Habituellement, lorsqu'un joueur qui n'a pas réussi à s'imposer rentre au pays, c'est la fin de son rêve de l'étranger. Ce n'est pas le cas de Vincent Sierro. Le Valaisan a quitté Sion il y a six ans pour le SC Fribourg, en Allemagne.
Après un an et demi et seulement quatre apparitions en Bundesliga, il en a assez et revient en Suisse, au FC Saint-Gall. Là, il prend son envol et reçoit une offre de Young Boys un an plus tard. Dans la capitale, il devient un pilier de l'équipe. En janvier de cette année, le Valaisan est contacté par Toulouse. Désormais, sa carrière est en Ligue 1.
Mais l'offre du «Téfécé» est arrivée de manière inopportune. «Je voulais absolument vivre le titre avec Young Boys, admet Vincent Sierro. J'ai été deux fois champion et une fois vainqueur de la Coupe. Mais à cause de la pandémie, il n'y a pas eu de festivités. C'était un souhait de vivre cela avec les fans de YB.»
Ce week-end, les Bernois ont pu fêter leur titre de Super League avec leurs fans, mais sans Vincent Sierro. «En fin de compte, l'offre de Toulouse était trop bonne pour que je la laisse passer, tempère-t-il. C'était une opportunité qui ne se représentera peut-être jamais.»
Toulouse? «Le projet que je cherchais»
En début d'année, des négociations ont donc eu lieu entre le club de la Ville rose d'un côté et Vincent Sierro et Michel Urscheler, son agent, de l'autre. À Toulouse, le Valaisan découvre une équipe dans laquelle il est prêt à s'engager: «Je voulais quitter Young Boys uniquement pour un projet super intéressant, qui me passionne. J'ai donc examiné Toulouse à la loupe. Après ça, j'ai dû me rendre à l'évidence: le Téfécé est ce projet que je cherchais.»
Vincent Sierro décortique aussi le jeu de son nouveau club: «Il ne s'agit pas seulement de savoir où le club veut aller, mais aussi de quelle manière. On l'a vu en finale de la Coupe, contre Nantes: c'est une équipe qui joue toujours derrière et qui va toujours de l'avant. J'adore ça!» Et au Stade de France, cela a plutôt réussit à Toulouse. Les «Pitchouns» ont écrasé Nantes (5-1) pour remporter la deuxième Coupe de France de leur histoire.
Le président est un fou de données
Mais bien sûr, il n'y a pas que le style de jeu qui a poussé Vincent Sierro à rejoindre le sud de la France: «Il y a aussi le président, Damien Comolli, qui est arrivé après la relégation pendant la pandémie. Il a une énorme expérience internationale. Il a travaillé à Arsenal, Tottenham, Liverpool et Fenerbahçe. Avec lui, tout est basé sur les données. Pas les buts, les penalties ou les assists. Mais des statistiques de jeu plus approfondies. Ces données doivent permettre de trouver des joueurs qui passent sous le radar et qui sont donc disponibles à un prix plus avantageux que ce qu'ils devraient être en raison de leur qualité.»
Et Damien Comolli est différent. Il ne croit pas, par exemple, que des défenses solides gagnent des championnats. Mais ses données disent autre chose. Toulouse n'est revenu en Ligue 1 que grâce à sa meilleure attaque. Le credo de Damien Comolli: celui qui ne veut pas jouer au football doit changer de travail.
Tour d'honneur avec le drapeau valaisan
Heureusement pour lui, Vincent Sierro a réussi à s'imposer dans cet environnement particulier. Sur les six derniers matches, l'homme titulaire d'un bachelor en économie en a commencé quatre. Mais pas la finale de la Coupe dans un Stade de France plein à craquer. «Notre capitaine était blessé et il est revenu pour la finale. C'est là que j'ai su qu'il allait jouer. Mais je suis entré le premier», sourit l'ancien Sédunois. Vincent Sierro avait invité 32 membres de sa famille et amis à Paris. Et à la fin du match, il a fait le tour d'honneur avec le drapeau valaisan – «parce que personne n'avait pris de drapeau suisse…», rigole-t-il.
Depuis son arrivée dans la Ville rose, Vincent Sierro n'a plus de voiture. Loin l'image du footballeur arrivant en Lamborghini à l'entraînement. «J'habite au centre-ville. Je n'ai pas besoin de voiture, je fais tout à pied, justifie-t-il. Dans le centre, avec ses ruelles étroites, c'est catastrophique de conduire. Et puis, si quelqu'un décharge quelque chose, tu ne peux pas passer – et tu dois attendre dix minutes. C'est pour ça que j'ai une trottinette électrique, et c'est la solution parfaite. Je vais aussi à l'entraînement avec. Et je ne suis pas le seul dans l'équipe.»
Bientôt la raclette à Toulouse
Beaucoup de choses sont en lien avec la Suisse dans la vie toulousaine de Vincent Sierro. Il y a d'abord l'ex-défenseur du «Téfécé» François Moubandjé. Le Genevois est sous contrat avec le FC Sion et actuellement blessé au genou. Il a décidé de faire sa rééducation dans la Ville rose: «Avec lui, je vais manger de temps en temps.»
Mais il y a aussi deux meules de fromage à raclette valaisan dans le congélateur de Vincent Sierro et qui n'attendent qu'à être utilisées. «J'ai déjà le four à raclette. Et mon père m'a apporté le fromage. J'ai dû inviter mes coéquipiers à un barbecue. Là, ce n'est pas du fromage qui a été grillé, mais de la viande… La raclette, ça viendra plus tard.»
Il faut aussi avoir un esprit sain dans un corps sain. Et le cerveau ne doit pas être négligé non plus. «Maintenant que j'ai fini de m'installer ici, j'ai le temps d'approfondir mon anglais», souligne Vincent Sierro.
Et de loin, le Valaisan observe ce que fait son ancien club de Young Boys. Et le 4 juin, il pourra peut-être célébrer son troisième titre si YB bat Lugano en finale de Coupe de Suisse. Ce serait d'ailleurs sa deuxième coupe nationale en l'espace d'une seule saison!