L'Espagne a été sacrée championne du monde pour la première fois grâce à un but de sa jeune capitaine Olga Carmona face à l'Angleterre (1-0), championne d'Europe en titre, lors d'une finale inédite du Mondial féminin à Sydney.
Il n'aura fallu que trois éditions (2015, 2019, 2023) pour que la Roja s'envole sur le toit du monde. Bousculées avant le Mondial par des tempêtes extra-sportives entre les joueuses et la fédération et surtout le sélectionneur Jorge Vilda, les Espagnoles ont battu les Anglaises, favorites, pour devenir championnes du monde pour la première fois de leur histoire. La jeunesse, la créativité et le jeu de passes espagnols ont pris le pas sur l'expérience et le flegme des Anglaises, loin de leur sérénité habituelle.
Carmona, double sauveuse
Après deux demi-finales perdues, les Anglaises, sacrées championnes d'Europe l'an passé, jouaient aussi une première finale de Coupe du monde, mais ont manqué la dernière marche. Les joueuses de Sarina Wiegman n'ont pas réussi à ramener ce titre mondial que l'Angleterre attend depuis le titre mondial des hommes en 1966. Comme en 2019 avec les Pays-Bas, la sélectionneuse termine vice-championne du monde, après un titre européen.
Les coéquipières d'Olga Carmona ont, elles, suivi le chemin des plus plus jeunes, après le sacre mondial des U17 et des U20 en 2022. Ces trois titres ont d'ailleurs été remportés par la pépite Salma Paralluelo, âgée de 19 ans, titularisée dimanche soir et toujours virevoltante sans avoir été décisive.
Dans une première période, perturbée par l'incursion d'un spectateur avec un tee-shirt «Free Ukraine» sur le terrain et où les espaces étaient souvent trouvés, les Espagnoles ont profité d'une erreur de la défenseure anglaise du FC Barcelone Lucy Bronze, qui a perdu le ballon dans le rond central. Parfaitement décalée à gauche, la capitaine espagnole de 23 ans, Olga Carmona, a croisé directement sa frappe à ras de terre et a trompé Mary Earps (29e). C'est déjà elle qui avait marqué le but de la victoire en demi-finale contre la Suède (2-1)
Mary Earps a tenté de maintenir en vie ses coéquipières en arrêtant un penalty, sifflé pour une main de Keira Walsh dans la surface par le VAR et mal tiré par Jennifer Hermoso, qui a raté sa deuxième tentative dans cet exercice au Mondial, après un premier échec contre le Costa-Rica. Bousculées par le jeu et la technique de la Roja, les Anglaises n'ont pas pu compter sur Lauren James, de retour de suspension après son mauvais geste contre le Nigeria, même si elle n'était pas loin de tromper Cata Coll (76e).
Vilda, détesté mais sacré
Jusque-là, l'Espagne n'avait même jamais remporté de match à élimination directe lors d'une Coupe du monde et cet exploit est encore plus impressionnant vu le contexte extra-sportif de la sélection.
La Roja a vécu un séisme qui a menacé l'émergence de son équipe féminine, après que quinze internationales ont annoncé en septembre dernier ne plus vouloir rejouer pour la sélection. Des sources citées dans la presse locale ont évoqué les méthodes jugées «dictatoriales» de Jorge Vilda.
Mais le technicien, soutenu par sa Fédération au cours de cette crise sans précédent, est resté. Et il a conservé sa légitimité à travers une série de résultats exceptionnels, marqué par ce titre historique.
Depuis, trois des 15 «rebelles» sont revenues pour le Mondial et l'une d'elles, la milieu de terrain du Barça Aitana Bonmati, a d'ailleurs été parmi les meilleures joueuses du tournoi, faisant oublier la Ballon d'or Alexia Putellas, en dedans physiquement et rentrée en fin de match (90e). Elle a montré du caractère, poussant ses coéquipières au calme, dans une fin de match tendue et hachée par les fautes. Son très bon Mondial fait de Bonmati la favorite pour le futur Ballon d'Or. Devant les 75'700 spectateurs de l'Australia stadium, cette finale a été l'acte final d'un tournoi rempli de nouveautés et de surprises.