La grinta argentine pour la Nati
Lucas Blondel: «La Coupe du monde l'an prochain, c'est un rêve»

Le nouveau latéral droit de la Nati dévoile quel club il supporte en Suisse, son plat typique préféré et répond à la question de savoir s'il doit s'adapter au style suisse ou l'inverse. Rencontre avec Lucas Blondel, le renfort venu de Buenos Aires.
Publié: 19.03.2025 à 19:27 heures
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Dernière mise à jour: 19.03.2025 à 19:29 heures
A 28 ans, Lucas Blondel a une belle carte à jouer avec la Nati, qui se cherche un latéral droit.
Photo: keystone-sda.ch
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Tim GuilleminResponsable du pôle Sport

Lucas Blondel a commencé par surprendre tout le monde ce mercredi à l'heure de citer le club suisse dont il se sent émotionnellement le plus proche. «Xamax!», a-t-il spontanément répondu. Son père, l'ancien tennisman Jean-Yves Blondel, n'est-il pas Vaudois? «Il est né à Neuchâtel», assure le nouveau latéral droit de la Nati, lequel est souvent venu en Suisse quand il était petit.

Des voyages fréquents en Suisse quand il était enfant

«Oui, pendant les grandes vacances. Je venais une à deux fois par année», détaille-t-il dans un français parfait, qu'il a évidemment appris au contact de son père, ce fameux tennisman qu'il faut donc désormais appeler «valdo-neuchâtelois», tombé amoureux d'une Argentine et venu s'établir au pays de Diego Maradona. 

A 28 ans, Lucas Blondel regrette venir de moins en moins en Suisse, lui qui joue désormais à Boca Juniors et a moins de libertés qu'avant. «J'ai moins de grandes vacances, donc moins d'occasions de voyager», grince-t-il, lui qui confesse «adorer la raclette». «On avait même un appareil à la maison avant, mais on ne l'a plus. Et de toute façon, on ne trouve pas de fromage à raclette en Argentine», regrette-t-il, en se rattrapant sur la viande nationale, la meilleure du monde.

Appelé pour la première fois avec la Nati lors de ce stage en Algarve, Lucas Blondel a effectué un très long voyage pour venir. «Oui, vraiment. Traverser l'Atlantique, ce n'est pas rien. Mais ça valait la peine et je suis prêt à le refaire autant de fois que nécessaire», assure-t-il, très motivé à l'idée de porter ce maillot rouge à croix blanche. «J'y pense depuis tout petit. J'ai la double nationalité en moi et même si je n'ai jamais vécu en Suisse, j'ai toujours eu cette option dans la tête», explique-t-il.

«Je suis très reconnaissant envers Murat Yakin»

Les portes de la sélection argentine ne se sont jamais ouvertes, la concurrence étant tellement forte chez les champions du monde, mais il l'assure, la Suisse n'est pas un choix par défaut. «Je suis très reconnaissant envers Murat Yakin, qui est venu me trouver à Buenos Aires. Ce n'est pas rien. Il est venu me parler après l'entraînement, il m'a expliqué ce qu'il attendait de moi. Je suis fier de porter ce maillot. Et il y a la Coupe du monde l'an prochain... Ce serait un rêve d'y participer.»

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S'il n'avait croisé de près ou de loin aucun joueur de la Nati avant lundi, et que le nom de Nestor Subiat ne lui dit rien, le latéral droit a déjà noué quelques liens d'amitié, en trois jours à peine. «J'étais surpris de constater qu'il y avait autant de monde qui parlait espagnol!», confesse-t-il. Parmi ceux qui l'aident à s'intégrer figure Ruben Vargas, dont le père est dominicain. «Bien sûr qu'on doit l'aider, c'est normal. Il peut nous apporter sa mentalité et sa fraîcheur, mais on doit être là pour l'assister», commente l'ailier de Séville. Dans le staff de la Nati aussi, plusieurs hispanophones sont là pour répondre aux besoins du latéral de Boca Juniors. 

Et puis, il y a les nombreux francophones aussi, bien sûr. Les deux noms que Lucas Blondel cite spontanément sont Denis Zakaria et Breel Embolo, deux des leaders du groupe romand, qui lui parlent beaucoup durant ces trois premiers jours. «Par contre, avec ceux qui ne parlent ni espagnol, ni français, c'est un peu plus difficile pour l 'instant. Mais c'est le début, je pense que c'est normal, il faut que je m'adapte», se tranquillise le nouveau venu.

S'adapter à la Suisse... ou le contraire?

Ce latéral très offensif peut apporter énormément de choses à la Nati, dont une mentalité et une grinta bien différentes. Doit-il s'adapter à la Suisse? Davide Callà ne le veut surtout pas. «Mais non, il ne doit pas s'adapter! On dit toujours ça, mais je ne suis pas d'accord. Viens comme tu es, apporte-nous tes qualités différentes!», tonne le nouvel assistant de Murat Yakin, qui ne veut surtout pas que l'Argentin fasse profil bas et devienne «trop suisse». «On veut voir sa mentalité argentine, qu'il apporte sa personnalité, de l'énergie, des nouvelles idées. Il joue à Boca Juniors, un immense club. Surtout, qu'il ne s'adapte pas à nous!»

Photo: TOTO MARTI

Qu'en pense le principal intéressé? «C'est une réflexion intéressante. Oui, j'ai envie de montrer qui je suis et d'être un latéral offensif, dynamique, mais je pense que c'est quand même normal que j'aie envie de m'adapter un peu. L'Amérique du Sud et l'Europe ne sont pas deux mondes totalement différents, même s'il y a quelques petites choses qui ne sont pas les mêmes... J'ai déjà vu que le rythme était soutenu à l'entraînement. Je pense qu'en Argentine, on est plus durs dans les duels, que c'est plus physique.»

Il doit être freiné plutôt que motivé

Alors qu'il est arrivé à Faro lundi après 22h, après un très long voyage depuis Buenos Aires via Madrid, il n'a pas cherché à s'économiser lors de son premier entraînement, bien au contraire. «A la fin de la séance, il voulait faire des frappes. Je lui ai dit de rester tranquille! Il aura tout le temps de nous montrer ce qu'il sait faire. Il pourra tirer au but mercredi», a souri Davide Callà, tout heureux de devoir freiner un joueur plutôt que de le motiver. 

La scène a d'ailleurs fait sourire le latéral. «Oui, c'est vrai, il m'a calmé!», explique celui qui n'hésite visiblement pas à faire preuve de caractère, quitte à abandonner le tennis, le sport favori de son père. «J'ai joué jusqu'à 13 ou 14 ans, mais j'ai arrêté, je m'énervais trop!»

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Il assure par contre être resté très calme devant sa télévision lors du dernier Euro, auquel il aurait pu participer s'il n'avait pas été blessé. Murat Yakin aurait en effet aimé l'intégrer à la Nati, en tout cas à son cadre élargi, mais la compétition tombait en pleine rééducation pour le joueur de Boca. En a-t-il tiré une certaine frustration? «Non. C'est vrai que j'aurais pu jouer l'Euro, mais je me suis concentré sur ma réathlétisation. Je me suis dit qu'il y aurait d'autres possibilités.» En voilà une belle cette semaine à Faro, puis avec ses probables deux premiers matches en rouge et blanc, contre l'Irlande du Nord vendredi et face au Luxembourg mardi à Saint-Gall.

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