Il y a des gueules de bois plus faciles à poncer que d’autres. Celle provoquée par la cruelle élimination de la Suisse vendredi soir va laisser quelques échardes. Mais qu’importe la défaite tant qu’il y a eu l’ivresse. Une griserie qui s’est propagée dans le pays en l’espace d’une petite semaine que personne n’oubliera.
«Notre» impertinente équipe de Suisse a, encore une fois, résisté à tous les coups du destin. Comme face à la France lundi, les coéquipiers de Yann Sommer ont retourné une situation compromise pour se permettre de poursuivre le rêve encore un peu vendredi face à l’Espagne. Qu’il a été beau le songe de ces deux nuits d’été, que le réveil fut brutal aussi.
Ce sont bien les Espagnols qui marcheront dans l’allée du temple de Wembley mardi. Ce sera douloureux de voir cette Roja affronter l’Italie pour une place en finale. Un peu comme quand l’être aimé convole avec quelqu’un d’autre.
Une fois la déception cuvée, ce sont des images de joie qui resteront. Comme celles de cette folle liesse populaire qui a éclaté partout dans le pays. L’apothéose d’une nuit où toutes les émotions de notre existence se sont bousculées en l’espace de trois heures. Vendredi encore, le ballon rond a fait basculer la Suisse dans une passion qui n’a rien d’helvétique.
Il n’y a que ce sport qui procure de telles émotions, qui unit autant de gens si différents autour d’un «but» commun, qui leur brise aussi le cœur alors qu’il battait tellement fort. Que c’est beau le football, même quand c’est cruel. L'ivresse était au rendez-vous, la gueule de bois finira par passer.