De temps en temps, certains fans de football jettent un regard envieux vers les États-Unis. Certes, là-bas, ce sport reste secondaire et porte encore le nom de «soccer». Mais en termes de suspense et d’équité, les Américains n’ont rien à envier à l’Europe. L’une des raisons principales est l’existence d’un salary cap, ou plafond salarial, dans les grandes ligues professionnelles. Ce mécanisme permet d’éviter un phénomène bien connu dans le football européen: des clubs aux ressources financières écrasantes qui dominent les compétitions, car, au final, l’argent finit toujours par marquer des buts.
L’UEFA a pris conscience de ce déséquilibre et a tenté d’agir au fil des années. Le fameux «fair-play financier» en est la preuve. Une nouvelle mesure encore plus stricte doit entrer en vigueur dès la saison 2025/26: les clubs européens ne pourront alors consacrer que 70% de leurs revenus aux dépenses liées à leurs effectifs (transferts, salaires, honoraires d’agents). Ce plafond, actuellement fixé à 80 %, vise à freiner l’inflation galopante des coûts.
L’UEFA peut-elle vraiment imposer ses règles?
Cette règle pourrait poser de sérieux problèmes aux clubs de haut niveau, notamment dans les ligues majeures. En Premier League, par exemple, le ratio moyen des coûts liés aux effectifs est de 83,4 % selon «Bild Sport», avec des pics dépassant les 120%. Manchester City, à titre d’illustration, dépense près de quatre millions de francs suisses... par semaine en frais de personnel. En Serie A, ce taux atteint en moyenne 84,9%, et 80,7% en Ligue 1. Seules la Bundesliga (59,5%) et la Liga espagnole (71,6%) affichent des ratios plus raisonnables. Toutefois, même en Espagne, des géants comme le FC Barcelone ou le Real Madrid dépassent largement ces seuils et enfreignent déjà les normes fixées par l’UEFA.
Face à cette situation, il n’est pas surprenant que les clubs allemands, particulièrement ceux de la Bundesliga, fassent pression pour que l’UEFA applique strictement ces règles. Un exemple emblématique est Manchester City, accusé de 115 infractions financières entre 2009 et 2023. En 2020, l’UEFA avait exclu le club de la Ligue des champions pour deux saisons, mais cette décision a été annulée par le Tribunal arbitral du sport (TAS). Résultat? Une simple amende de dix millions de francs.
Cependant, le dossier reste ouvert. Manchester City fait à nouveau face à des poursuites, avec un jugement attendu début 2025. Cette décision pourrait bien être un test décisif pour la crédibilité et l’autorité de l’UEFA.