Le visage présenté par l’équipe de Suisse en seconde période à Felcsut restera comme l’une des plus grandes énigmes de l'histoire. Comment un onze composé de quatre joueurs de Bundesliga et de Serie A, de deux de Premier League et d’un de League 1 a-t-il pu se décomposer de la sorte face à un adversaire qui avait montré toutes ses limites avant la pause?
Même si la qualification directe semble toujours probable – un point suffira samedi contre le Kosovo -, cette équipe de Suisse se retrouve devant une impasse. Alors que l’Association Suisse de Football (ASF) entendait encore la semaine dernière poursuivre l'aventure avec Murat Yakin au-delà de l’Euro 2024, il est évident que l’avenir doit s’écrire différemment.
La défiance des leaders
On ne peut plus continuer ainsi avec un sélectionneur qui doit faire face à la défiance de ses deux leaders. Manuel Akanji et Granit Xhaka n’ont pas donné l’impression mercredi d’adhérer pleinement au projet de jeu de leur entraîneur. La performance livrée en seconde période par le vainqueur de la Ligue des Champions et par le premier de la Bundesliga interroge. N’auraient-ils pas dû prendre leurs responsabilités, montrer l’exemple pour exiger de leurs coéquipiers une implication beaucoup plus prononcée?
Le défenseur et le capitaine sont sans doute lassés de cette gouvernance qui fait trop rimer flexibilité avec improvisation. S’il a eu la main heureuse au début de son mandat avec cette qualification directe presque inattendue pour la Coupe du monde 2022, Murat Yakin a perdu son fluide. Si on ne le croit tout de même pas capable de remplacer un jour son meilleur tireur de penalty à quelques secondes d’une séance de tirs au but, la construction de ses listes sent trop l’amateurisme. Il n’est parti au Qatar qu’avec un seul latéral droit de métier. Il a encore fait plus fort pour ce rassemblement de novembre avec aucun spécialiste du poste dans son contingent de 24. L’expulsion mercredi d’Edimilson Fernandes, son arrière droit de fortune, le place dans l’embarras.
Un beau gâchis
Directeur des équipes nationales, Pierluigi Tami endosse, lui aussi, une part de responsabilité dans ce qu’il convient désormais d'appeler un beau gâchis. La Suisse, faut-il le rappeler, avait entamé ce tour préliminaire par trois victoires avant de ne remporter qu'un seul de ses cinq matches suivants.
Le Tessinois aurait, ainsi, dû exiger de son sélectionneur la présence d’un arrière droit dans sa liste pour éviter de revivre le mauvais film du huitième de finale de la Coupe du monde avec le forfait de Silvan Widmer qui avait conduit à ce choix de défier le Portugal avec une défense à trois. Même si un tel interventionnisme passait par un dépassement de fonctions, Pierluigi Tami se devait de sortir de sa réserve. Maintenant, il est trop tard pour éteindre l’incendie. La maison brûle.