Depuis dimanche, la tempête fait rage en Suisse centrale. Le FC Lucerne est le théâtre d’une guerre intestine. Bernhard Alpstaeg, l’actionnaire majoritaire du FC Lucerne, a tiré le premier. Dans une longue interview parue dans le «SonntagsBlick», le richissime propriétaire a allumé ses propres dirigeants. Le président du club, Stefan Wolf, et le directeur sportif, Remo Meyer, prennent cher: «Je ne suis pas satisfait de toute la direction. Je dois tous les critiquer. Ils ne sont pas assez humbles, pas assez actifs, pas assez modestes.»
Més que un Klub
Dès le lendemain, levée de boucliers du conseil d’administration du FC Lucerne. C’est le vice-président, Josef Bieri, qui est monté aux barricades, en publiant une lettre ouverte sur le site du club. «Le FC Lucerne, fondé en 1901, est plus grand que n’importe quelle personne, quel que soit son poste ou l’influence qu’elle pense avoir.» Le dirigeant affirme encore que ni «les déclarations volontairement erronées», ni «des manœuvres perturbatrices ou des luttes de pouvoir inutiles» ne pourront déstabiliser le club.
Sur le terrain, tout allait pourtant bien pour les Lucernois. Le FCL a remporté la Coupe de Suisse en 2021. Un temps menacé par le LS et la relégation, le club de Suisse centrale vit une année 2022 probante sous la houlette de Mario Frick. Lucerne a été battu à la dernière minute ce week-end par YB devant près de 15’000 spectateurs à domicile. Si l’équipe ne figure qu’au 8e rang de la Super League, elle ne compte que quatre points de retard sur le podium, avec un match en retard à jouer.
Le millionnaire qui aime les cervelas
Une réalité sportive passée au second plan cette semaine, depuis la sortie de Bernhard Alpstaeg. Plusieurs anciennes gloires du club ont critiqué l’actionnaire, de Rolf Fringer à Markus Babbel. Même les supporters lucernois ont choisi le camp adverse. Mercredi, une banderole virulente («Alpstaeg, rends-toi service et casse-toi!») est apparue à la Swissporarena.
Le stade porte le nom de l’entreprise du multimillionnaire, fondé avec son frère Georges en 1971 dans la campagne argovienne. Un incroyable succès économique. Spécialisée dans l’isolation des bâtiments, cette société est passée de 14 à 4200 employés en 50 ans. Elle compte aujourd’hui 40 usines à travers l’Europe.
Malgré une fortune familiale estimée à 800 millions de francs, Bernhard Alpstaeg est resté un homme simple. Il s’habille souvent avec des chemises à carreaux à manches courtes. Son péché mignon? Les cervelas de chez Denner. Il jure aussi comme un charretier et n’hésite pas à accompagner ses vendeurs chez les clients. Chaque année, il divise de manière équitable la prime versée à ses employés, peu importe leur rôle dans la hiérarchie. Les directeurs touchent donc le même bonus que les techniciens de surface.
Un gendre idéal suspendu par Lucerne
Ce patron à l’ancienne n’est pas un fin connaisseur du foot pour autant. Il a acheté le FC Lucerne parce que sa fille chérie, Giulia, en est fan depuis l’enfance. L’entrepreneur s’est rapproché du club en 2008 lorsque le président de l’époque, Walter Stierli, lui a demandé de l’aide pour la construction du nouveau stade. Inaugurée trois plus tard, l’enceinte portera le nom de Swisspor jusqu’en 2026, au moins.
Il y a trois ans, Bernhard Alpstaeg est devenu l’actionnaire majoritaire de la FCL Holding AG, avec 52% des parts. «Depuis, je pense avoir investi des dizaines de millions pour le club, mais cela n’a pas importance», affirmait-il dans cette fameuse interview parue dans le «Sonntagsblick». Il verrait bien, un jour, sa fille Giulia prendre la tête du FC Lucerne. «Si elle dit: 'Papa, je veux le faire', alors on trouvera un moyen. Elle doit d’abord se familiariser avec notre entreprise, mais je lui fais confiance pour devenir présidente du club. Quand il se sera stabilisé.»
Pas vraiment la direction prise par le FCL ces derniers jours, en grande partie à cause de ce bon Bernhard. Son gendre, Daniel Schrecker, a été suspendu lundi par les dirigeants lucernois. «Responsable de l’innovation», ce beau gosse aux allures d’Apollon suisse allemand est le compagnon de Giulia. Ou quand la Suisse centrale prend des airs de sitcom à la «Dallas»...
Rendez-vous le 3 novembre
Tout ce joli monde va se retrouver le 3 novembre prochain, date de l’assemblée générale du club, avec un slogan: «Tous contre Alpstaeg». La bataille finale promet. Le truc, c’est que l’actionnaire de 78 ans peut à lui seul remplacer le conseil d’administration, s’il le souhaite. La tension ne va pas redescendre de sitôt.
Équipe | J. | DB. | PT. | ||
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1 | FC Zurich | 14 | 7 | 26 | |
2 | FC Bâle | 14 | 20 | 25 | |
3 | FC Lugano | 14 | 6 | 25 | |
4 | Servette FC | 14 | 2 | 25 | |
5 | FC Lucerne | 14 | 4 | 22 | |
6 | FC St-Gall | 14 | 6 | 20 | |
7 | FC Lausanne-Sport | 14 | 2 | 20 | |
8 | FC Sion | 14 | 0 | 17 | |
9 | Young Boys | 14 | -5 | 16 | |
10 | Yverdon Sport FC | 14 | -10 | 15 | |
11 | FC Winterthour | 14 | -21 | 11 | |
12 | Grasshopper Club Zurich | 14 | -11 | 9 |