Rencontre au sommet à Milan
Yann Sommer: «Je crois que je suis maintenant la meilleure version de moi-même»

Yann Sommer s'exprime sur les rumeurs autour de sa retraite de l'équipe nationale et sur ce qui l'a fortement dérangé dans le cadre de cette décision. Il parle également de sa vie à Milan, de l'affrontement à venir contre son ancien club, le Bayern, et de son avenir.
Publié: 16.03.2025 à 09:49 heures
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Dernière mise à jour: 16.03.2025 à 12:23 heures
Yann Sommer se sent bien à l'Inter, un club où il est sous contrat jusqu'à l'été 2026.
Photo: TOTO MARTI
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Tobias Wedermann et Toto Marti

Une apparition digne d'une rock star! Yann Sommer (36 ans) arrive à San Siro, très stylé avec son manteau, ses lunettes de soleil et sa valise, pour une interview exclusive avec Blick. Des dizaines de personnes visitant le stade sortent alors leurs smartphones, heureuses de cette bonne surprise. Le gardien suisse rigole de son entrée fracassante et, plutôt que de parler de lui, souligne le bon goût vestimentaire de son accompagnateur au stade. De bonne humeur, le portier de l'Inter parle de son opération du pouce réussie, de son avenir, mais aussi un peu de son passé.

Avez-vous déjà des projets entre le 17 et le 26 mars?
Yann Sommer: Oui, des vacances pendant la pause internationale!

Certains aimeraient vous voir revenir dans les buts de l'équipe nationale.
Je suis très heureux de ma décision et de ma situation actuelle. Mais bien sûr, entendre que je manque à certaines personnes me fait plaisir, car cela montre que j'ai fait du bon travail au cours des dix dernières années.

Combien de fois vous demande-t-on encore de revenir jouer avec la Nati?
Lorsque quelqu'un annonce sa retraite tout en continuant à jouer au plus haut niveau, il est clair que cela reste un sujet de discussion. Je le comprends et je l'accepte. On se dit: «Yann Sommer pourrait encore être performant en équipe nationale». Je pourrais, bien sûr, mais malgré tout, me décision d'arrêter était et est juste.

Pourquoi?
L'énergie que j'ai maintenant pour l'Inter, je devais la mettre ailleurs avant. Ou en tout cas la diviser... Je vois maintenant à quel point ces jours de congé sont précieux pour respirer, avoir du temps pour ma famille et assumer mon rôle de père et de mari.

L'équipe de Suisse a à chaque fois encaissé au moins un but par match depuis que vous avez arrêté. Avouez, ça vous fait secrètement plaisir...
Non, vraiment pas. Je suis maintenant un grand fan qui vibre, qui exulte ou qui souffre avec les autres. Au début, c'était un peu bizarre de tout vivre depuis mon canapé - mais depuis je me suis habitué au rôle de supporter de la Nati.

Pourquoi y a-t-il tant de spéculations sur votre départ de l'équipe nationale?
Je n'en entends pas tant que ça.

Il se dit que vous n'avez pas eu le choix. D'autres personnes disent que vous auriez pu rester et accepter la concurrence avec Gregor Kobel...
C'est stupide! Je ne voulais pas prendre de décision avant l'Euro, même si c'est vrai que j'y avais déjà réfléchi un peu avant. Mais au cours du tournoi, l'idée que le huitième de finale contre l'Italie ou ensuite le quart de finale contre l'Angleterre pourrait être mon dernier match avec la Nati a grandi. Lorsque je suis allé saluer les supporters après la séance de tirs au but contre les Anglais, au fond de moi je savais que c'était fini. Patrick Foletti est venu me rendre visite à Milan après l'Euro et je lui ai annoncé que j'arrêtais. C'est tout.

Mais vous n'avez rendu votre départ publique que le 19 août, plusieurs jours après un article de presse annonçant que Gregor Kobel serait le numéro 1 à partir de septembre.
Cela m'a beaucoup dérangé. Cet article m'a enlevé la possibilité d'annoncer moi-même mon départ. Durant ma carrière, j'ai eu une relation ouverte avec de nombreux journalistes. C'est une relation donnant-donnant. J'étais en droit d'attendre au moins qu'on m'en parle avant que cela ne soit rendu public.

Si vous le saviez déjà après le match contre l'Angleterre, pourquoi avez-vous mis autant de temps à le communiquer?
C'est une grande décision, quasiment une retraite partielle de la carrière. Après l'Euro, j'étais d'abord déçu, complètement vidé. Et frustré aussi, car on aurait pu faire mieux que ce quart de finale. Je suis parti en vacances, j'ai eu des discussions avec mon entourage proche. Ensuite, j'aurais été prêt à le faire publiquement.

Est-il vrai que Murat Yakin ne vous a contacté quelques jours après cet article et pas tout de suite?
Oui, quelques jours se sont écoulés, mais la communication a toujours été assurée par Patrick Foletti.

Photo: TOTO MARTI

Vous vous concentrez maintenant sur l'Inter. 36 matches officiels, dont 19 sans encaisser de but cette saison. Vous ne vous ennuyez pas?
Non, je suis très impliqué dans les matches. J'ai beaucoup de ballons au pied, il n'y a aucun moment de relâchement. Il est important que je me concentre toujours sur le ballon et que je sois prêt quand on a besoin de moi. C'est très fatigant pour la tête.

Vos statistiques sont excellentes. En Champions League, vous avez établi plusieurs records qui n'avaient jamais été battus auparavant en phase de groupes. Qu'est-ce que cela signifie pour vous?
Je n'attache pas une grande importance aux statistiques, mais ce sont bien sûr des valeurs importantes et belles. Cela signifie que nous faisons un très bon travail défensif en tant qu'équipe. Même si je trouve que nous ne sommes pas aussi parfaits cette saison que la précédente.

Vous mettez l'équipe au premier plan, mais vous avez aussi un rôle principal. A 36 ans, êtes-vous la meilleure version de Yann Sommer qui ait jamais existé?
Je pense que oui. J'ai bien sûr pu acquérir beaucoup d'expérience, et le fait que j'ai déjà beaucoup investi dans mon corps et dans le mental depuis de nombreuses années me profite maintenant. Mais avant, j'ai eu des périodes dans ma carrière où j'ai fait de très bonnes performances, mais pas dans une équipe qui jouait des titres. C'est pourquoi cela se remarque davantage maintenant.

Votre entraîneur Simone Inzaghi est également marquant. Un entraîneur au sang très chaud sur la ligne de touche. Que pensez-vous de lui?
Pendant les matches, il est animé d'une passion folle. Il vit avec nous, il connaît tout de l'époque, il ne se relâche jamais et on a l'impression qu'il aimerait être sur le terrain. Je ne sais pas s'il est déjà resté tout un match dans sa zone devant le banc (rires). Au stade, il est présent et bruyant. Au quotidien à l'entraînement, il est tout à fait détendu, calme et méticuleux. Et très sympathique.

La vie en Italie est considérée comme l'une des meilleures que l'on puisse avoir en tant que footballeur professionnel. Vous n'auriez pas aimé venir plus tôt?
Je ne suis jamais allé en Espagne ou en Angleterre pour porter un jugement définitif. En Italie, les gens célèbrent le calcio en famille, c'est une expérience intéressante à vivre.

Le style de vie, la nourriture... Milan doit être formidable.
Si nous jouons tous les trois jours, nous n'en profitons pas vraiment. Bien sûr, le temps, la ville, les restaurants, la culture ou encore l'accueil des enfants à Milan sont au top.

Photo: TOTO MARTI

Mais cela n'a pas toujours été facile pour vous en Italie. Vous avez été cambriolé à plusieurs reprises, même pendant l'Euro. Vous avez maintenant déménagé en ville avec votre famille.
Oui, c'est vrai. Nous avions une belle maison, un peu en dehors de Milan, mais elle était très isolée. Nous avons donc décidé de déménager en ville.

Et San Siro, ce stade de légende...
C'est vraiment cool de jouer à San Siro. L'ambiance et tout ce qui l'entoure sont fantastiques. Même après un an et demi ici, j'ai encore parfois des frissons en entrant sur le terrain.

Y a-t-il eu des discussions sur votre taille en Italie?
Non, ce n'est plus un sujet. J'ai 36 ans et je n'ai plus besoin de prouver à personne qu'on peut être un bon gardien de but en faisant 1,83m.

Qu'avez-vous constaté dans la perception de votre personne en Italie? En Suisse comme en Allemagne, vous avez l'image du «beau Yann», du gendre idéal.
Cette image est généralement faite de l'extérieur. Mon objectif est de toujours être authentique. Même celle du «gendre idéal»: Cela semble si sage, alors que je suis tout simplement normal (rires).

Yann Sommer, vainqueur de la Champions League et de la Serie A - cela sonnerait-il mieux?
Cela sonne très bien. Gagner la Champions League est un très grand rêve pour tout footballeur, mais aussi un grand défi.

En quart de finale de la Champions League, vous affrontez votre ancien club, le Bayern Munich. Avez-vous encore des comptes à régler?
En toute honnêteté? Beaucoup le disent, mais c'est tout le contraire. Ces six mois ont été intenses, mais à la fin, nous avons été champions et j'ai pu emporter beaucoup de choses pour moi. Je ne regrette pas une seconde d'avoir rejoint le Bayern. Je suis très heureux d'avoir pris cette décision à l'époque.

Photo: TOTO MARTI

Le Bayern fait partie de votre passé. Quels sont vos projets d'avenir? Vous êtes sous contrat avec l'Inter jusqu'en 2026.
Je ne me fais pas trop de soucis. A mon âge, on ne parle généralement que de prolongations d'un an et ces discussions auront certainement lieu dans un avenir proche.

Mais vu votre état de forme, la fin de votre carrière ne devrait pas être pour tout de suite?
Je veux continuer aussi longtemps que possible. J'ai beaucoup investi et sacrifié beaucoup de choses pour pouvoir jouer à ce niveau aujourd'hui. Cela me comble et me fait plaisir. Je suis loin de penser à la fin, je prévois encore plusieurs années dans le football.

Après toutes ces saisons, avez-vous vraiment encore envie de jouer au football ? Où trouvez-vous cette motivation?
Je n'ai pas besoin d'aller la chercher ailleurs, elle est simplement là. De mon point de vue, j'exerce l'un des plus beaux métiers qui soient. Bien sûr, la pression, les absences, les voyages mènent aussi à des situations où l'on aimerait pouvoir respirer de temps en temps. Mais le plaisir de jouer, d'avoir du succès, est toujours aussi grand. La flamme en moi est toujours là, comme au premier jour.

Xherdan Shaqiri plonge actuellement la Super League dans l'euphorie. Vous pourriez en faire autant avec un retour en Suisse. Y avez-vous déjà réfléchi?
Non, pas non plus. Je suis très heureux à Milan et je n'ai pas l'intention de changer cette situation dans un avenir proche.

Photo: TOTO MARTI

Y a-t-il encore quelque chose que vous aimeriez particulièrement vivre ou accomplir dans votre carrière?
La chose la plus importante à laquelle je pense actuellement, c'est que je veux profiter de chaque moment de ma carrière. Les stades, les supporters, l'équipe. Il se peut que cette aventure prenne fin dans quelques années, et je veux profiter de tout ce qui reste.

Est-ce qu'un jour, vous regarderez votre carrière et vous regretterez quelque chose?
Je suis extrêmement satisfait et heureux de la manière dont tout s'est déroulé. J'ai toujours tout fait pour être la meilleure version de moi-même. Je n'ai donc rien à me reprocher. Parfois, j'ai très bien réussi, d'autre fois moins bien. C'est la vie.

Certains de vos anciens collègues de l'équipe nationale passent déjà leur diplôme d'entraîneur. Et vous?
Je me laisse le choix. Mais je ne me vois pas devenir entraîneur en chef. Je peux m'imaginer faire quelque chose de complètement différent.

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