L'équipe féminine suisse est en pleine ébullition. Autour du rassemblement pour les matches de la Ligue des Nations contre l'Italie (0-1 à Saint-Gall) et mardi contre l'Espagne, la querelle entre l'entraîneur Inka Grings et Ana Maria Crnogorcevic (32), joueuse comptabilisant le plus de sélection et qui n'a pas été convoquée, est devenue manifeste.
Cette dernière voulait être présente, comme toujours, et l'a dit ouvertement. Son entraîneuse, en revanche, a parlé de discussions à l'amiable, mais s'est emmêlée les pinceaux en expliquant que la recherche d'un club par l'attaquante était à l'origine de sa non-convocation.
Mais le problème va au-delà de cela. Blick s'est entretenu avec plusieurs personnes qui ont un aperçu de l'équipe, mais personne ne souhaite s'exprimer publiquement.
La Nati est devenue une bulle
Le ton est donné: une lutte de pouvoir fait rage au sein de la Nati féminine entre Grings et les joueuses emblématiques, à la tête desquelles se trouvent Crnogorcevic et la capitaine Lia Wälti (30 ans), qui sont également de bonnes amies en privé. «J'aurais aimé qu'elle soit là», déclare Wälti sans détour.
La vieille garde, qui englobe le duo bernois et Ramona Bachmann (32 ans), revendique – à juste titre bien sûr – avoir contribué à l'ascension de la Nati. Passant des matches internationaux du Brügglifeld qui passaient inaperçus au programme du soir de la SRF. Ces mérites sont indiscutables.
Mais l'équipe est ainsi devenue une bulle assez autonome. Le prédécesseur de Grings, Nils Nielsen, a cultivé cette oasis de bien-être. Et aujourd'hui, Grings est arrivée de l'extérieur dans cette atmosphère et en a pris les rênes. Les joueuses confirmées évoluant à l'étranger et l'Allemande ne se seraient d'ailleurs pas encore vraiment rapprochées depuis leurs débuts en janvier.
Ce que l'on entend régulièrement, c'est que Grings irrite les joueuses avec sa communication exigeante et directe. Un reproche qui avait déjà été formulé lors de son passage au FC Zurich. En ce qui concerne la tactique également, ses idées sont souvent remises en question.
L'aspect humain, extrêmement central sous Nielsen, joue désormais un rôle moins important avec la nouvelle sélectionneuse. Chez elle, la performance est au premier plan. Voir la non-nomination pour la Coupe du monde de l'immense talent Riola Xhemaili (20 ans), a aussi suscité l'irritation au sein de l'équipe.
Grings marche inévitablement sur les plates-bandes de la vieille garde
Mais la lutte pour le pouvoir n'est pas à sens unique. De son côté, Grings se bat pour amorcer le changement de génération qui s'impose et qui a été passablement négligé sous Nielsen. Car ce faisant, elle se met inévitablement à dos la vieille garde, dont Crnogorcevic. Le noyau de la Nati est le même depuis de nombreuses années et le restera au moins jusqu'à l'Euro 2025 à domicile. Pour les cadres de l'équipe, il est plus ou moins évident que l'on sera titulaire lors de cet événement, comme c'est le cas depuis la Coupe du monde 2015.
Cela complique la tâche de Grings pour le renouvellement de l'effectif, car elle veut de la concurrence, mais la structure de l'équipe est devenue malsaine. Qui gagnera alors la lutte pour le pouvoir? Probablement personne. Il n'y a guère d'autre solution que de se concentrer sur une direction commune. Le bilan de Grings, avec une seule victoire en onze matches, est effrayant. Mais d'un autre côté, la Suisse a terminé première de son groupe lors de la Coupe du monde et avec Marion Daube, l'Allemande voit une compagne de longue date du FCZ être à la tête du football féminin à l'ASF.
En tout cas, l'époque où les joueuses de l'équipe nationale forçaient un licenciement en envoyant une lettre de réclamation à la fédération – comme ce fut le cas en 2011 pour Bea von Siebenthal, la prédécesseure de Martina Voss-Tecklenburg – sans être remarquée par le public, est révolue.