Alessandro Mangiarratti n'est plus l'entraîneur d'Yverdon Sport, depuis ce mardi. Le club nord-vaudois a annoncé le départ de son technicien, lequel, pour Blick, a accepté de livrer son sentiment sur son éviction.
Alessandro Mangiarratti, comment avez-vous accueilli la nouvelle? Avec tristesse? Avec un sentiment d'injustice? Avec surprise?
La vérité, c'est que le sentiment est très neutre, mais avec une certaine déception bien sûr. Je ne ressens pas de colère, mais je pensais, et je pense encore, que je pouvais terminer la saison et faire en sorte qu'Yverdon Sport conserve sa place en Super League, comme la saison dernière. L'objectif c'était celui-là. Je ne sais pas si c'était l'objectif déclaré ou non, mais c'était l'objectif réel.
Mais la tendance était moins bonne depuis novembre...
Oui, ces deux derniers mois ont été indéniablement moins bons. Il nous manque deux bons matches à domicile, mais même comme ça, on passe tout près de faire un résultat contre Sion. Le club a pris sa décision, il faut l'accepter. C'est la loi du football et ma réaction est mesurée, équilibrée.
Comme vous l'avez toujours été. Votre attitude a toujours été très équilibrée, c'est le bon mot, sans émotions particulières...
Sans émotions, non!
Je veux dire: à l'extérieur. A l'intérieur de vous, je pense bien que vous en aviez!
Oui. Mais je vois ce que vous voulez dire. Un entraîneur doit tenir la barre, garder le nord. Et c'est vrai que j'ai toujours fait en sorte d'être mesuré dans ma communication et dans ma gestion des émotions, justement. Quand tout allait bien, je disais que c'était important de rester compact. Et quand ça allait moins bien, la même chose. On a eu des hauts et des bas depuis mon arrivée, avec des blessures, mais je n'en ai jamais fait une excuse ou un alibi, vous pouvez reprendre toutes mes déclarations.
Samedi dernier, après le match contre Sion, vous vous êtes montrés critiques envers certains joueurs. Je l'ai interprété comme une rupture, parce que jusqu'alors, vous étiez très protecteur. Est-ce une bonne lecture?
Rupture, non, c'est trop fort. Mais il faut regarder la réalité en face. Le club a investi sur des joueurs et moi, dans mon rôle d'entraîneur, je leur ai donné plusieurs chances, j'ai insisté avec eux. J'attendais aussi de leur part qu'ils évoluent un peu.
Et au final, c'est l'entraîneur qui paie le prix... Durant les moments compliqués, quand les supporters ont sorti des banderoles ou réclamaient votre départ, n'auriez-vous pas aimé plus de soutien de la part du club? Mon sentiment, c'est que la direction est restée trop silencieuse.
Je ne me suis pas trop posé la question, pour être honnête. Je sais que c'était un thème de discussion, mais moi, je n'avais pas trop de problème avec ça. Bien sûr, ce n'était pas sympa, j'aurais préféré qu'ils chantent mon nom pour d'autres raisons, mais c'est «part of the game» quand vous êtes entraîneur, même si vous attendez autre chose en terme de valeurs du sport et de respect, aussi venant de la part de personnes qui ne savent pas tout. Vous êtes critiqué à l'extérieur, critiqué à l'interne. Peut-être que j'aurais pu avoir plus de soutien, c'est votre interprétation, mais c'est le club qui décide de sa communication, pas moi. Je préfère ne pas penser à tout ça. Dans une carrière, tu sais que de tels moments vont venir. Je les ai vécus, c'est une expérience, et ça va m'aider.
Vous êtes un meilleur entraîneur aujourd'hui qu'à votre arrivée à Yverdon?
Oui, indéniablement.
Yverdon vous a offert la possibilité d'entraîner en Super League, mais vous lui avez permis de rester à ce niveau la saison dernière. Avez-vous le sentiment que le maintien a été sous-estimé?
En Suisse, on a tendance à sous-estimer la Super League. La saison dernière, on a fini avec 47 points, devant le Lausanne-Sport, qui est aujourd'hui au top avec quasiment la même équipe. Sauf que nous, on n'avait plus la même équipe... La réalité d'Yverdon, c'est qu'on a dû reconstruire, sans stabilité, et que ça demande du temps. Le maintien n'était pas automatique, il n'allait pas de soi! On l'a fait, j'en suis très fier. Je dis bien «on», pas moi tout seul. On a laissé GC derrière, par exemple. Il fallait le faire quand même. Donc non, cela n'a pas été sous-estimé, je ne pense pas, mais c'est vrai qu'il faut le reconnaître à sa juste valeur.«
Les fans vous reprochaient deux choses. La première: être le successeur de Marco Schällibaum. Inutile d'en parler, vous n'y pouvez rien. La deuxième: un jeu trop défensif et l'absence de spectacle.
Je vais répondre clairement: on a, cette saison, joué majoritairement avec un bloc plus bas que la saison dernière. Et on a encaissé 15 buts de moins sur la même période. Ton style de jeu, ça dépend aussi des joueurs que tu as à disposition. La saison dernière, on a gagné des matches en marquant trois ou quatre buts. Cette année, si on gagnait, c'était 1-0 plutôt que 3-2. On a travaillé offensivement, on a investi du temps, mais il faut aussi de la qualité individuelle. Prenons le Lausanne-Sport: ils jouent très bien, tout le monde le reconnaît et moi aussi. Mais de temps en temps, il faut quand même la magie d'Alvyn Sanches pour débloquer une situation. Nous, ces inspirations-là, on ne les a pas. Entre cette saison et la dernière, on a perdu des joueurs qui nous marquaient 26 buts.
Garderez-vous un bon souvenir d'Yverdon tout de même?
Oui, bien sûr. J'ai aidé le club à grandir en coulisses, à se structurer, à être plus professionnel. Je garde de bonnes relations avec le staff, les joueurs et les dirigeants. Pas avec les fans, mais c'est tout. Je n'ai pas été très bien accueilli par eux, j'ai senti des vents contraires dès le début, je ne sais pas vraiment pourquoi. Je pense que tout le monde devrait être content qu'Yverdon soit en Super League. En ce qui me concerne, je pense avoir gagné du crédit durant cette année. L'an dernier, Yverdon s'est sauvé. Et je pars en laissant Yverdon au-dessus de la barre, pas même barragiste.
Avez-vous envie de retrouver un club tout de suite en janvier? Ou avez-vous besoin d'une pause?
Je suis plein d'énergie. Je travaillais bien sûr déjà sur la reprise à Yverdon et je suis prêt à m'engager ailleurs dès maintenant. Mais je n'ai aucune pression. Je peux passer six mois à aller faire des visites dans d'autres clubs, à réfléchir sur le football, à grandir individuellement encore. Donc la réponse est claire: je suis prêt à repartir tout de suite, comme à attendre l'été.
Avez-vous été libéré par Yverdon?
Je suis sous contrat jusqu'en juin. Mais évidemment libre de m'engager ailleurs si je trouve un projet qui me plaît. Il faut que le défi soit bon, que j'aie envie d'y aller, je ne vais pas accepter un travail juste parce que c'est un travail.
Équipe | J. | DB. | PT. | ||
---|---|---|---|---|---|
1 | FC Lugano | 18 | 6 | 31 | |
2 | FC Bâle | 18 | 21 | 30 | |
3 | FC Lausanne-Sport | 18 | 9 | 30 | |
4 | FC Lucerne | 18 | 3 | 29 | |
5 | Servette FC | 18 | 2 | 29 | |
6 | FC Zurich | 18 | -1 | 27 | |
7 | FC Sion | 18 | 4 | 26 | |
8 | FC St-Gall | 18 | 6 | 25 | |
9 | Young Boys | 18 | -4 | 23 | |
10 | Yverdon Sport FC | 18 | -12 | 17 | |
11 | Grasshopper Club Zurich | 18 | -10 | 15 | |
12 | FC Winterthour | 18 | -24 | 13 |