Une intervention des forces de l’ordre a eu lieu début avril à Nyon dans les locaux de l’Union des associations européennes de football (UEFA), a appris Blick. Selon nos sources, plusieurs personnes seraient dans le viseur de la justice pour des faits qui s’apparenteraient à «de la corruption».
Rembobinons. Début avril 2021, siège de l’UEFA à Colovray. À deux mois du début de l’Euro, les bureaux de la puissante organisation sont en ébullition à Nyon. Les 24 nations qualifiées s’apprêtent à se disputer le titre continental à partir du 11 juin. Nous sommes encore loin de la finale (et du succès italien à Londres), mais les derniers préparatifs vont bon train.
Deux personnes détenues quatre mois
Blick révèle aujourd’hui que la police cantonale vaudoise est venue chambouler le programme sur les bords du Léman. «Le Ministère public vaudois confirme l’existence d’une instruction pénale, qui a comporté une intervention policière au siège de l’UEFA», nous ont répondu les autorités judiciaires cantonales. De nombreuses personnes, certaines d’entre elles étant des collaborateurs de l’UEFA, ont été entendues.
Nous sommes même en mesure d’affirmer que deux individus ont passé quatre mois en prison. Le Ministère public précise que la première personne a été libérée ce mercredi, l’autre le sera vendredi. Mais il refuse de dire si les deux sont employés par l’UEFA. «Les procédés d’enquête en cours se poursuivront durant les mois à venir, détaille-t-il. Les deux prévenus – dont on rappelle qu’ils bénéficient de la présomption d’innocence – ont été détenus depuis le 7 avril 2021.»
Un puissant service de l’UEFA visé
Les motifs de l’intervention et de cette détention n’ont pas non plus été dévoilés, malgré notre requête. D’après nos sources, des rétrocessions auraient été encaissées sur des contrats liant l’UEFA à des prestataires. Les sommes détournées seraient conséquentes. Toujours selon nos informations, ce serait le puissant département «Information communications and technology» (ICT) qui serait concerné.
Ce service est l’un des plus grands de l’association faîtière du football en Europe. Sur son site officiel, il est précisé qu’il s’agit «d’une unité essentielle, fournissant une large gamme de services, allant de l’infrastructure et de la technologie à l’Euro, au développement d’applications mobiles et de solutions technologiques innovantes».
L’affaire a été gardée secrète par l’UEFA, à deux mois de son plus important rendez-vous de l’année. Jusqu’à présent, l’intervention de la police cantonale n’avait jamais été révélée. «En l’état actuel de la procédure et de l’instruction, nous considérons qu’il n’y a pas matière à communication de notre part, s’est justifié le Ministère public vaudois. À cet égard, nous nous référons principalement aux règles et conditions fixées par la loi, qui rappellent l’exigence du respect du principe de la présomption d’innocence et des droits de la personnalité des personnes concernées.»
L'UEFA «a coopéré immédiatement»
Contacté jeudi après-midi, le secrétaire général Theodore Theodoridis nous a renvoyés vers son service de communication. Celui-ci ne confirme ni n'infirme les allégations de corruption. «L’UEFA a coopéré immédiatement et de manière totale avec les autorités suisses lorsque nous avons été contacté à ce sujet. Toutes autres questions devraient être adressées au Ministère public vaudois», nous a fait savoir l'organisation qui gère le football européen.