Ricardo Rodriguez, avez-vous pu décrocher pendant vos vacances à Ibiza?
Ricardo Rodriguez: Oui. C'était génial et le temps était fantastique, contrairement à la Suisse. Mais les vacances sont presque terminées. Je reprendrai l'entraînement avec le Torino FC le 23 juillet. Mais quand je vois que Seferovic et Gavranovic ont déjà rejoué, je me dis que j'ai eu de la chance.
Allez-vous rester au Torino FC? Avant l'Euro, vous étiez souvent remplaçant là-bas.
Je pars du principe que oui, car il me reste encore trois ans de contrat. Nicole (ndlr sa femme) et moi nous sentons très à l'aise à Turin. Mais si les choses évoluent différemment, j'en serai certainement informé. Au fond, il y a pire pour un footballeur que de rester sur le banc de touche pendant quelques semaines. Même si ce n'était pas les meilleures conditions pour me préparer en vue de l'Euro.
Dans quel sens?
Il n'est pas facile de passer de zéro à cent, puis de performer. Je pense avoir fait du bon travail lors de ce tournoi.
Prenons vos matches les uns après les autres.
Solide à bon contre le Pays de Galles. Moins bon, comme toute l'équipe, contre l'Italie. Et puis contre la Turquie, la France et l'Espagne, j'étais très satisfait. À l'exception du penalty manqué contre la France, bien sûr.
On ne peut pas éviter la qustion.
Je m'en doute bien. Que voulez-vous savoir?
Pourquoi avez-vous été le premier tireur après en avoir manqué deux d'affilée?
Parce que l'entraîneur m'a désigné comme tireur et parce que je me sentais bien.
Que signifie «désigné»?
Avant chaque match, Vladimir Petkovic note deux ou trois noms qui pourraient être des tireurs potentiels.
Quels autres noms figuraient sur la liste ?
Je pense à Shaqiri. Mais le mien était au sommet et comme je l'ai dit: je me sentais bien, sinon je n'aurais pas commencé. Et il faut dire que le penalty n'était pas si mal tiré, Hugo Lloris a aussi fait du bon travail dans les buts.
Et qu'est-ce qui vous est passé par la tête après le ratage?
J'étais en colère contre moi-même pour avoir raté ce qui aurait dû être le 2-0 décisif. Mais je n'ai pas baissé la tête et j'ai continué à me battre. Après, bien sûr, j'étais heureux que nous ayons réussi à revenir de 1-3. Après la séance de tirs au but, personne n'a parlé de mon ratage, mais de celui de Kylian Mbappé. Il suffisait d'écouter les commentaires de mes coéquipiers.
Après cela, vous avez décidé de ne plus tirer de penalties?
Non, ce n'est pas vrai. Je n'ai pas peur, peu importe combien j'en rate. Vous savez quoi: lors de la séance de tirs au but contre l'Espagne, j'aurais tiré le cinquième, mais malheureusement, cela ne s'est pas produit.
Après trois échecs consécutifs, vous auriez retenté?
Oui. Je ne me cache pas. Je me serais senti davantage mal si j'avais fuis mes responsabilités que si je ratais ma tentative. Je suis dans l'équipe nationale depuis dix ans, je peux supporter la pression et les critiques. J'ai déjà converti quelques penalties importants et en ai manqué quelques-uns aussi.
Et pourquoi le dernier de tous?
En fait, j'étais censé être le quatrième tireur et Ruben Vargas le cinquième. Puis je me suis demandé: pourquoi c'est le plus jeune qui doit tirer le dernier penalty? C'est beaucoup de responsabilités pour un jeune de 22 ans. C'est pourquoi je lui ai proposé de prendre le dernier. Je préfère prendre les coups si je rate. Je savais que je pouvais supporter les critiques. Malheureusement, c'était fini après le quatrième tir.