La Shaqiri-mania à Colovray
Une belle fête du football à Nyon

Dimanche, le Stade Nyonnais recevait le grand FC Bâle, pour une après-midi comme n'en offre que la Coupe de Suisse. Reportage à Colovray.
Publié: 15.09.2024 à 20:49 heures
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Dernière mise à jour: 15.09.2024 à 22:09 heures
Thomas Freiburghaus
La fête était belle à Nyon pour la réception du FC Bâle.
Photo: keystone-sda.ch

Peu avant 15h, il y a déjà du monde sur les pelouses du centre sportif de Colovray. L’équipe féminine de rugby dispute un match, pendant que des footballeurs amateurs bataillent, au loin. Mais si Blick est là, c’est pour le match de 16h30. Le Stade Nyonnais accueille le FC Bâle pour le compte du deuxième tour de la Coupe de Suisse. Une belle affiche comme n’en offre que cette compétition.

Le grand FC Bâle vient sur les rives du Léman et est déjà attendu par quelques grappes de fans. À l’arrivée du bus, deux supporters bâlois attirent notre attention: ils parlent français. «Je suis originaire de Bâle, mais je suis né à Nyon», nous explique Daniel, 23 ans, écharpe du FCB au cou. Le jeune homme, qui se rend régulièrement au Parc Saint-Jacques, se dit «fier de voir le FC Bâle qui vient chez moi.» Daniel tient dans ses mains un maillot du FCB, taille enfant. Il est floqué #17, Shaqiri, et est dédicacé. «On espère qu’il va jouer, même quelques minutes. Ce serait sympa pour lui, et pour Nyon, tous les supporters», assure-t-il.

Daniel (à gauche) et Jérôme, deux fans romands du FC Bâle.

Dans les coulisses, on croise une tête connue des fans de football consommateur de YouTube: Valentin Liénard, presque 500'000 abonnés. Le joueur-youtubeur de 26 ans évolue au Thonon Evian Grand Genève, de l’autre côté du lac. Il est présent pour «supporter [son] pote» et ancien coéquipier Badara Diomandé, arrivé au Stade Nyonnais cet été. «On va faire une petite vidéo le concernant, avance-t-il. J’espère voir du beau football, une grosse ambiance. C’est toujours beau quand un grand se déplace chez un plus petit.»

Kade plutôt que Shaqiri

Toujours dans les coulisses, de petits bonhommes tout de jaune vêtus chantent à tue-tête. Ce sont des juniors du Stade Nyonnais. Ils s'apprêtent à tenir la main des joueurs pour leur entrée sur la pelouse. Qui espèrent-ils accompagner? «Je veux Shaqiri!», s’écrient Ernis et Sami, 9 ans chacun, d’une seule voix. Encore faut-il que la légende vivante du football suisse soit titularisée.

Près d’une heure et demie avant le début du match, les portes s’ouvrent. Devant l’entrée principale, une longue file se forme, composée en bonne partie de personnes aux couleurs du FC Bâle. Quelques supporters affichent les couleurs jaunes, en réponse. Au milieu, un jeune tient une pancarte pliée. Elle est destinée à Shaqiri, c’est sûr. Le jeune suisse-allemand la déplie et nous surprend. Il réclame le maillot d’Anton Kade, jeune allemand du FCB. «C’est mon joueur préféré», nous renseigne-t-il. À H-1, les compositions sortent. Kade est titulaire, pas Shaqiri. Il y aura des déçus, c’est certain, mais aussi un heureux.

Batman présent

Dans l’enceinte ensoleillée, l’odeur des saucisses laisse présager une parfaite après-midi de football. Les supporters prennent place derrière les rambardes, à une proximité du terrain qui n’existe plus dans le football professionnel. Les fans bâlois aussi sont arrivés, dans le silence. Ils ont pris place dans leur coin, leurs drapeaux rouge et bleu flottent au vent. Leurs bâches sont tendues sur les barrières. Ils donnent de la voix quand leurs joueurs sortent à l’échauffement. Shaqiri est là. De jeunes supporters s’excitent en l’apercevant. Le speaker annonce qu’il est «interdit d’entrer sur la pelouse sous peine d’amende», conscient qu’il y a des «joueurs appréciés du grand public» sur celle-ci.

La belle affiche a attiré du monde, 3150 spectateurs. Parmi eux, des habitués, évidemment. Des ultras bâlois, logiquement. Mais aussi des supporters plus occasionnels. Deborah et Tobias font leur «sortie familiale, dominicale». «En plus, mon fils vient de commencer le foot, donc ça lui donne une occasion de voir des pros», explique le père. «Ça fait plaisir de voir autant de monde à Colovray, continue-t-il. Les deux-trois autres fois où on est venu, c’était plus clairsemé.»

Cette fois, les supporters se massent et remplissent vite la tribune. Certains groupes se voient obligés de se scinder. Les supporters nyonnais sont venus en nombre et les plus fidèles d’entre eux sortent une bâche «Faites-nous rêver», affichée juste à côté de la pancarte de notre jeune fan de Kade. Ils agitent aussi quelques drapeaux jaunes et noirs, allant de Batman à un smiley souriant.

Les supporters nyonnais ont essayé de concurrencer ceux du FCB.

Un scénario fou

Le match est lancé, les Nyonnais font plus que bonne figure face à une équipe bâloise qui peine à créer. À la mi-temps, le constat est simple: Nyon a dominé, sans parvenir à marquer.

Deborah, 19 ans, est pour la première fois dans un stade. «Je ne vais jamais voir du foot normalement. Je n’étais même pas au courant du match», détaille-t-elle. Entraînée par un ami, elle est venue, et apprécie le spectacle proposé. «Je reviendrai», promet celle qui a apprécié «les joueurs aux cheveux longs» du Stade Nyonnais.

Si Deborah a aimé la première mi-temps, elle a dû adorer la fin du match. Tout s’est joué après la 120e minute, dans le temps additionnel de la prolongation. Shaqiri a provoqué un pénalty, qu’il a transformé lui-même. Puis, Nyon a obtenu un pénalty à son tour, raté par Koré. Un scénario dingue, qui a fait exploser le stade. D’abord les Bâlois, puis les Nyonnais, puis à nouveau les Bâlois.

Shaqiri exulte, il a sorti les siens d'un sacré bourbier.
Photo: keystone-sda.ch

«Je suis encore sous le choc», commente Michael Palma, président du club nyonnais. «Je suis hyper fier de mes gaillards, en admiration. Et en même temps, j’ai pris un coup sur la tête», déclare-t-il encore sonné. L’homme fort du Stade Nyonnais sait l’impact d’un tel match sur un club sur le sien, lui qui a passé la partie entre «le syndic de Nyon et le président de l’ASF». «Tout le monde a apprécié. Maintenant, il faut que les gens reviennent, après avoir vu un spectacle pareil», tonne celui qui est «toujours fan de Shaqiri, sauf ce soir».

Si Nyon a su fidéliser Daniel, Deborah (x2) et toute la compagnie, ce sera également un match de gagné.

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