L'ESM Gonfreville, le FC Mantois 78, la Team Altamura et Legnago. Voilà l'intégralité du parcours de Moussa Baradji avant de rejoindre Yverdon Sport l'été dernier et c'est peu dire que la signature de ce milieu de terrain français, âgé de 24 ans aujourd'hui, ressemblait à un pari. «La vérité, c'est que je ne me voyais pas devenir professionnel quand j'étais en France», avouait-il samedi, quelques instants à peine après avoir donné la victoire à Yverdon Sport d'un maître-tir à la toute dernière seconde du match face à Winterthour (2-1). «Et puis, quand je suis arrivé en Italie, j'ai eu le déclic. J'ai travaillé, j'ai travaillé et j'ai encore travaillé».
Âgé d'à peine 20 ans, il se frotte à la dure réalité de la Serie D d'abord, de la Serie C ensuite. Et là, ses performances attirent le regard des recruteurs d'Yverdon Sport et notamment du directeur sportif Filippo Giovagnoli. Un contrat de deux ans l'attend dans le Nord vaudois, qu'il signe bien volontiers. «Je suis très heureux d'être ici, de jouer en Super League», admet sans peine le milieu de terrain français, dont le passage en Italie aura donc été une bénédiction.
Patrice Evra a suivi le même parcours
Il n'est pas rare, d'ailleurs, que de jeunes talents français prennent le chemin du calcio et de ses divisions inférieures. L'exemple le plus célèbre est celui de Patrice Evra, qui n'aurait jamais eu la magnifique carrière qui a été la sienne s'il n'avait pas pris la décision de rejoindre Marsala, puis Monza, alors qu'il n'avait que 17 ans et des perspectives d'avenir bouchées en France. Moussa Baradji ne jouera probablement jamais à Manchester United ni en équipe de France, mais aller s'aguerrir dans les troisièmes et quatrièmes divisions italiennes a fait de lui un autre homme et un autre joueur. Les défenseurs italiens sont rudes, la pression est réelle, les salaires pas toujours payés à l'heure: la vie, la vraie. Celle qui forge le caractère.
«Franchement, bravo à Yverdon d'être allé le chercher là-bas, c'est du très bon travail de scouting», apprécie Paolo Tramezzani, en fin connaisseur du football italien. «Moussa est un joueur très surprenant, qui peut jouer à tous les postes du milieu, qui a un gros volume. Il a des qualités rares», le complimente le Mister, qui en a fait un homme de base de son milieu de terrain. Après un premier tour plus anonyme, Moussa Baradji explose en ce début d'année, lui qui a été le meilleur joueur sur le terrain la semaine dernière face à Lucerne (2-2), tout comme ce samedi contre Winterthour.
«J'ai encore de la peine à réaliser»
«La vérité, c'est que je me sens bien ici. Yverdon est devenu mon chez moi. J'ai la confiance du coach, des joueurs, du club, des supporters», explique le principal intéressé, lequel n'a pas hésité à prendre sa chance à la 96e, à la toute dernière seconde du match, alors qu'YS ne trouvait pas la faille. Sa frappe du gauche, magnifique, est venue se loger au bon endroit et faire gronder de plaisir le Kop 14, juste derrière le but, et tous les supporters d'YS.
«J'ai encore de la peine à réaliser à l'heure où je vous parle! Franchement, je reçois ce ballon à la 96e, je sais qu'il reste très peu de temps... Quand j'ai vu le ballon entrer, je n'y croyais même pas, pour tout vous dire! J'étais carrément surpris, mais quelle joie!», tentait de décrire le héros du jour côté yverdonnois, tout heureux de donner huit points d'avance à son équipe sur Winterthour à six matches de la fin de la saison régulière.
Si la priorité yverdonnoise est d'aller chercher le maintien, les performances de Moussa Baradji pourraient même lui offrir d'autres perspectives personnelles, surtout dans un club où le trading est le modèle économique assumé. Il ne rapportera pas trois millions de francs à Yverdon Sport, comme Kevin Carlos, mais avec un contrat portant jusqu'à juin 2026, il pourrait être amené à envisager un départ cet été. Ce samedi, dans l'euphorie de son but décisif, le milieu de terrain français était loin, très loin même, de ces considérations. «Ce que je sais, c'est que c'est le début du chemin, en tout cas je l'espère. Je ne vais rien lâcher.» Croire en ses rêves, engranger de l'expérience, être bon sur le terrain: la recette du succès d'une belle carrière, peut-être.
Équipe | J. | DB. | PT. | ||
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1 | Servette FC | 27 | 9 | 48 | |
2 | FC Bâle | 27 | 27 | 46 | |
3 | FC Lucerne | 27 | 6 | 44 | |
4 | FC Lugano | 27 | 4 | 42 | |
5 | Young Boys | 27 | 8 | 40 | |
6 | FC St-Gall | 27 | 4 | 39 | |
7 | FC Zurich | 27 | -1 | 39 | |
8 | FC Lausanne-Sport | 27 | 6 | 37 | |
9 | FC Sion | 27 | -6 | 33 | |
10 | Yverdon Sport FC | 27 | -17 | 28 | |
11 | Grasshopper Club Zurich | 27 | -11 | 26 | |
12 | FC Winterthour | 27 | -29 | 20 |