Où se situe la limite entre satire et racisme? L'Association suisse de football (ASF) estime que le tiktoker «bireweichesouhund», alias Mirco Casorelli, l'a franchie. Et ce, avec ses propos sur les joueurs de l'équipe nationale, qu'il tient dans sa série de vidéos «Singkontrolle». Des termes comme «Schachtelgrinde» (têtes carrées, pour des joueurs d'origine kosovare) ou «gefürchige Gestalt» (silhouette effrayante, pour un joueur à la peau noire) constituent une infraction à la norme pénale contre le racisme (art. 216bis CP).
Reste à savoir s'il y aura une condamnation. Pour la Commission fédérale contre le racisme (CFR), une chose est sûre: «Oui, les propos dénoncés par l'ASF sont racistes et xénophobes. C'est maintenant aux autorités de poursuite pénale de juger si elles sont aussi pénalement répréhensibles».
Interrogée par Blick, la CFR justifie sa position: «Ces déclarations offensent les footballeurs en raison de leur origine nationale ou ethnique, ou se moquent d'eux de manière dégradante. Selon nous, l'élément satirique n'est pas évident».
La commission salue le fait que l'ASF ait envoyé un signal clair avec sa dénonciation. A la question de savoir où se situe la limite entre le racisme et l'humour, la CFR répond: «Tout dépend du contexte. Le simple fait de dire qu'il s'agit d'une blague ne rend pas une blague raciste moins raciste. Il faut toujours se demander qui rit de quoi avec qui et qui doit supporter d'être ridiculisé sans pouvoir se défendre. L'intention et le contexte jouent un rôle central dans cette évaluation. L'humour ne doit pas être utilisé pour porter atteinte à la dignité humaine ni pour propager des attitudes dégradantes et de rejet».
La police cantonale bernoise, qui a reçu la plainte de l'ASF, a ouvert une enquête. La prochaine étape pour Mirco Casorelli est de s'expliquer devant la police. Il nie envers Blick toute arrière-pensée raciste dans ses vidéos: «C'est ridicule! Je ne suis certainement pas raciste. Mon père est italien, ma femme a la peau noire. Les vidéos sont satiriques».