La pause internationale prévue début septembre ne concernera pas que Murat Yakin et son équipe cette année. En effet, l'Equipe de Suisse version Euro 2008 du regretté Köbi Kuhn reprendra du service le temps d'un match pour la bonne cause face à ses homologues turques.
Et c'est Michel Pont, entraîneur assistant du Zurichois de 2001 à 2008 et d'Ottmar Hitzfeld de 2008 à 2014, qui prendra les rênes de la formation helvétique pour une confrontation un peu spéciale.
Souvenirs douloureux
En effet, le Genevois était là, dans le staff de l'Equipe de Suisse, lors du tristement célèbre match retour du barrage opposant les deux sélections pour accéder à la Coupe du monde 2006. «J'ai hésité longtemps à cause des événements de 2005, admet Michel Pont par téléphone. Même si là on est sur l'affrontement de 2008. C'est un souvenir très douloureux et qui reste gravé dans la mémoire.» Il faut dire que cette soirée s'était très mal terminée pour les joueurs helvétiques.
À peine la rencontre terminée et la qualification pour le Mondial actée, les membres de l'équipe ont dû fuir le terrain et courir se réfugier dans leur vestiaire à la suite de l'attaque de plusieurs de leurs adversaires. Si la plupart s'en sont sortis sains et saufs, d'autres, comme Stéphane Grichting, n'ont pas eu cette chance. Le Valaisan a en effet vu son canal urinaire être perforé après un coup d'un Turc.
S'il a vécu l'enfer à Istanbul ce soir-là, Michel Pont parvient tout de même à relativiser. «Cela a tout de même été ma plus belle défaite, car nous nous sommes qualifiés et avons pu disputer cette merveilleuse Coupe du Monde en Allemagne.»
Pour Köbi Kuhn
Mais l'ancien assistant souhaite également avoir des réponses et compte sur cette partie prévue à Lausanne. «Cela permettra de rencontrer Fatih Terim et de lui parler du match de 2005, confie-t-il. J'aimerais lui demander comment il a ressenti les événements et pouvoir échanger à ce sujet, sans animosité. Les choses désagréables doivent être résolues de façon pacifique.»
Et cette rencontre amicale permettra également au Genevois de renouer avec ses anciens protégés tout en rendant hommage à celui qu'il considérait comme son grand frère: Köbi Kuhn. «C'est pour lui que j'ai accepté», avoue Michel Pont.
Il faut dire que la relation entre les deux hommes était spéciale et allait au-delà du monde du football. Prendre sa place le temps d'une rencontre sera donc forcément quelque chose de particulier. «Je vais surtout le regretter, poursuit-il. Nous étions un binôme incroyable. Nous faisions cœur et cela s'est dégagé sur cette équipe.»
Les papys font de la résistance
Reste à savoir qui fera vibrer le public de la Tuilière. «Je n'ai pas encore la liste complète, nous apprend Michel Pont. C'est toujours compliqué de l'obtenir rapidement avec l'emploi du temps des uns et des autres. Mais j'espère qu'une majorité sera présente. Il est important de soutenir les victimes des tremblements de terre en Syrie et en Turquie.»
Une incertitude quant à l'effectif présent qui ne devrait cependant pas inquiéter l'homme de 69 ans puisqu'aucune préparation d'avant-match n'est naturellement prévue. «Les joueurs sont presque tous retraités et par expérience des matches de gala comme ça, ils disent tous qu'ils ne font qu'un quart d'heure et au final c'est impossible de les remplacer, rigole-t-il. Ils se prennent au jeu et c'est toujours intéressant de voir leur esprit de compétition qui reste au fond d'eux.»
Jusqu'à présent, seuls Philippe Senderos, Patrick Müller, Gelson Fernandes, Hakan Yakin, Eren Derdiyok et Johan Vonlanthen ont confirmé leur présence.