Le Zurichois peine à réaliser
Manuel Akanji: «J'ai vécu deux semaines complètement folles»

Le défenseur de la Nati a été transféré à Manchester City, est devenu papa et a remporté une victoire en Ligue des champions en quelques jours. Manuel Akanji revient pour Blick sur ces événements et explique pourquoi sa famille ne se rendra pas au Qatar. Interview.
Publié: 12.09.2022 à 16:24 heures
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Dernière mise à jour: 12.09.2022 à 16:37 heures
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À Manchester City, Manuel Akanji a retrouvé un certain Erling Haaland. L'attaquant norvégien était son coéquipier à Dortmund.
Photo: Getty Images
Andreas Böni

La connexion vidéo est établie. Nous voici en contact avec Manuel Akanji, qui a accepté de prendre quelques minutes de son précieux temps pour évoquer ses débuts à Manchester City.

Le défenseur de la Nati, joyeux et bavard, en passera 40 à discuter avec Blick. Malgré deux petites déconnexions soudaines. «Je suis désolé, un ami essaie de m'appeler depuis la Suisse, rigole le joueur de 27 ans. Je lui ai dit de me contacter à 18h, j'ai oublié de tenir compte du décalage horaire d'une heure!»

Manuel Akanji était tout sourire au moment d'échanger avec Blick.
Photo: Blick

S'il y a encore des adaptations à faire dans la vie quotidienne, l'intégration a été totale sur le terrain pour Manuel Akanji. L'ancien joueur de Dortmund a connu un baptême du feu convaincant avec Manchester City lors du choc de Ligue des champions face à Séville: 0-4 en Andalousie et un premier blanchissage avec les Skyblues.

La première question s'impose d'elle-même: comment se portent votre épouse Mélanie et votre fils qui vient de naître?
L'accouchement s'est bien passé et ils se portent merveilleusement bien, merci. Je suis très heureux que ma famille soit avec moi à Manchester depuis hier. Comme nous nous doutions que la fin de la période des transferts allait être agitée pour moi, Mélanie est d'abord restée en Suisse, où elle était entourée de sa famille. Il était très important pour moi de pouvoir assister à la naissance malgré tout, et j'ai été soulagé d'arriver à temps.

En effet, ces dernières semaines ont été mouvementées avec ce transfert surprise à Manchester City. Quand le club de Pep Guardiola vous a-t-il contacté?
Quatre jours avant la fin de la fenêtre de transfert. Le 28 août, donc, si vous faites le calcul. Dans les jours qui ont suivi, c'est mon conseiller et Dortmund qui ont négocié directement avec Manchester City. Tout s'est passé extrêmement vite! Le mardi, je m'envolais pour Manchester, le mercredi je passais ma visite médicale et jeudi, le transfert était officiel. Je suis retourné en Suisse, mon fils est né, et le dimanche je repartais pour Manchester. Le lundi, nous partions pour l'Espagne et j'ai achevé ce marathon sur le terrain, mardi soir contre Séville en Ligue des champions!

La période la plus folle de votre vie?
Oui, on peut le dire! Mes parents et ma sœur Sarah ont pu m'accompagner pour la signature du contrat en Angleterre. C'était très beau. Dommage que mon autre sœur, Michelle, n'ait pas pu être de la partie.

En tout cas, au niveau émotions, difficile de faire mieux...
Si je gagne la Ligue des champions et la Premier League la même semaine et que je fais en sorte d'être père une troisième fois à ce moment-là, alors peut-être... (Rires)

Avez-vous eu le temps de vous entraîner avec l'équipe avant de vous retrouver titulaire au Stade Ramón Sánchez Pizjuán?
Oui, deux fois.

Cela suffit pour développer des automatismes sur le terrain?
J'ai appris le jour du match que je jouerais, et je dois bien avouer que j'étais un peu stressé pendant la journée. Tu ne sais pas si tes coéquipiers te connaissent, s'ils ont regardé jouer Dortmund. Est-ce qu'ils savent ce dont tu es capable?

Ce n'est pas tous les jours que l'on se retrouve sur le terrain avec Kevin De Bruyne, Phil Foden ou Jack Grealish...
Dès que le match a commencé, j'ai eu un bon feeling. J'avais remarqué dès l'échauffement que tout allait un peu plus vite. Ce sont les meilleurs joueurs du monde! Manchester City a une qualité incroyable, ça te met au défi tous les jours. C'est ce que je cherchais comme prochaine étape après Dortmund. Je veux m'améliorer chaque jour sous la direction de Pep Guardiola.

«Je voulais franchir un cap dans ma carrière», explique le défenseur de la Nati à Blick.
Photo: Manchester City

Donc Manchester City est la meilleure équipe du monde?
L'une des meilleures, certainement.

Quand avez-vous eu votre premier entretien avec Pep Guardiola ?
Quand je suis arrivé à Manchester. Il a pris son temps et je me suis tout de suite senti le bienvenu grâce à son attitude.

La Coupe du monde approche et vous vous retrouvez, en club, face à une concurrence féroce: Ruben Dias, Aymeric Laporte, John Stones, Nathan Aké... Avez-vous des garanties de temps de jeu?
J'étais au courant de cette concurrence, bien sûr. Tous mes coéquipiers sont de classe mondiale. Mais je veux me mesurer aux meilleurs, relever ce défi. Je sais quels sont mes points forts et je souhaite m'imposer ici.

Et il y a un certain Erling Haaland, que vous retrouvez dans votre équipe...
Depuis son départ de Dortmund, nous sommes toujours restés en contact. Lorsque mon transfert pour Manchester City était proche, nous avons pu échanger. Nous sommes tous les deux heureux de nous retrouver. Et, honnêtement, tu préfères que Haaland soit dans ton équipe plutôt qu'en face...

Comment est Erling Haaland en privé?
C'est un type bien, très ouvert. Un homme qui est proche de sa famille et volontiers blagueur. Surtout, il a toujours gardé les pieds sur terre.

Votre grand objectif est désormais de remporter la Ligue des champions, n'est-ce pas?
Je dirais que l'objectif suprême est de gagner la Coupe du monde avec la Suisse... (Rires) Mais bien sûr, je ne dirais pas non à une Ligue des champions avec City. Et remporter le titre en Premier League serait aussi pour moi quelque chose de très, très grand. J'espère que nous allons pouvoir le réussir cette saison.

Du FC Wiesendangen (ndlr: petit club zurichois) à Manchester City, ça le fait...
Oh que oui!

Êtes-vous encore en contact avec vos coéquipiers de l'époque?
Non, plus maintenant. Je suis parti à Winterthour à 11 ans. J'ai deux amis de cette époque avec lesquels je suis toujours en contact. Entre-temps, ils ont tous deux arrêté le football parce qu'ils ont d'autres priorités. L'un travaille aujourd'hui dans le bâtiment, l'autre suit une formation d'architecte.

En Juniors, Manuel Akanji portait encore le maillot de... gardien!
Photo: DR

Y a-t-il des entraîneurs de juniors qui vous ont particulièrement marqué?
Mon premier entraîneur à Winterthour, Peter Sommer. Il est malheureusement décédé récemment. Ça m'a fait un sacré coup. Il m'a beaucoup appris en matière de technique et de comportement au sein d'un groupe. Un deuxième nom que je peux citer est celui de Thomas Stamm. Il m'a coaché en moins de 18 ans et est chargé aujourd'hui de la deuxième équipe du SC Fribourg, en Bundesliga. Quand j'étais en Allemagne, nous nous rencontrions de temps en temps.

Votre devise est «Prove them wrong», «Montre-leur qu'ils ont tort». Y a-t-il beaucoup de gens qui ne croyaient pas en vous?
Oui, et il y en a toujours. Mais les personnes les plus chères à mes yeux ont toujours cru en moi. Et ce sont leurs opinions qui comptent en premier lieu.

Puisque l'on est dans vos phrases fétiches, il y en a une que l'on se doit d'évoquer. Vous avez dit un jour: «Depuis tout petit, mon club préféré est Manchester United. J'aimerais y jouer un jour.» Regrettez-vous de l'avoir dit publiquement?
J'ai donné cette interview lorsque je venais d'arriver à Dortmund. J'ai, en effet, dit que j'étais fan de ManU durant mon enfance. Mais vous savez, lorsque vous atteignez un certain niveau en tant que joueur, vous n'êtes plus «fan». Parce que vous jouez contre de tels clubs. Il n'est alors plus question de soutenir émotionnellement un club, mais de jouer pour votre employeur. Et la deuxième partie de la phrase était un malentendu.

Dans quel sens ?
On m'a demandé quel était mon objectif. J'ai répondu que je voulais jouer un jour «pour le meilleur club du monde». Il en a été déduit que je considérais Manchester United comme le meilleur club du monde et que je voulais absolument jouer pour les Red Devils, ce que je n'ai jamais dit.

Quand est-ce que votre amour pour Manchester United a disparu?
Lorsque je suis arrivé au FC Bâle et que j'ai affronté Manchester United en Ligue des champions. Mes idoles sont alors devenues mes rivaux. J'en étais arrivé à un point où je ne voulais plus soutenir Manchester United, mais les battre.

Est-ce que Jadon Sancho, votre ancien coéquipier à Dortmund qui joue désormais avec ManU, vous a félicité de votre transfert à City?
Jadon est resté l'un de mes amis. J'espère que nous pourrons bientôt nous voir en ville.

Vous avez longtemps été pressenti à l'Inter. À quel point les contacts étaient-ils concrets avec le club italien?
L'Inter ne pouvait que m'accueillir en prêt, ce qui n'était pas possible lors de ma dernière année de contrat. Donc cette option a vite été écartée. J'ai reçu plusieurs autres offres, mais rien de vraiment concret jusqu'à ce que City n'entre dans la danse.

Vous vouliez à tout prix jouer la Ligue des champions. Voilà qui a fortement restreint les options, mettant de côté certaines options comme Leicester...
C'est exact, oui. Après quatre ans et demi comme titulaire à Dortmund, je voulais absolument passer un cap dans ma carrière.

Quand avez-vous décidé que vous n'alliez pas prolonger en Allemagne?
Dès le début de la saison dernière. Les dirigeants de Dortmund m'ont très vite fait comprendre qu'ils souhaitaient prolonger mon contrat. Mais comme mon agent savait que je voulais franchir une étape supplémentaire dans ma carrière et qu'une prolongation prématurée de mon contrat n'allait pas m'aider dans cet objectif, j'ai préféré communiquer de manière transparente. J'ai dit au club que je n'allais pas prolonger, je ne pouvais pas être plus honnête.

Cela n'a pas plu aux supporters. Des bruits ont commencé à courir que votre salaire de 10 millions par an était devenu insuffisant à vos yeux...
Je ne sais pas du tout comment on en est arrivé là. Je n'ai jamais parlé de chiffres avec Dortmund! J'ai trouvé très bizarre qu'on commence à me qualifier de gourmand alors que l'argent n'a jamais joué un quelconque rôle. On a aussi écrit que j'avais refusé une seconde offre revue à la hausse. Mais il n'y a jamais eu de première offre ni de négociation! Le BVB savait dès que le départ que je voulais un changement et que l'argent ne pourrait pas me retenir. Des choses totalement infondées ont été écrites sur moi.

Il a aussi été dit que vous demandiez 13 millions par an à tout nouvel employeur et que c'est ce qui freinait votre transfert.
Je le répète: avant l'offre de Manchester City, je n'ai pas parlé d'argent avec qui que ce soit. C'est le projet des Citizens qui m'a attiré en Angleterre, et le salaire n'a pas été un obstacle.

À Dortmund, les derniers temps, vous avez été mis à l'écart. Cela a dû être dur à vivre, non?
En effet, ce n'était pas facile à gérer pour moi. Je faisais partie de l'équipe, j'avais un contrat valable et j'ai toujours donné le maximum à l'entraînement. Mais la performance n'était plus un critère: quoi que je fasse sur le terrain, je me retrouvais assis en tribune.

Était-ce une décision de l'entraîneur ou du club?
Cette question, il faut la poser à Dortmund. Je ne peux que faire des suppositions.

Avez-vous eu peur de tout perdre?
Je me suis simplement concentré sur moi, j'ai tenté de tout transformer en énergie positive. Je m'entraînais dur pour être en forme dans un nouveau club, ou pour être prêt si Dortmund voulait me réintégrer après la fin de la fenêtre des transfert. J'étais persuadé de pouvoir regagner ma place si ce scénario se présentait.

Et maintenant, mercredi en Ligue des champions, vous allez jouer contre... Dortmund.
Et j'en suis très heureux! Je vais revoir beaucoup d'amis, et je ferai tout pour les battre.

En Angleterre, quelle équipe vous réjouissez-vous le plus d'affronter?
United. Remporter le derby de Manchester, ce serait formidable.

Est-ce que votre famille va se rendre au Qatar pour la Coupe du monde?
Mes parents, mes frères et soeurs ne viendront pas. Ma femme réfléchit encore.

Pourquoi?
Ce n'était pas une décision facile à prendre pour eux. Ils auraient vraiment voulu venir me soutenir, mais ils m'ont dit qu'ils voyaient la situation politique au Qatar d'un œil très critique et que ce n'était pas compatible avec un voyage. Les droits des femmes, des couples homosexuels ou le sort des travailleurs qui ont construit les stades sont tout simplement trop importants. J'espère que tout cela sera mieux pris en compte lors des prochaines attributions de grandes compétitions...

Les proches de Manuel Akanji ne se rendront pas au Qatar pour des raisons politiques.
Photo: Toto Marti

Une dernière question: vous êtes au repos forcé ce week-end puisque la Premier League a été mise en pause en raison du décès de la reine Elizabeth II. Comment avez-vous vécu cet événement?
J'ai entendu les premiers bruits lorsque les membres de la famille royale se sont rendus à Balmoral. On savait que c'était sérieux. Puis, lorsque le décès a été effectif, les cloches ont rendu un long hommage à la reine — et notre match a été reporté. C'est la fin d'une époque. Elle était l'icône de la monarchie européenne et son décès a affecté tout le monde, ici. C'est compréhensible.

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