Les vérités de Kastriot Imeri
«Je veux quitter Servette par la grande porte»

Courtisé par plusieurs clubs d'Europe, le milieu de terrain genevois évoque pour la première fois le récent mercato hivernal. À 21 ans seulement, «Kastri» fait preuve d'une étonnante patience, de détermination et de maturité. Il s'est confié à Blick.
Publié: 10.03.2022 à 19:50 heures
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Dernière mise à jour: 11.03.2022 à 11:10 heures
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Kastriot Imeri fera encore vibrer le club genevois, au moins jusqu'à cet été.
Photo: Claudio de Capitani/freshfocus
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Ugo CurtyJournaliste Blick

Le suspense a tenu les supporters genevois en haleine pendant des semaines. Kastriot Imeri allait-il céder aux chants des sirènes européennes durant le mercato hivernal? Les rumeurs ont fusé sur les réseaux sociaux et le joueur y a fait le tour de l’Europe: de Londres à Gênes, en passant par Nice et Rotterdam.

Le gamin de Meyrin a finalement décidé de rester, au moins jusqu’à cet été. Il n’avait jamais expliqué les raisons de son choix. Pour Blick, il est revenu sur cette période animée, évoquant aussi les doutes qui l’ont habité.

Sa décision de rester cet hiver
«Si je suis encore là, c’est que je dois travailler encore un peu plus pour faire ce pas en avant. Je veux quitter Servette par la grande porte. C’est l’équipe de ma ville, celle où j’ai grandi et fait mes débuts. Deux ou trois clubs ont fait des démarches auprès de Servette. J’aurais pu partir plus tôt mais je voulais faire mon temps ici, m’imposer et remplir ma valise d’expérience. Pour l’avenir, j’ai une préférence pour la Bundesliga, mais on verra bien. Il me reste encore 18 mois de contrat et je veux tout donner pour Servette.»

Les conseils de Gaël Clichy
«Je suis quelqu’un de calme, qui réfléchit énormément. Cela fait aussi ma force et je n’ai pas l’habitude de me précipiter. Cet hiver, j’ai échangé avec Gaël Clichy. Il m’a donné de bons conseils, m’a dit de partir seulement dans un club qui me veut absolument. J’ai pesé le pour et le contre. Ces envies d’ailleurs ont résonné un moment mais je suis passé à autre chose et dès la reprise ce n’était plus dans mon esprit.»

Les rumeurs de transfert sur les réseaux sociaux
«J’ai les mêmes agents depuis trois ou quatre ans. C’est surtout avec mes parents qu’ils parlent en premier quand il y a des offres, pour que je puisse me concentrer au maximum sur le terrain. Mes comptes sur les réseaux sociaux sont aussi gérés par d’autres personnes, pour ne pas perdre trop d’énergie. Mais forcément, ces rumeurs me sont revenues aux oreilles. Ça m’a fait rire et c’est positif que les gens parlent de moi après tout.»

Son nouveau rôle dans le vestiaire
«Même si je n’ai que 21 ans, je ne me considère plus comme un jeune de l’équipe. Après le départ d’Anthony Sauthier à Yverdon, j’ai intégré ce groupe de capitanat élargi en janvier (ndlr: aux côtés de Frick, Clichy et Rouiller). Ce n’était pas un objectif en soi mais j’en suis fier. J’ai aussi pris conscience que je n’ai plus le même statut depuis ma sélection en équipe de Suisse. C’est la récompense de ce que j’ai pu accomplir depuis cinq ans au club. Je ne parle pas énormément mais quand les choses doivent être dites, je n’ai pas peur de le faire.»

L’importance de son entourage
«Ce n’est que du bonheur d’être un footballeur pro pour Servette. Ma sœur me le rappelle souvent: «Tu as la chance de faire ce que tu aimes: alors fais-le à fond!» Elle a raison. C’est important pour moi d’avoir cet échange avec eux, d’avoir leur regard extérieur. Longtemps, pour me préserver, mes parents ne m’ont pas parlé de ce qu’ils avaient vécu en quittant leur pays pour venir en Suisse. Mais avec les années, j’ai osé poser les questions. Leur histoire me donne envie de leur rendre la pareille. Tout casser, c’était un objectif. Aujourd’hui, c’est presque devenu une obligation. Même si on n’a jamais manqué de rien. Quand je vois ce qu’il se passe en Ukraine, je pense forcément à toutes ces familles qui n’ont pas eu la chance de fuir. Le Kosovo aussi est passé par là.»

Son parcours sinueux
«Depuis petit, je travaille énormément. D’autres étaient bien plus talentueux que moi. En sélection genevoise chez les jeunes, je n’avais été appelé qu’une seule fois en deux ans. Et encore, c’est parce qu’il y avait eu un blessé. Je rentrais en pleurs presque à chaque fois parce que je voulais absolument y arriver. Je n’ai jamais pensé à abandonner. Ce mot n’est même pas dans mon dictionnaire parce que je savais que j’allais y arriver. Il fallait faire deux fois plus d’efforts pour que les portes s’ouvrent. J’ai toujours été têtu, toujours voulu gagner. Même à l’école, je pétais les plombs si je perdais. Avec les années et la maturité, j’ai compris que je devais apprendre de chaque échec pour réussir à progresser. Sinon, tu n’avances jamais.»


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