Chronique de David Lemos
Le plaisir simple de Bryan Okoh: rejouer au foot

Chroniqueur pour Blick, le journaliste de la RTS David Lemos s'est entretenu avec Bryan Okoh et rappelle que tout va très vite en football, dans les deux sens.
Publié: 09.02.2024 à 08:37 heures
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Dernière mise à jour: 09.02.2024 à 09:09 heures
Bryan Okoh ne demande qu'une chose: redevenir un joueur de football en enchaînant les matches.
Photo: TOTO MARTI
David Lemos

15 millions d'euros. C'est ce que pourrait au final payer l'Eintracht Francfort à Young Boys pour le transfert d'Aurèle Amenda, 20 ans, l'un des plus grands talents de notre football. En apprenant l'info, je me suis d'abord remémoré le nombre de fois que Steve von Bergen, bien avant qu'il ne devienne directeur sportif, m'avait parlé de lui. La tradition des défenseurs centraux de haut niveau en équipe de Suisse a de l'avenir. Car n'oublions pas d'où on vient : la fin du siècle dernier a vu des charnières Wolf-Hodel ou Zwyssig-Mazzarelli. Mais je divague. Le fait est que, pensant au destin d'Amenda, m'est venu en tête celui d'un autre défenseur central, Bryan Okoh.

Murat Yakin l'a convoqué en 2021 avant sa blessure

Peut-être ne connaissez-vous pas encore ce nom. A moins qu'il n'ait fui votre mémoire depuis l'automne 2021. Ce jeune Lausannois, alors âgé de 18 ans, est en plein conte de fées. Parti au RB Salzbourg deux ans plus tôt, il est titulaire en 2ème équipe, à Liefering, en 2ème division autrichienne, et vient de fêter sa première apparition en «première», aux côtés de Noah Okafor (et, pour la petite histoire, du futur Lausannois Antoine Bernede). Son talent est une évidence, sa maturité impressionne et, pour ne rien gâcher, il est ambidextre. Après deux apparitions en équipe de Suisse M21, le voici convoqué par Murat Yakin pour les deux matches qui enverront les A à la Coupe du Monde. Un ascenseur pour la gloire stoppé net le 11 novembre à Rome par une déchirure des ligaments croisés du genou droit, la veille d'Italie-Suisse.

27 mois plus tard, Bryan n'a passé que 452 minutes sur un terrain de foot. L'été dernier, une blessure à la cuisse a encore freiné son retour. Aujourd'hui toutefois, il n'y pense plus. Parce que pour la première fois cette saison, il va rejouer au foot. Au sortir de la préparation hivernale avec Salzbourg, il est prêt. Dès la semaine prochaine et tout ce printemps, il va accumuler les matches avec Liefering. C'est certes très loin des 5 contre 2 avec Akanji et Shaqiri au Stadio Olimpico, mais il s'en fiche. Il a 20 ans et il se connaît mieux que jamais.

Une grande lucidité et du recul

En parlant une demi-heure avec lui cette semaine, j'ai pu confirmer tout ce qu'on m'a toujours dit à propos de Bryan Okoh : sa lucidité, son recul sur le monde du football, et surtout ce mental qui lui a permis de ne jamais lâcher durant les deux dernières années. «Je crois en moi», m'a-t-il dit plusieurs fois. En Autriche, il a pu compter sur l'accompagnement et les infrastructures du centre Red Bull, où il a croisé des sportifs et des sportives de tous domaines, avec qui il a partagé son expérience et ses doutes. Surtout, il s'est appuyé sur le soutien sans faille de sa famille. De la religion aussi. En deux ans et en se concentrant sur «les énergies positives», il dit avoir beaucoup appris sur lui et son corps, être devenu un homme.

Cette semaine, c'est de ce «grand petit» bout de chemin parcouru par Bryan Okoh que j'ai voulu vous parler. Taclé par la malchance alors qu'il frappait à la porte du grand monde, à un âge où beaucoup ont l'assise fragile et les convictions vacillantes, où bien des carrières se sont fracassées aussi, lui s'est relevé.

Vous et moi qui aimons le foot, ses stars et ses success stories, prenons le temps d'apprécier le chemin de ce jeune homme qui a accepté d'avancer dans l'ombre lorsqu'on lui a tiré le tapis rouge sous les pieds. Okoh a encore tout le temps de devenir une star, de signer en Angleterre ou en Allemagne comme son pote Aurèle. Souhaitons-le lui. Si son corps reste aussi solide que son mental l'est devenu, il y arrivera.

Credit Suisse Super League 24/25
Équipe
J.
DB.
PT.
1
FC Zurich
FC Zurich
14
7
26
2
FC Bâle
FC Bâle
14
20
25
3
FC Lugano
FC Lugano
14
6
25
4
Servette FC
Servette FC
14
2
25
5
FC Lucerne
FC Lucerne
14
4
22
6
FC St-Gall
FC St-Gall
14
6
20
7
FC Lausanne-Sport
FC Lausanne-Sport
14
2
20
8
FC Sion
FC Sion
14
0
17
9
Young Boys
Young Boys
14
-5
16
10
Yverdon Sport FC
Yverdon Sport FC
14
-10
15
11
FC Winterthour
FC Winterthour
14
-21
11
12
Grasshopper Club Zurich
Grasshopper Club Zurich
14
-11
9
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