La Nati est en retard
A Windsor Park pour trouver des réponses

L'équipe de Suisse a pris du retard dans son opération de reconstruction post-Euro. Mais le hasard du calendrier lui a offert six mois de rab, dont elle doit absolument profiter dès ce vendredi à Belfast. En septembre, il sera trop tard.
Publié: 21.03.2025 à 12:27 heures
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Dernière mise à jour: 21.03.2025 à 17:36 heures
Breel Embolo sera capitaine ce vendredi dans ce stade chargé d'histoire qu'est Windsor Park.
Photo: TOTO MARTI
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Tim GuilleminResponsable du pôle Sport

Un déluge, des trombes d'eau, la colère du ciel. Quelle que soit l'expression utilisée, le résultat est le même la délégation suisse a quitté l'Algarve mouillée et elle a atterri au sec bien plus au nord, à Belfast, jeudi en milieu d'après-midi. L'Irlande du Nord est un pays ami de la Nati, déjà parce qu'elle a accepté de jouer un match amical en ce mois de mars, alors que l'ASF cherchait désespérément un adversaire. Et aussi parce que la Suisse a d'excellents souvenirs de Windsor Park, ce stade 100% british qu'elle retrouvera vendredi. C'est là, un soir de novembre 2017, qu'elle avait remporté son barrage aller pour se rendre à la Coupe du monde en Russie grâce à l'action conjuguée d'une belle solidité défensive et d'un penalty offert, le mot est bien choisi, à la Nati par Ovidiu Hategan, l'arbitre roumain de cette rencontre, lequel avait décidé que Noël allait tomber six semaines plus tôt cette année-là. Au retour, à Bâle, la Suisse avait tenu le 0-0 et décroché son billet pour Moscou et Saint-Pétersbourg.

Murat Yakin a de nouveau apporté du chocolat suisse!

Et puis, bien sûr, il a l'épisode du chocolat, en novembre 2021 cette fois. L'Irlande du Nord avait contraint l'Italie au nul à Windsor Park (0-0) et ce résultat avait envoyé la Suisse à la Coupe du monde au Qatar. Afin de remercier les Nord-Irlandais et de souligner leur bravoure, Murat Yakin avait lui-même emballé et expédié 9,3 kilos de chocolat suisse, soit 100 grammes pour chacune des 93 minutes lors desquelles les soldats de la Green and White Army avaient résisté aux assauts des fantassins de la Squadra. Le cadeau avait été très apprécié du côté de Belfast et l'épisode a d'ailleurs été rappelé au sélectionneur suisse ce jeudi, à la veille de retrouver ces vieux amis que sont les Irlandais du nord. Celui-ci, toujours aussi fort en communication, avait prévu une surprise en distribuant à nouveau du chocolat suisse à l'assistance. Bien joué Mister! 

L'équipe de Suisse a des leaders, mais pas de profondeur

Il ne sera pas question de gagner à tout prix, ce vendredi soir, ni de faire des cadeaux, bien sûr, le traditionnel échange de fanions mis à part. La Suisse n'a aucune obligation de résultat, ni même de se montrer convaincante, ce qui est un sacré luxe pour le premier match de l'année. En l'absence de Granit Xhaka et de Manuel Akanji, l'enjeu de cette rencontre sera uniquement de voir quels joueurs sont assez forts pour partir à l'assaut de la Suède, de la Slovénie et du Kosovo entre septembre et novembre. Rien d'autre. 

L'équipe de Suisse, aujourd'hui, a des certitudes dans sa vie de groupe, a une hiérarchie claire pour ce qui est des leaders, et vu qu'ils ne sont pas là, le vide se comble par défaut. Breel Embolo sait qu'il ne sera pas capitaine de cette équipe sur le long terme, tout en faisant partie des joueurs indiscutables s'il est en forme. 

Les réponses que Murat Yakin veut trouver durant ce mois de mars, avec les matches à Belfast ce vendredi et à Saint-Gall contre le Luxembourg mardi ne sont pas chez Dan Ndoye, Ricardo Rodriguez, Remo Freuler ou Ruben Vargas. Eux n'ont plus rien à prouver et n'ont rien à gagner ni à perdre de ces deux rencontres.

Murat Yakin foule la pelouse de Windsor Park à la veille d'y affronter l'Irlande du Nord.
Photo: TOTO MARTI

Murat Yakin a raté l'opération reconstruction immédiate juste après l'Euro. Il le sait, il en souffre sincèrement, et le fait d'avoir été relégué de la Ligue des Nations A est une blessure non feinte. Il ne faut pas imaginer le sélectionneur comme déconnecté de la réalité et, s'il a invoqué à juste titre des erreurs d'arbitrage lors d'une bonne moitié des six matches, il sait aussi que la transition post-Euro n'a pas été idéale. 

Gregor Kobel a tout pour être un meilleur gardien que Yann Sommer, mais, dans les faits, aujourd'hui avec la Nati, il ne l'a de loin pas prouvé, bien au contraire. La bonne solution pour combler le vide laissé par Fabian Schär en défense centrale n'a pas non plus été trouvée, léger euphémisme, et la créativité de Xherdan Shaqiri, même en tant que joker, manque cruellement en attaque. La Ligue des Nations devait servir à faire émerger des joueurs capables d'assurer la succession et il faut bien admettre que cet objectif-là a été manqué, en plus de la relégation. 

Disons-le clairement: ces six matches de Ligue des Nations face à la Serbie, au Danemark et à l'Espagne ont représenté un échec, symbolisés par les performances insuffisantes des joueurs appelés à jouer un rôle en vue en 2025, Nico Elvedi étant le naufragé le plus visible, mais de loin pas le seul.

Six mois de retard sur le plan de marche

Alors, voilà, la Nati a six mois de retard sur son plan de marche, mais la bonne nouvelle est que le tirage au sort des qualifications de la Coupe du monde lui en a offert six de plus en la plaçant dans un groupe à quatre. Tant mieux, sincèrement: chaque mois en plus est bon à prendre quand on court après le temps et qu'on n'a pas fait ses devoirs.

Plusieurs joueurs ont une place à gagner

La Nati a un objectif immense et incontournable: être non seulement prête, mais aussi extrêmement compétitive en septembre pour faire face à Aleksander Isak, Viktor Gyökeres, Vedat Muriqi et Benjamin Sesko. Murat Yakin a six mois pour reconstruire une équipe et il n'aura pas de deuxième chance, cette fois, même si les barrages de la Ligue des Nations pourraient encore sauver la situation... Il n'est pas encore l'heure d'y penser et, ce vendredi, le peuple suisse observera de près Stefan Gartenmann et Lucas Blondel, les deux nouveaux venus d'autres horizons, mais aussi Alvyn Sanches, Isaac Schmidt, Albian Hajdari et tous ceux qui ont une chance à saisir. Sont-ils prêts pour être performants en équipe de Suisse? La réponse est dans leurs pieds.

Stefan Gartenmann et Lucas Blondel en titulaires? L'idée est là

Et il ne faut pas croire qu'ils ne sont là que pour être des joueurs de complément, surtout dans le cas des deux premiers. Murat Yakin peut tout à fait s'imaginer attaquer les qualifications avec une défense composée de Ricardo Rodriguez, Manuel Akanji, Stefan Gartenmann et Lucas Blondel. Beaucoup de monde dans l'entourage de l'équipe de Suisse est même prêt à parier qu'il s'agit là de son option privilégiée, dans le cas où l'équipe de Suisse joue avec une défense à quatre comme ce sera le cas ce vendredi. Mais pour la mettre en oeuvre, pas le choix: les deux derniers nommés doivent apporter des certitudes sur le terrain. Pour eux, l'histoire commence à Windsor Park.


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