Et si son aventure sédunoise avait basculé sur une idée un peu folle, qui lui ressemble, celle d'insister pour tirer deux penalties, une responsabilité qui ne lui était pas attribuée, face au Servette FC le 4 février? Pour son quatrième match depuis son retour au FC Sion, cet hiver, le Chablaisien était encore une fois scotché sur le banc au coup d'envoi. «Pas prêt physiquement!», avait tranché Didier Tholot, qui voulait le voir monter en puissance avant de lui offrir du temps de jeu conséquent. Benjamin Kololli, qui a gagné en patience et en sagesse depuis son passage au Japon mais pas suffisamment pour rester remplaçant sans rien dire et accepter son sort, bouillonnait. Dix-sept minutes contre Bâle, dix contre Lugano, après sa première prestation sans saveur comme titulaire contre GC, voilà qui ne pouvait que le frustrer, tout comme le fait de devoir s'asseoir sur la banquette contre les Grenat.
Une panenka surprenante, sauf pour ceux qui le connaissent bien
Alors, quand Didier Tholot l'a invité à entrer, à la 81e, l'ailier a mis le feu au stade. Une occasion d'entrée, une activité folle, des défenseurs genevois déboussolés par l'apparition subite de ce taureau furieux, jailli du banc comme un animal enfermé dans une cage depuis des heures: Sion retrouvait de l'énergie dans le sillage de son numéro 70, lequel a alors provoqué un penalty et en a marqué deux, dont le deuxième d'une panenka qui a scotché de surprise tout le stade... sauf ceux qui le connaissent bien et s'y attendaient un peu. La prestation aurait été parfaite sans ce penalty concédé cette fois, dans les arrêts de jeu, qui offrait l'égalisation à Servette. Qu'importe: «Benji» avait repris le fil de son histoire avec son club formateur. Après le match, dans les cantines, dans les journaux, en conférence de presse, dans les restaurants VIP, tout le monde ne parlait plus que de lui.
Un tournant dans son histoire valaisanne
Didier Tholot, séduit par l'entrée de son ailier, n'avait pas caché, quelques jours plus tard, que celui-ci avait misé et joué gros sur ces deux penalties, qu'il n'aurait jamais dû tirer. «Du moment où il prend le ballon les deux fois, il prend la responsabilité, donc il assume. Il a marqué les deux fois, je le félicite. S'il avait raté, je lui aurais coupé la tête», a (à moitié) souri le coach du FC Sion, intransigeant sur les valeurs et le respect du groupe. Benjamin Kololli a joué au poker ce soir-là et il a bien fait de marquer les deux fois. Qui sait ce qu'il se serait passé s'il avait manqué sa panenka? Sans doute vaut-il mieux ne pas se poser la question et profiter du moment présent.
Une mentalité exemplaire
Le fait est que le Chablaisien est devenu un joueur majeur depuis son entrée fracassante face à Servette, lui qui affiche désormais le total fort appréciable de cinq buts en 600 minutes et est devenu un titulaire indiscutable dans le onze de Didier Tholot, qui adore sa grinta et son caractère, qui rejaillissent sur toute l'équipe. Sa forme physique est redevenue impeccable, son état d'esprit exemplaire. Sur le terrain, de la première à la dernière minute, il provoque, il percute, il défend, il remobilise ses partenaires. Un vrai leader, jouant avec confiance et caractère, qui fait du bien au FC Sion.
«Franchement, je ne me prends vraiment pas la tête par rapport à tout ça. Pour moi, le plus important c'est toujours le collectif. On doit faire des points le plus vite possible pour ne plus regarder vers l'arrière, mais voir vers l'avant. C'est tout ce qui m'importe aujourd'hui», assurait-il, au sortir du match nul (1-1) au Letzigrund ce dimanche, où il a ouvert le score d'un coup-franc splendide.
Comment a-t-il jugé sa performance personnelle, d'ailleurs? «Je suis un peu entre deux... Je mets un joli but, d'accord, je suis hyper content, mais je suis quand même un peu frustré, parce que j'ai l'occasion d'en mettre un deuxième et de tuer le match. Théo Bouchlarhem me met un bon ballon en une touche, et je ne m'y attendais pas tellement, c'est allé très vite. Mais je me connais, je sais que j'aurais pu la mettre au fond...» Un autre regret réside dans ce coup-franc de la première période, qui s'est écrasé sur la barre. «Deux ou trois millimètres en dessous et c'était latte-goal!»
Un coup-franc sur la latte, un autre au fond
Une barre et un but sur coup-franc dans le même match, voilà qui n'est pas si courant à l'heure où ce geste devient de moins en moins une arme létale. «C'est vrai que ça devient plus rare dans le monde du foot en ce moment. Aujourd'hui, j'en ai fait entrer un, c'est top! Mais je le redis, le plus important, c'est l'équipe. Ce dimanche, on a montré une très bonne attitude, dans la lignée de ce qu'on a fait contre Lugano. On sait tous, nous les joueurs, qu'on ne peut pas se permettre d'avoir un joueur qui se donne un petit peu moins. Pour se sortir le plus vite possible du combat pour le maintien, on doit tous cravacher.» Lui le premier en montrant l'exemple.
Latéral droit contre Yverdon?
Alors que Numa Lavanchy sera suspendu pour le match de reprise contre Yverdon après la trêve internationale, se voit-il déjà aligné en tant que latéral droit à cette occasion? Ce n'est pas la tendance et, d'ailleurs, Didier Tholot a préféré faire entrer le gaucher Nias Hefti dimanche au Letzigrund plutôt que de demander à Benjamin Kololli de reculer pour occuper le poste laissé vacant après le carton rouge infligé au latéral. «On a d'autres joueurs qui sont bien meilleurs que moi à cette position. Mais c'est bien sûr le coach qui fait les choix et s'il faut dépanner, je le ferai sans problème. C'est ma mentalité, aucun souci, mais je pense qu'on a assez de joueurs qui peuvent compenser l'absence de Numa.»
L'équipe nationale du Kosovo? «Ce serait magnifique d'y retourner»
Alors qu'il a été appelé pour la dernière fois à l'été 2022, le milieu offensif n'a pas fait une croix sur la sélection kosovare et ses récentes performances pourraient attirer l'attention du sélectionneur Franco Foda. Mais, aujourd'hui, il assure n'avoir aucun contact. «La liste est sortie cette semaine, je l'ai vue passer, mais je n'ai aucun contact avec la Fédération ou avec le nouveau sélectionneur. C'est sûr que j'ai envie de leur taper dans l'oeil avec mes performances en club. Ce serait magnifique pour moi de retourner avec l'équipe nationale, mais je ne peux rien faire d'autre que continuer à être bon avec le FC Sion.»
En Valais, en tout cas, tout le monde se félicite de le voir reprendre le fil de son histoire avec son club formateur, lui qui a signé jusqu'à l'été 2026. A sa légendaire spontanéité, qui fait toute sa différence et sa force, «BK» a ajouté une certaine forme de maturité qui en font un joueur à part en Super League.
Équipe | J. | DB. | PT. | ||
---|---|---|---|---|---|
1 | Servette FC | 28 | 8 | 48 | |
2 | FC Bâle | 28 | 26 | 46 | |
3 | FC Lugano | 28 | 5 | 45 | |
4 | FC Lucerne | 28 | 5 | 44 | |
5 | Young Boys | 28 | 9 | 43 | |
6 | FC Zurich | 28 | 0 | 42 | |
7 | FC Lausanne-Sport | 28 | 8 | 40 | |
8 | FC St-Gall | 28 | 2 | 39 | |
9 | FC Sion | 28 | -6 | 34 | |
10 | Yverdon Sport FC | 28 | -16 | 31 | |
11 | Grasshopper Club Zurich | 28 | -11 | 27 | |
12 | FC Winterthour | 28 | -30 | 20 |