La Transnistrie, état pro-russe entre la Moldavie et l'Ukraine
Officiellement, la Transnistrie fait partie de la Moldavie. Mais dans les faits, il s'agit d'un état indépendant, où l'on accède en passant une frontière administrée par l'armée russe. Checkpoint, contrôle des passeports, document d'immigration: entrer en Transnistrie équivaut à pénétrer sur le territoire d'un nouvel état, dont la capitale est Tiraspol. L'Ukraine est à quelques kilomètres et Odessa à une heure et demi de voiture à peine. La Transnistrie joue un rôle stratégique dans la guerre entre la Russie et l'Ukraine, plusieurs milliers de militaires russes étant stationnés dans cet état qui arbore la faucille et le marteau sur son drapeau.
Le Sheriff fait la loi
Supermarchés, stations-service, téléphonie, immobilier, commerce de détail: impossible de ne pas dépenser son argent au sein du conglomérat Sheriff en passant ne serait-ce qu'un jour en Transnistrie. La société fondée par l'oligarque Viktor Gushan, un ancien officier du KGB, est tout simplement incontournable. Partout en ville se dresse l'étoile jaune et il se dit que l'oligarque serait même plus puissant que le président de la République autoproclamée. «S'il décide d'augmenter le prix de n'importe quel produit, cela a tout de suite des répercussions sur la vie quotidienne», explique un citoyen de Tiraspol, qui s'empresse de souligner que tout le monde connaît Viktor Gushan et a un avis. «Des gens l'aiment, d'autres le détestent. Il a une influence sur tout ici. S'il aime quelque chose, alors il va se montrer généreux. Sinon...»
Trois langues officielles
A Tiraspol, dans les faits, on parle surtout russe. Tout est écrit en cyrillique, que ce soit dans les magasins, les restaurants ou dans les inscriptions officielles. Mais, selon la constitution, la Transnistrie dispose de trois langues officielles: le russe, l'ukrainien et le moldave, ce dernier étant une variante du roumain. Si l'état transnistrien est clairement pro-russe, de nombreux Ukrainiens vivent à Tiraspol et les références au pays voisin sont nombreuses.
La Transnistrie a sa propre monnaie
Impossible d'en acheter ailleurs que sur le territoire de la République: le rouble transnistrien n'existe que dans cette bande de terre longue de 400 kilomètres et, pour s'en procurer, il faut changer des dollars, des lei moldaves ou des euros. Retirer des roubles transnistriens à la banque ou au distributeur n'est possible qu'avec une carte locale. Les touristes n'ont donc aucune chance d'y parvenir. Même pour payer dans un magasin, au hasard un supermarché Sheriff, ou dans une station-service, la carte de crédit occidentale n'a pas plus d'utilité qu'un bout de carton. Tout se fait en cash ou avec une carte locale.
Des références au communisme partout
La faucille et le marteau figurant sur le drapeau national rouge et vert, le ton est donné d'entrée. A Tiraspol, le communisme est une réalité stylistique en de nombreux endroits, dont le siège du Gouvernement transnistrien devant lequel se dresse un impressionnant Lénine. Le monument aux morts de la guerre de 1941-45 (les Russes ne disent pas 39-45), ainsi que celui dédié aux victimes de la guerre en Afghanistan, rappelle également l'URSS, tout comme une certaine architecture et les grandes avenues rectilignes. Les loyers sont extrêmement bas, tout comme le prix de la nourriture dans les échoppes dans les rues, et le gaz, livré par la Russie, ne coûte quasiment rien.
Une équipe de football performante
Le Sheriff gagne le championnat de Moldavie (quasiment) chaque année, sans réelle opposition. Son budget largement supérieur aux autres, ainsi que ses infrastructures absolument exceptionnelles, lui confèrent un avantage structurel avec lequel personne ne peut régater en Moldavie. La scène européenne est ainsi la seule qui intéresse véritablement le Sheriff, qui a réussi quelques jolis exploits ces dernières années. Le plus marquant, celui dont tout le monde a parlé à travers toute l'Europe, est bien évidemment la victoire à Madrid, sur le terrain du Real. Mais le Sheriff a également fait preuve d'une belle constance en participant quatre fois à la phase de groupes de l'Europa League depuis 2011. La saison dernière, le club moldave a participé à sa première phase à élimination directe après les poules, un 8es de finale de Conference League perdu de justesse face à Nice.