«Bienvenue dans l’enfer du Grand Record» affichait une bannière derrière les buts du FC Échichens, entre la pelouse et la piste de BMX. L’enfer, les vingt-deux acteurs et les 1200 spectateurs du terrain de Grand Record l’ont surtout vécu au niveau des températures. Caniculaire, au point qu’avant la rencontre, de nombreux spectateurs cherchaient désespérément de l’ombre.
C’était le cas de Safet et Urs, cachés derrière la bannière de «l’Alléchichentisme». Le premier nommé est entraîneur de l’équipe de 4e ligue tandis que le second est tout simplement son voisin. «Je suis obligé de dire que je suis pour Échichens», confie Safet sur le ton de la plaisanterie. De son côté, Urs préfère largement regarder le football à la télévision: «Je suis allergique au stade, avec toutes les bagarres qu’il peut y avoir. Mais aujourd’hui, c’est une fête».
Le «Kop Chasselas»
Retour à la chaleur assommante en compagnie de Patrick Zurn, membre du comité élargi créé spécialement pour l’événement et responsable de la communication, «mais ce n’est pas le job le plus dur, je suis plutôt détendu», tempère-t-il d’emblée. Bien épaulé par son grand frère lausannois, Patrick a alimenté les réseaux sociaux avec, par exemple, des vidéos d’anciens joueurs étant passés par Échichens et le LS.
Celui qui évolue en 4e ligue avec le club vaudois en est également un fervent supporter. La bannière de «l’Alléchichentisme» sous laquelle s’abritait son entraîneur, ainsi que celle du «Kop Chasselas», a été créée par Patrick et ses amis. Cela remonte à 2015, année durant laquelle le FC Échichens a acquis sa promotion en deuxième ligue interrégionale, division qu’il n’a plus quittée depuis. «Le Kop Chasselas, c’est en hommage à notre président (ndlr Michel Cruchon) qui est vigneron», sourit Patrick. Un parcage qui a été bien moins bruyant que son homologue lausannois et pour cause: la plupart de ses voix se sont engagées en tant que bénévoles et ne pouvaient pas s’occuper de l’animation durant le match.
Les revenus de la buvette au club
Un détour par la buvette principale pour se désaltérer (sur conseil du speaker, qui a fréquemment rappelé l’importance de boire par cette chaleur) est l’occasion de discuter avec Muriel. Celle qui tient la buvette depuis huit ans n’a jamais vécu de match comme celui de samedi. Pas de quoi l’inquiéter plus que tant: «Ce n’est que du plaisir.» Elle confie qu’une certaine complicité s’est installée entre tous les bénévoles. «Nous sommes comme une famille, développe-t-elle. Lorsque nous avons lancé un appel il y a cinq semaines, tout le monde a répondu présent et cela paie aujourd’hui (ndlr samedi).»
Les autres buvettes ambulantes que l’on pouvait trouver tout autour du stade étaient tenues par les joueurs des autres équipes du club. «Le total des revenus sera reversé au club, afin d’aider au développement des jeunes», confie Muriel.
Un président heureux
Le coup d’envoi est enfin sifflé, après que les joueurs d’Échichens ont eu la plus grande peine du monde à rejoindre la pelouse. Quand bien même ils ont pénétré sur le terrain par la petite porte (cf. photo ci-dessous), ils ont pu la quitter la tête haute. Sur le terrain, les Échichanais ont tout donné et ne se sont inclinés «que» 2-0. Malgré les quatre ligues d’écart avec son homologue lausannois qui s'est qualifié, mais chichement.
En début de seconde mi-temps, le président du club Michel Cruchon est venu s’installer à côté de nous afin de converser. «C’est chaud pour tout le monde», explique-t-il en parlant aussi bien de la météo, de l’événement ou d’un point de vue sportif. Car au moment où il s’est assis, le score était encore nul et vierge. «Un scénario idéal» pour le président.
Il revient ensuite en détail sur l’organisation de cette journée pour le petit club du FC Échichens. «Alors que nous sommes en pleines vacances, les bénévoles ont répondu présent. Nous avions plus de gens motivés que de postes à pourvoir», raconte un Michel Cruchon fier de son équipe qui compte plus de 110 personnes.
Le fait de tirer le Lausanne-Sport au premier tour de la Coupe a rendu la fête encore plus belle. «C’est l’affiche idéale, nous avons de très bonnes relations. On les aime», scande le président. L’organisation de l’événement a été grandement facilitée par le LS puisque celui-ci a mis à disposition des Echichanais sa plateforme de vente de billets, ses machines pour scanner, son speaker et même sa mascotte. Un véritable «grand frère», le terme que le FC Échichens s’est quelque peu approprié mais qui sied bien à Lausanne. Et sur la pelouse, même les deux buts encaissés par les siens durant notre discussion n’ont pas enlevé le sourire sur le visage de Michel Cruchon.
Quid des joueurs?
La fin du match est l’occasion de se rendre sur le terrain et de discuter avec les joueurs d’Échichens, après les traditionnels échanges de maillots. Premier arrêt auprès du héros échichanais, Valentin Piot, le gardien qui a longtemps tenu son équipe dans le match. Comment a-t-il vécu cette rencontre particulière? «C’étaient la ligue et le nom qui étaient particuliers. Après, ça reste un match de foot», tempère le numéro 30. Devant plus de 1200 spectateurs, il confie avoir fait abstraction de l’affluence: «Le mot d’ordre était de prendre un maximum de plaisir et c’est réussi».
Valentin Piot est rejoint par son attaquant Louis Lebesgue, qui jouait là son premier match officiel avec le FC Échichens. «Je ne m’attendais pas, dès mon arrivée, à vivre une ambiance comme celle-là, avoue le feu follet français. Je remercie tout le club et les supporters.»
«Ce qu’on va retenir, c’est de la fierté», résume Valentin Piot, qui ne souhaite pas tirer la couverture à lui (surtout avec cette chaleur).