yverdon, pour l'heure, est obligé de s'associer avec le club de la capitale pour avoir le droit de jouer en Super League. En parallèle, YS a lancé son «Academy» et a une deuxième équipe en 1re ligue, appelée les «M21» à l'interne, une appellation officiellement réservée à Team Vaud. Yverdon Sport, à terme, aimerait-il sortir de Team Vaud, une opération pour l'heure impossible à mettre en oeuvre sans modification des réglements?
Ce qu'en dit Jeffrey Saunders: Ce sont des réflexions que l'on mène. Je ne parle pas de «sortir de Team Vaud», ça c'est votre expression. Je dis qu'il faut réfléchir à ce modèle, essayer de le faire évoluer. Nous voulons tous le bien du football suisse et de ses clubs. Nous avons analysé ce modèle, Team Vaud, nous avons vu ce qu'il produisait. Nous disons simplement qu'il y a moyen de le faire évoluer. Donc, oui, c'est un sujet de discussion pour nous. En ce qui nous concerne, notre deuxième équipe a désormais une moyenne d'âge de 18,4 ans, contre plus de 21 ans l'année dernière. C'est là où on veut aller. Cette équipe devient de plus en plus un réservoir pour notre première équipe, on renforce les liens avec elle. Et je dois dire que je suis très satisfait de notre Academy, menée par un ancien joueur emblématique du club, Mustafa Sejmenovic, et par Modou Boye.
L'équipe féminine
Les faits: Reléguée en LNB à l'été 2023, c'est à dire exactement quand les propriétaires américains sont arrivés au club, l'équipe féminine n'est pas encore remontée en LNA. Sera-ce le cas cette année pour le club romand le plus performant historiquement? Ce serait un joli symbole, juste avant l'Euro 2025.
Ce qu'en dit Jeffrey Saunders: Pour l'instant, tout va bien, elles sont en tête. Cette équipe est importante pour nous et nous voulons l'aider à se développer. L'objectif, bien sûr, c'est d'arriver en play-off et de les aborder du mieux possible. Après, les play-off ont leur propre histoire, ce n'est pas simple. Ne leur mettons pas de pression, mais soutenons-les. C'est comme ça que je vois les choses.
L'adaptation difficile de Mitchy Ntelo
Les faits: L'attaquant belge de 23 ans a été débauché au Lokomotiv Plovdiv contre plusieurs centaines de milliers d'euros, mais le fait est qu'il n'a pas encore marqué en Super League. Sa seule réussite, le Diable Rouge l'a inscrite en Coupe de Suisse à Emmen (2e ligue inter) et Alessandro Mangiarratti le garde pour l'heure bien au chaud à côté de lui sur le banc de touche. Y a-t-il lieu de s'inquiéter?
Ce qu'en dit Jeffrey Saunders: Non! Et je vais vous dire pourquoi: il y a une année, vous disiez exactement la même chose au sujet de Kevin Carlos. Au début, il ne jouait pas trop, rappelez-vous. Il y avait Aimen Mahious et la question était plutôt de savoir qui devait être titulaire entre les deux. Nous avons beaucoup aidé Kevin à se développer individuellement grâce à nos programmes d'entraînement et il a explosé. Nous croyons beaucoup en Mitchy et il en est au même stade. Laissez-lui le temps! Est-ce que ce sera trois mois, six mois, je n'en sais rien, mais il travaille bien et, à Yverdon, il a le temps de grandir. On en revient à notre modèle et à notre philosophie: créer les conditions, à Yverdon Sport, pour que ces joueurs se sentent bien chez nous et grandissent. Nous voulons créer de la valeur, pas en acheter.
Équipe | J. | DB. | PT. | ||
---|---|---|---|---|---|
1 | FC Lugano | 18 | 6 | 31 | |
2 | FC Bâle | 18 | 21 | 30 | |
3 | FC Lausanne-Sport | 18 | 9 | 30 | |
4 | FC Lucerne | 18 | 3 | 29 | |
5 | Servette FC | 18 | 2 | 29 | |
6 | FC Zurich | 18 | -1 | 27 | |
7 | FC Sion | 18 | 4 | 26 | |
8 | FC St-Gall | 18 | 6 | 25 | |
9 | Young Boys | 18 | -4 | 23 | |
10 | Yverdon Sport FC | 18 | -12 | 17 | |
11 | Grasshopper Club Zurich | 18 | -10 | 15 | |
12 | FC Winterthour | 18 | -24 | 13 |