L'une des plus grandes sensations de l'histoire de la Coupe de Suisse est officielle et le Brésilien Fabinho hurle deux phrases dans la nuit bâloise. «Nous sommes champions, nous sommes champions.» À l'époque, son allemand n'était pas aussi bon qu'aujourd'hui, explique l'homme, aujourd'hui âgé de 48 ans, en riant de bon cœur. En portugais, on dit «Campeões» lorsqu'on remporte un trophée, peu importe qu'il s'agisse d'un championnat ou d'une coupe. «Je pensais que cela se disait «Meister» («champion» en allemand).»
Vendredi, ce sera le 20e anniversaire de la légendaire finale de la Coupe entre le FC Wil et Grasshopper. Les Suisses de l'Est ont battu le Rekordmeister 3-2 après avoir été menés 1-2 et ont ainsi pu fêter le plus grand succès de l'histoire du club.
Les perdants doivent donner un coup de main pour l'alcool
Au terme de sa carrière, l'homme de Rio de Janeiro est resté en Suisse orientale et a donc perfectionné son allemand. De 2010 à 2018, l'ancien milieu de terrain a entraîné le FC Herisau, et depuis juillet 2018, il est responsable de la deuxième équipe du FC Wil. «Je veux donner quelque chose en retour aux jeunes joueurs», explique Fabinho. Aujourd'hui encore, 20 ans plus tard, on lui parle régulièrement de ce triomphe de 2004.
De son côté, Philippe Montandon vit une expérience similaire. L'homme de 41 ans dirige une agence immobilière dans la vieille ville de Wil. Chaque jour, son trajet pour aller travailler lui rappelle les festivités qui ont suivi la victoire de la Coupe. «Les images sont très présentes», explique l'un des experts de la chaîne Blue. «Comme nous étions tous très sérieux, il n'y avait bien sûr pas d'alcool... Blague à part. On s'est offert quelques bières.»
Mais celles-ci n'ont pas été simples à se procurer, se souvient Michel Renggli. «Nous n'avions pas de bière ni de champagne dans le vestiaire! Finalement, GC a mis son alcool à notre disposition.»
Une longue nuit de festivités
Un épisode survenu peu après le coup de sifflet final prouve à quel point cette équipe de Wil était inconnue à l'époque. Davide Callà a échangé son maillot avec le joueur zurichois Ricardo Cabanas. Peu après, il s'est présenté à l'interview avec le maillot de Cabanas et on lui a demandé s'il n'était pas déçu. «Pourquoi? Nous avons gagné», a répondu l'ancien milieu. Renggli a vécu la scène de près et n'a pas pu s'empêcher de sourire. «Le journaliste l'a confondu avec Cabanas. Nous n'étions pas encore très connus.»
Après la victoire, toute la ville était dans les rues. «Je ne me souviens plus de grand-chose de cette nuit-là. C'était comme si j'étais en transe.» Quelques heures après minuit, Renggli et compagnie ont pris le chemin du retour. «Les célibataires sont ensuite allés plus loin», dit-il en riant.
Robbie Williams motive le FC Wil
Pour rendre l'impossible possible, l'entraîneur assistant Stephan Lehmann a eu recours à une astuce. Il a montré aux joueurs une vidéo de motivation avec des messages de salutations de leurs proches. Il a mélangé tous ces messages avec de la musique de Robbie Williams.
Cette initiative a sans doute eu un effet salutaire. Car jusqu'à peu de temps avant le coup d'envoi, on ne savait pas si le Brésilien Fabinho pourrait jouer. «J'ai manqué la demi-finale contre Saint-Gall à cause d'une déchirure musculaire. Avant la finale, j'étais à moitié rétabli, mais je sentais encore la blessure. L'entraîneur a toutefois dit qu'il avait besoin de moi et que je devais être sur le terrain.» Le reste fait partie de l'histoire du club et Fabinho devient l'élément décisif de la rencontre avec ses deux buts sur penalty. Peu après, le club est toutefois relégué en Challenge League.