Comment le FC Sion, aussi misérable en première mi-temps contre Zurich voilà peu, a-t-il pu se métamorphoser à ce point et se montrer aussi conquérant contre Lucerne, s'imposant 4-2? L'offensive valaisanne était un gros point noir depuis le 10 août, date de la dernière victoire en Super League, mais ce dimanche elle a brillé. Tentative d'explication en cinq points.
Un changement de tactique inspirant
Après le non-match face à Zurich, Didier Tholot a été forcé de réagir. Le technicien est passé à cinq derrière à Saint-Gall, allant chercher un bon match nul. Et ce dimanche contre Lucerne, il avait opté pour un 4-4-2 en losange, ce qui était visiblement une bonne idée. «Sincèrement, c'est le travail de tout un staff. On a beaucoup analysé Lucerne en vidéo et on avait décidé de choisir ce système pour pouvoir les presser haut, empêcher leurs sorties de balles. Résultat: on a joué ce qui était sûrement notre meilleure première mi-temps de la saison», s'est réjoui l'entraîneur du FC Sion, tout heureux de ce coup tactique.
La saison dernière, en Challenge League, son 4-2-3-1 fonctionnait tellement bien qu'il n'avait pas besoin de le bouger pour aller chercher une promotion amplement méritée. Les «coups», Didier Tholot les réservait pour la Coupe de Suisse où ses inspirations ont permis de sortir GC et YB, deux équipes de Super League.
Alors, dos au mur voilà deux semaines, il a décidé de changer un peu et de surprendre son équipe, et les adversaires, en adaptant son schéma tactique, ce qui a visiblement bien été accepté par ses joueurs. Et si Lucerne a été aussi dépassé en première période, c'est justement parce que Mario Frick et ses joueurs ont été décontenancés par les Valaisans.
Des joueurs déterminés et en confiance
Il y a la tactique, d'accord, mais il y a aussi et surtout l'état d'esprit des joueurs. Sortis du terrain les oreilles en bas contre Zurich, les Valaisans ont mordu dans cette rencontre contre Lucerne comme si c'était eux, les joueurs en confiance! Comment Didier Tholot a-t-il réussi ce tour de force? «Ton job, quand tu es entraîneur, c'est de trouver des solutions quand ça ne va pas. On devait changer de comportement, défendre plus vers l'avant, et le système choisi ce dimanche nous a permis de nous mettre en confiance», assure le technicien.
Comment? «Le fait de presser haut a donné une énergie positive à l'équipe, on s'est montrés conquérants, on a défendu en avançant. Les joueurs ont adhéré, mais je n'avais aucun doute. Bien sûr que ce n'est pas facile de vivre une période comme on l'a vécu. C'est facile de critiquer, de détruire. C'est plus difficile de construire... Quand tu construis, tu passes par des moments difficiles et il faut s'accrocher. Le mérite en revient aux joueurs, mais j'étais persuadé qu'ils n'avaient pas lâché. A partir du moment où tu respectes les mecs, je ne vois pas pourquoi ils ne feraient pas les efforts.»
Même quand Lucerne est revenu à 2-2, Sion a trouvé les ressources mentales pour repasser devant. «Mon équipe ne s'est pas écroulée, elle est allé chercher la victoire», se réjouit Didier Tholot. Plusieurs joueurs ont montré énormément de caractère, dont Nias Hefti, épatant sur le côté gauche. Le latéral sortait de prestations insuffisantes dernièrement, mais il a su conserver de la confiance en lui et a épaté tout le stade de Tourbillon dimanche, tant grâce à ses interventions défensives qu'à ses contre-attaques dévastatrices.
Des décisions fortes de la part de Didier Tholot
Reto Ziegler sur le banc! Voilà deux matches que le capitaine du FC Sion, irréprochable dans l'état d'esprit, est prié de s'asseoir, contre son gré, à côté de son entraîneur. La décision est purement sportive et elle se justifie. Après son retour de blessure, le défenseur central de 39 ans peine à retrouver son meilleur niveau et Didier Tholot a fait un choix cohérent en lui demandant de s'asseoir sur le banc, que son équipe joue à trois centraux à Saint-Gall ou à deux comme contre Lucerne. «Reto est le capitaine du FC Sion, mais aujourd'hui, n'importe quel joueur de l'effectif est susceptible de ne pas débuter. Quand j'ai des décisions à prendre, je les prends», explique Didier Tholot.
Surtout, l'entraîneur du FC Sion a su mobiliser une grande partie de son effectif, ce qui est nouveau par rapport à la saison dernière en Challenge League. «Sur la durée, tu as besoin de tout le monde. Liam Chipperfield, par exemple, ça faisait dix jours qu'il était très bon à l'entraînement, et il a fait un très bon match ce dimanche», explique Didier Tholot, qui doit encore régler le «cas Miranchuk». Le Russe ne pose aucun problème dans le groupe, mais, sur le terrain, il ressemble encore à un corps étranger qui peine à comprendre le jeu de ses coéquipiers, à moins que ce soit l'inverse. Légèrement blessé cette semaine, il a manqué le match contre Lucerne, mais n'est pas du tout hors de l'équation dans l'esprit de Didier Tholot.
L'entraîneur veut simplement trouver le moyen de placer le Russe dans les meilleures conditions possibles, sans sacrifier le plus important: l'équilibre de l'équipe. Il apparaît désormais clairement que, dans le système à cinq défenseurs comme à Saint-Gall, l'ancien joueur du Lokomotiv pourrait s'épanouir plus facilement que dans un 4-3-3 par exemple. Pour l'instant.
Une direction qui est restée calme
C'est à relever et c'est important: si la «marmite a bien bouilli» ces dernières semaines dans le bureau de Christian Constantin, les réflexions sont restées en interne, ce qui est un grand pas en avant. Combien de fois dans le passé, le président a-t-il lui-même déstabilisé son entraîneur, alors que celui-ci avait justement besoin de confiance? Cette fois, après la défaite contre Zurich, pas de petite phrase assassine dans les médias, pas d'appel à un autre entraîneur, pas d'ultimatum de points. S'il y a eu des réflexions, celles-ci sont restées en interne et ont été partagées entre quatre murs entre les principaux concernés.
Didier Tholot était sous pression, mais en interne seulement, ce qui est normal, et il ne s'est pas retrouvé jeté en pâture aux médias et à l'opinion publique. Même si, bien sûr, des critiques sont apparues sur les réseaux sociaux et au stade, ce qui est la réalité du football. Mais, cette fois, ce feu n'a pas été alimenté par de l'essence jetée depuis la porte d'Octodure, ce qui l'a rendu plus facilement éteignable.
Un grand Ilyas Chouaref
Et puis, bien sûr, il y a la classe d'un homme: Ilyas Chouaref. Le Franco-Marocain de 23 ans a été irrésistible ce dimanche à Tourbillon, inscrivant deux buts et provoquant l'autogoal du 3-2 alors que Lucerne venait d'égaliser. En plus, il a défendu et montré la bonne attitude, ce qui n'est pas toujours le cas. Ses dribbles ont fait très mal, ses percussions aussi et, lorsqu'il joue à ce niveau, l'attaquant est l'un des meilleurs de Super League.
Le problème, c'est qu'il peut aussi se montrer transparent et ne rien apporter, changeant de visage d'un match à l'autre. «Ilyas, maintenant, on ne va pas le rater!», confirme Didier Tholot. La signification de cette phrase est claire: le Franco-Marocain est tellement doué qu'il doit désormais enchaîner à ce niveau et ne pas se contenter de moins.
«Il a monté le curseur. Maintenant, il doit rester à ce niveau», enchaîne son entraîneur, tout en relevant les mérites du système tactique adopté ce dimanche dans le bon match de son attaquant. «Ce système le met plus en valeur, il a moins de travail défensif à effectuer, il joue plus haut. Ilyas, c'est un joueur de talent. Si tu l'enfermes dans une situation, tu perds en créativité, c'est logique.» Ce dimanche, sans Anton Miranchuk, il a montré l'étendue de son talent.
Équipe | J. | DB. | PT. | ||
---|---|---|---|---|---|
1 | FC Zurich | 14 | 7 | 26 | |
2 | FC Bâle | 14 | 20 | 25 | |
3 | FC Lugano | 14 | 6 | 25 | |
4 | Servette FC | 14 | 2 | 25 | |
5 | FC Lucerne | 14 | 4 | 22 | |
6 | FC St-Gall | 14 | 6 | 20 | |
7 | FC Lausanne-Sport | 14 | 2 | 20 | |
8 | FC Sion | 14 | 0 | 17 | |
9 | Young Boys | 14 | -5 | 16 | |
10 | Yverdon Sport FC | 14 | -10 | 15 | |
11 | FC Winterthour | 14 | -21 | 11 | |
12 | Grasshopper Club Zurich | 14 | -11 | 9 |