En Super League, derrière les Young Boys, les autres équipes du pays peinent à suivre la cadence. Et les classements des dernières saisons le prouvent.
Si Bâle était intouchable lors de la dernière décennie, les Rhénans ont depuis perdu des plumes et se trouvent désormais dans une situation inquiétante. Et même si Zurich a remporté le titre il y a deux saisons, cela s'apparentait davantage à un exploit qu'à une véritable prise de pouvoir.
«Le projet est bien pensé»
La place de dauphin et donc de deuxième puissance du pays est ainsi vacante. Mais qui pour l'occuper? Si Servette l'a obtenue la saison dernière, Lugano est plus que jamais dans la course pour cette cuvée 2023/2024. Mais que pensent les experts de cette éclosion luganaise? Blick a interrogé deux anciens joueurs du club: Alain Gaspoz et Eddy Barea.
«Je ne suis pas étonné de leur développement, lance d'entrée Alain Gaspoz, ancien joueur du FC Lugano (98-99 et 00-02) et de Servette (02-03). Le rachat par le groupe d'investisseurs de Chicago additionné à l'arrivée de certains membres de la direction du grand FC Bâle des années 2010 ne peut qu'être un mariage réussi.»
En effet, à son arrivée au Tessin, le richissime Joe Mansueto a fait les choses dans l'ordre. Avant de toucher à l'équipe, l'Américain a d'abord nommé des hommes d'expériences aux postes clés. Ainsi, Georg Heitz, l'ancien directeur sportif du FC Bâle (2008-2017), a été engagé en tant que directeur technique et Martin Blaser, également passé par le club rhénan de 2013 à 2018, comme CEO.
Un titre de champion dans les prochaines années?
«Si on revient quelque peu en arrière, il y a eu de nombreux investisseurs étrangers qui sont arrivés en Suisse et peu ont réussi, détaille de son côté Eddy Barea, lui aussi passé par le Tessin (99-00) et le Servette FC (93-99 et 06-07). On peut d'ailleurs les compter sur les doigts d'une main. Aujourd'hui, à Ineos c'est compliqué, à Grasshopper avec les Chinois ça ne marche pas, ... Là c'est du lourd qui a atterri à Lugano.»
Quelle place pourrait donc occuper le FC Lugano dans les années à venir? «Difficile à dire, estime Alain Gaspoz. Ils ont eu l'intelligence de faire confiance à Mattia Croci-Torti, un enfant du pays qui sait travailler avec les jeunes. C'est un ingrédient supplémentaire qui fait bien fonctionner le tout. Je les vois actuellement dans le top quatre, mais je pense qu'ils pourraient remporter le titre dans les cinq ans.»
Une vision également partagée par Eddy Barea. «Actuellement YB est devant et est intouchable. Je pense que Bâle est toujours numéro deux et ensuite, on a un tir groupé avec Servette, Lugano et Zurich. Mais je pense que si leur trajectoire reste la même, ils pourront espérer être champions dans les prochaines années.»
Duel avec Servette derrière YB?
De son côté, l'entraîneur Mattia Croci-Torti estime aussi qu'il est encore trop tôt pour rêver d'un sacre. «Regardez le banc de touche d'YB, il parle à lui seul pour les Bernois, estime le coach luganais. Nous, on ne doit pas se prendre pour le Real Madrid ou Manchester City. Mais quand tout va bien, c'est vrai qu'on peut être une bonne équipe. Et puis, il y a aussi Zurich, Servette… Je ne manque pas d’ambition, mais je suis lucide.» La seconde place semble donc être l'objectif tessinois.
On l'a dit, Bâle a grandement perdu de sa superbe et mettra du temps avant de revenir sur le devant de la scène, d'autres clubs veulent en profiter. Si Zurich manque souvent de constance, un réel duel entre Genevois et Luganais parait se profiler pour les années à venir. «Servette travaille très bien et revient de loin avec un bon projet dans la formation et la préformation, estime Alain Gaspoz. Ils ont fait en sorte de garder une ossature forte et cela a bien fonctionné. À l'inverse, Lugano s'est d'abord attaqué à la première équipe en ayant des résultats le plus rapidement possible. Mais derrière, il y a un gros problème au niveau de la relève.»
Deux clubs qui possèdent tout de même des similitudes pour le Valaisan. «Les deux ont un bon projet et une base solide. L'avantage de Lugano est qu'ils ont à leur tête une direction expérimentée, qui ne fait pas n'importe quoi avec l'argent qu'ils ont à disposition. De son côté, Servette se construit actuellement dans ce domaine avec des personnes, comme Massimo Lombardo et Lionel Pizzinat, qui connaissent bien le football suisse.»
Avantage pour les Tessinois
Les Luganais paraissent donc avoir une longueur d'avance. Et celle-ci pourrait s'accentuer d'après Eddy Barea. «Ce projet de stade va également aider à continuer ce beau développement sportif et économique. D'autant plus que la gestion du contingent fonctionne bien: ils recrutent et vendent intelligemment. C'est admirable ce qu'il se passe à Lugano.»
D'autant plus que leur situation géographique devrait leur être bénéfique. «Le fait d'avoir la puissance italienne à proximité est un avantage, poursuit le Genevois. Il y a plusieurs gros clubs italiens dans un rayon de 200 km et Lugano a souvent été un bon point de chute pour les jeunes transalpins. Avec les nouveaux moyens dont ils disposent, cela pourrait être une belle possibilité à explorer pour renforcer l'équipe.»
Les avis sont donc unanimes, le développement luganais impressionne. Et c'est le football suisse dans son ensemble qui peut se réjouir d'une telle éclosion.
Équipe | J. | DB. | PT. | ||
---|---|---|---|---|---|
1 | FC Zurich | 14 | 7 | 26 | |
2 | FC Bâle | 14 | 20 | 25 | |
3 | FC Lugano | 14 | 6 | 25 | |
4 | Servette FC | 14 | 2 | 25 | |
5 | FC Lucerne | 14 | 4 | 22 | |
6 | FC St-Gall | 14 | 6 | 20 | |
7 | FC Lausanne-Sport | 14 | 2 | 20 | |
8 | FC Sion | 14 | 0 | 17 | |
9 | Young Boys | 14 | -5 | 16 | |
10 | Yverdon Sport FC | 14 | -10 | 15 | |
11 | FC Winterthour | 14 | -21 | 11 | |
12 | Grasshopper Club Zurich | 14 | -11 | 9 |