Blaise Nkufo (34 sélections et 7 buts) a participé à l’une des plus belles victoires de l’histoire de la Nati. En Afrique du Sud, la Suisse avait battu en 2010 la grande Espagne (1-0), championne d’Europe en titre. Une Roja qui allait remporter cette Coupe du monde quelques semaines plus tard. Le Vaudois, ancien attaquant de Twente, n’a rien oublié de cette folie nuit de Durban.
Blaise, au moment de rentrer sur le terrain en 2010, vous pensiez vraiment pouvoir battre l’Espagne?
Un match, c’est 90 minutes et on avait un plan de jeu. Il fallait souffrir et faire des efforts sur le plan collectif et individuel. Face à cette grande Espagne, notre équipe a montré beaucoup d’abnégation. Nous avons profité d’une des rares erreurs adverses. À 1-0, nous avons ensuite su conserver le score.
Ce fut l’un des meilleurs matches de votre vie sur le plan émotionnel?
Bien sûr. La Coupe du monde est une compétition particulière, la plus grande à la fin de ma carrière. A titre personnel, c’est une grande récompense après ce que j’avais accompli en club et lors de la qualification. Ces souvenirs sont gravés à vie et j’ai tiré ma révérence après cela.
Vous avez parlé d’abnégation. Est-ce que la Nati d’aujourd’hui en possède autant?
Oui, voire plus. J’ai beaucoup aimé leur comportement face à la France. Les joueurs et le staff ont été vivement critiqués mais ils ont fait front. La vérité du terrain à parler. Ils ont joué à leur manière, même quand ils menaient 1-0 contre les Bleus. Ils ont montré beaucoup de caractère, que ce soit Xhaka ou Embolo, qui a pu mener l’attaque lors des premiers matches. Je vois une équipe à l’aise, qui a une façon de s’exprimer et un langage commun.
Est-ce que la victoire face à l’Espagne en 2010 a décomplexé cette équipe de Suisse?
On peut comparer la rencontre de Durban et la victoire contre la France. Il n’y a désormais plus de petites nations. Vladimir Petkovic disait avant le match que la Suisse devrait donner plus que le 100% sur le terrain, au contraire des Français. Avec la bonne attitude sur le terrain, tout est possible. En 2010, nous avions surtout gagné grâce aux circonstances. La balle ricoche, nous avons un rebond favorable et Gelson parvient à glisser la balle au fond des filets. Mais, nous étions prêts à aller au combat, à jouer. Nous sommes restés concentrés et avons profité des erreurs de l’équipe favorite.
Qu’est-ce qui a changé depuis 2010?
L’équipe de Suisse aujourd’hui est beaucoup plus joueuse. Les hommes de Petkovic connaissent leur rôle et savent ce qu’ils doivent faire. Cela me plaît beaucoup. La Nati impose sa façon de jouer. Ce ne sera pas facile contre l’Espagne mais elle a beaucoup plus d’armes. Même lorsque ses attaquants sont critiqués, ils répondent. Seferović marque deux buts contre la France et Gavranović rentre, égalise et prouve que cette équipe à des ressources. Il faut exploiter cela.
Affronter l’Espagne de 2021 est-il plus facile que celle de 2010?
Non, je ne pense pas que ce sera une tâche facile pour la Suisse. Les noms sont moins connus, sauf Sergio Busquets, seul rescapé de Durban. Mais c’est une équipe talentueuse, avec aussi un entraîneur qui souhaite voir son équipe jouer. Elle fait preuve d’une grande maîtrise, même si elle pêche par moments, notamment à la finition. C’est un beau défi à relever pour l’équipe de Suisse, qui connaît ses qualités. Attention tout de même à l’absence de Granit Xhaka.