«Je suis là pour découvrir!» Tout l'enjeu pour Alvyn Sanches lors de ce stage de quatre jours au Portugal avec la Nati, son tout premier, sera de trouver le bon équilibre entre une certaine humilité, indispensable en arrivant dans un groupe où figurent des joueurs bien établis, et l'insouciance dont le milieu offensif du Lausanne-Sport doit faire preuve pour pouvoir montrer ses immenses qualités techniques.
Candidat pour les qualifications à la Coupe du monde
Si Murat Yakin a sélectionné le jeune joueur du LS, c'est bien parce qu'il croit en son potentiel et qu'il veut lui donner la chance de se montrer au plus haut niveau. Ce stage de mars, sous la pluie intense du sud du Portugal, doit ainsi être l'occasion pour plusieurs jeunes joueurs de montrer au sélectionneur qu'ils ont l'étoffe pour faire partie du groupe appelé à affronter les très périlleuses qualifications pour la Coupe du monde 2026, qui débuteront en septembre.
Alvyn Sanches a une chance raisonnable de faire partie de cette équipe, mais c'est là, en Algarve, qu'il doit commencer par faire bonne impression. Avec un gros avantage pour lui par rapport à ses coéquipiers moins doués techniquement: l'exceptionnelle qualité du terrain d'entraînement du campus où la Suisse va passer ces quatre jours. Une galette absolument impeccable, qui ressemble de loin à un synthétique tant elle est parfaite. A lui de faire danser quelques défenseurs d'ici à jeudi pour prouver à tout le monde qu'il peut donner le tournis à des joueurs ailleurs qu'en Super League.
Plusieurs jeunes ont l'occasion de se montrer
«Les qualifications pour la Coupe du monde, elles ne débutent pas en septembre, elles débutent là, maintenant», lance Pierluigi Tami, le directeur des équipes nationales, en guise de motivation. Le message est clair: il y a des places à prendre pour qui en a envie (et le niveau). Granit Xhaka n'est pas là, Manuel Akanji non plus, mais les deux meilleurs joueurs de la Nati sont des valeurs plus que sûres, qui seront au rendez-vous en septembre sauf catastrophe. L'idée de ce tour d'horizon géant (Aurèle Amenda, Lucas Blondel, Isaac Schmidt, Stefan Gartenmann, Albian Hajdari, Pascal Loretz, Miro Muheim, Joël Monteiro...) est de voir quels jeunes joueurs sont susceptibles de jouer un rôle en vue et de s'intégrer à la vie de l'équipe d'ici à septembre.
Arrivé en charter depuis Zurich lundi après-midi, avec l'immense majorité de l'équipe, Alvyn Sanches a déjà pu sympathiser dans l'avion avec ses nouveaux coéquipiers, même s'il en connaît plusieurs depuis son aventure avec les M21, dont il était l'un des piliers. «Ce sera plus facile pour m'intégrer», a-t-il ainsi confié à Blick, lui qui arrive en confiance après le joli succès du LS à Saint-Gall (0-2), dont il a été l'un des grands artisans avec un but magnifique.
«Un rêve depuis que je suis tout petit»
Après deux ou trois semaines plus compliquées, tant sur le plan individuel que collectif, le milieu offensif de 22 ans a donc retrouvé son punch au bon moment pour la Nati et n'a d'ailleurs pas caché son émotion lorsque Murat Yakin l'a appelé, mercredi matin, pour lui annoncer qu'il était pris. «Franchement, le téléphone s'est très bien passé! J'étais tellement content... L'équipe nationale A, c'est un rêve depuis que je suis petit», a-t--il confié, confirmant les dires de Murat Yakin quant à la traduction assurée par Ludovic Magnin en personne. «Oui, heureusement que le coach était là!», a souri Alvyn Sanches, sans répondre à la question de savoir s'il maîtrisait mieux l'allemand que Murat Yakin le français... Pas question de vexer le sélectionneur d'entrée, même si celui-ci sait rire de lui-même et de ses lacunes en ce qui concerne la deuxième langue nationale.
«M'intégrer, voir comment c'est en vrai...»
Qu'attend Alvyn Sanches de ce stage de quatre jours et des deux matches contre l'Irlande du Nord et le Luxembourg? «Sincèrement, c'est une première pour moi, je vais essayer de m'intégrer, de voir comment c'est... De découvrir l'équipe de Suisse en vrai, tout simplement!» Et pourquoi pas de fêter ses débuts, lui qui peut évoluer à tous les postes offensifs et l'a encore prouvé samedi à Saint-Gall en jouant quelques minutes avant-centre à la suite de l'expulsion de Marvin Senaya. «Quand j'étais jeune, je jouais à ce poste, ça ne m'a pas dérangé!», sourit-il. Mais Ludovic Magnin n'a pas fait durer l'expérience, faisant entrer Kaly Sène après quelques minutes.
Il peut toujours opter pour le Portugal
S'il entre en jeu vendredi ou mardi, ou même s'il débute l'un des deux matches, ce sera plus vraisemblablement dans un poste dont il a désormais l'habitude, tout en sachant que même s'il porte le maillot de la Nati, il sera potentiellement toujours éligible pour le Portugal, seuls les matches officiels faisant foi. Cette semaine, Alvyn Sanches est cependant bien loin de penser à la Selecçao et de combiner avec Vitinha et Joao Neves à mi-terrain, tant il savoure son bonheur de porter le maillot rouge à croix blanche, lui qui arborera le numéro 25 à cette occasion. Et nul doute que lors du prochain rassemblement, son nom sera écrit juste au check-in de l'hôtel, et pas «Alvin»... Malgré tout son talent, ce jeune homme doit encore se faire un prénom et un nom. Rien de plus logique à 22 ans, avec tout l'avenir devant lui.