«Les joueurs que j'admirais quand j'étais petit? Ronaldinho et Thiago Alcantara. Neymar aussi.» Telle a été la réponse d'Anton Miranchuk ce jeudi à Riddes et tant pis pour les amoureux du football russe, qui espéraient une réponse plus romantique, du style Aleksandr Mostovoï, Dimitri Alenitchev ou Andreï Arshavine. Anton Miranchuk est un garçon né voilà 28 ans, et le football était déjà largement mondialisé lorsqu'il était adolescent dans les années 2000. Il s'exprime d'ailleurs dans un anglais parfait, appris plus en écoutant des chansons qu'en le pratiquant à l'école, de son propre aveu.
De romantisme, il a de toute façon très peu été question lors de la présentation officielle du milieu de terrain russe. Barthélémy Constantin a bien tenté de mettre un peu de poésie en parlant des qualités techniques de ce garçon, lequel est un vrai numéro 10, là où le directeur sportif du FC Sion veut le voir rayonner, mais peut également jouer en milieu relayeur ou sur un côté. Anton Miranchuk, c'est un fait, touche bien le ballon, mais il n'a pas voulu trop en dire, ce jeudi. Pas vantard, ni arrogant en apparence, l'international russe n'a surtout pas voulu donner l'impression d'arriver en star dans le championnat de Suisse.
L'Ajax, Feyenoord, Séville? Pas de commentaire
«Mais c'est vrai que je n'ai jamais pensé jouer ici», répond-il dans un sourire, sans en faire trop. Il le sait: ses qualités auraient pu, auraient dû, l'emmener ailleurs qu'au FC Sion. Mais il l'assure: il a été très bien accueilli et il ne pouvait pas imaginer de meilleurs débuts. «Le pays est magnifique, la ville est très jolie. Je me sens déjà bien», a-t-il lâché, refusant de commenter les approches de l'Ajax, de Feyenoord et de Séville. Rumeurs ou propositions concrètes? «Je ne vais rien dire à ce sujet. Je suis à Sion, c'est tout ce qui compte.»
Barthélémy Constantin joue cartes sur table. «C'est un joueur que l'on connaissait bien sûr de réputation et quand il y a eu les premiers contacts, au début du mercato, on pensait que c'était impossible de le faire venir. Les clubs moscovites de premier plan comme le Lokomotiv, le CSKA ou le Spartak, mais aussi le Zénit Saint-Pétersbourg, sont des clubs qui sont de niveau Champions League ou Europa League. Les joueurs y gagnent bien leur vie et sont inatteignables pour nous. Mais les circonstances ont fait que la venue d'Anton chez nous a été possible.» Les circonstances? «Sans la guerre, il ne serait pas chez nous. Il faut dire la vérité et c'est celle-là.», répond sincèrement Barthélémy Constantin.
«Nous avons engagé un joueur, pas un espion»
Le FC Sion s'est-il posé la question de l'éthique? «Certains clubs ne veulent pas traiter avec la Russie, c'est un fait. Nous avons étudié la situation dans sa globalité. Je souligne qu'Anton était libre, nous n'avons pas versé une somme de transfert à un club russe. Et nous avons engagé un joueur de foot qui vient pour faire son travail, pas un espion! Anton est un garçon avec des valeurs. Nous avons étudié son caractère, sa personnalité. Il est complètement neutre, il n'y a aucun problème.»
Assis à côté de son nouveau directeur sportif, Anton Miranchuk l'écoute sans le comprendre. Lorsque les propos de Barthélémy Constantin lui sont traduits, et que son opinion est sollicitée sur sa «neutralité», il répond sobrement: «No politics.»
Le FC Sion assume donc complètement d'avoir engagé un international russe et, même, ne craint pas de dire que sans la guerre en Ukraine, un joueur de ce calibre ne serait pas à Sion, ni même dans le championnat de Suisse sans doute. Ce championnat, justement, comment Anton Miranchuk le perçoit-il? «Je n'en sais rien. Je viens tout juste d'arriver. Je ne peux pas jauger le niveau. Laissez-moi quelques matches», demande-t-il.
Il doit encore travailler physiquement
Son talent ne se verra pas tout de suite sur le terrain, puisque Didier Tholot ne l'a pas convoqué pour le match de Coupe de Suisse de ce vendredi sur le terrain d'YF Juventus (1re ligue). Comme l'autre nouveau venu, Mohcine Bouriga, le Russe travaillera avec le préparateur physique Stéphane Troillet vendredi matin. «Il a besoin de monter en puissance. Il se prépare seul depuis deux mois», souligne l'entraîneur du FC Sion, qui ne s'avance pas sur le temps qu'il faudra à ses nouvelles recrues pour intégrer l'effectif amené à disputer des matches officiels.
«Après le match de Coupe, on aura neuf jours, puisqu'on joue le dimanche suivant en Super League. Cela permettra d'y voir plus clair. Mais on a une logique et on s'y tient», emchaîne Didier Tholot. Pas question de brûler les étapes: Mohcine Bouriga et Anton Miranchuk intégreront l'équipe quand ils seront prêts, pas avant. «Ils vont avoir une semaine compliquée sur le plan physique», sourit Didier Tholot, qui sait ce dont Stéphane Troillet est capable pour faire travailler un joueur en manque de rythme...
L'entraîneur du FC Sion ne craint-il pas que l'arrivée d'Anton Miranchuk déstabilise son groupe, lui qui a fait de l'esprit d'équipe une valeur cardinale? Le Russe arrive avec un statut et l'équilibre d'un vestiaire peut être fragile. «On sera attentifs à ça, bien sûr. C'est une recrue importante, un joueur de qualité et c'est vrai qu'il a un statut. Mais une fois que j'ai dit ça, j'ajoute que ce n'est pas pour autant qu'il aura des passe-droit. Comme tous les autres, il s'entraînera du lundi au vendredi pour jouer le samedi.» Une allusion claire à Mario Balotellli, l'homme qui avait dynamité le vestiaire et ruiné la saison du FC Sion à son arrivée voilà deux ans.
«Entre Mario et lui, c'est le jour et la nuit»
«Mais on n'est pas du tout dans la même situation avec Anton», confirme Barthélémy Constantin. «Ils n'ont pas les mêmes antécédents et je le dis aussi, pas les mêmes salaires. J'ai vu passer des chiffres fantaisistes dans certains articles et je peux vous dire que c'est largement gonflé. Bien sûr qu'un joueur de sa classe a un certain salaire, mais il n'est pas en déséquilibre complet avec le vestiaire. Entre Mario et lui, c'est le jour et la nuit. Je l'ai souvent dit ces derniers mois: aujourd'hui, le joueur qui signe à Sion, il doit avoir des valeurs et s'intégrer à ce que l'on veut faire. Ce sera le cas avec Anton. On a tout étudié. Il y a son pedigree sportif, ce qu'il peut nous apporter sur le terrain, cette dernière passe qui casse les lignes. Et en dehors, c'est un garçon simple.»
Reste maintenant à voir l'artiste s'exprimer sur le terrain. «Je suis impatient de débuter, de découvrir nos fans et de jouer, tout simplement», conclut Anton Miranchuk, qui s'est engagé pour deux ans et compte bien continuer à jouer en sélection russe, même si celle-ci est privée de matches officiels tant par l'UEFA que par la FIFA. «Il n'y aucune raison pour que le sélectionneur Valery Karpin ne me regarde pas. Je pense qu'il va trouver un moyen de voir les matches du championnat suisse», sourit-il. Ce serait l'occasion pour lui de retrouver son frère jumeau Alekseï, récemment transféré de l'Atalanta à Atlanta, en MLS. Sur ce coup, le timing n'a pas été bon: à quelques semaines près, les deux frères se seraient retrouvés à cinq heures de voiture l'un de l'autre.
Équipe | J. | DB. | PT. | ||
---|---|---|---|---|---|
1 | FC Zurich | 14 | 7 | 26 | |
2 | FC Bâle | 14 | 20 | 25 | |
3 | FC Lugano | 14 | 6 | 25 | |
4 | Servette FC | 14 | 2 | 25 | |
5 | FC Lucerne | 14 | 4 | 22 | |
6 | FC St-Gall | 14 | 6 | 20 | |
7 | FC Lausanne-Sport | 14 | 2 | 20 | |
8 | FC Sion | 14 | 0 | 17 | |
9 | Young Boys | 14 | -5 | 16 | |
10 | Yverdon Sport FC | 14 | -10 | 15 | |
11 | FC Winterthour | 14 | -21 | 11 | |
12 | Grasshopper Club Zurich | 14 | -11 | 9 |