La France avant la Suisse?
Un parent agresse un éducateur: le club se met en pause

Le club de Linas-Monthléry, près de Paris, ne propose aucun entraînement lundi et mardi afin de protester contre un acte de violence commis à l'encontre d'un éducateur. La problématique existe dans le canton de Vaud, où le fair-play a toutefois gagné du terrain.
Publié: 04.12.2023 à 14:45 heures
Les juniors D doivent parfois jouer dans des conditions difficiles... à cause de leurs parents!
Photo: Keystone
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Tim GuilleminResponsable du pôle Sport

Linas-Monthlery, pas loin de Paris, a pris une décision radicale: annuler tous les entraînements de l'école de foot ce lundi et ce mardi! Aucun junior ne pourra venir utiliser les installations de son club favori durant ces deux jours et cela en réaction à une agression survenue... lors d'un entraînement justement! Un des entraîneurs de l'ESA Linas-Monthlery a en effet été agressé par un parent durant une séance et, pour lutter contre ce fléau, décision a été prise de renvoyer tout le monde deux jours à la maison.

«C'est sans fin... On ne voit pas le bout de ces violences», soupire Dominique Fillettaz, président de la Commission de Jeu et Fair-Play du football vaudois. L'homme est pourtant bien placé pour savoir ce qui fonctionne vu que, sous son impulsion et celle du comité central de l'Association cantonale vaudoise, la violence a reculé dans le canton ces dernières années.

L'ACVF va dans la bonne direction

Vaud était en effet traditionnellement un «mauvais élève» à l'heure de consulter les différents classements fair-play du pays, mais, consciente du problème, l'ACVF est remontée en flèche au rating et vient de boucler la saison 2022/23 au... premier rang du football suisse! Comment expliquer ce renouveau fort appréciable?

Plus de 1000 entraîneurs vaudois sensibilisés au fair-play!

«Nous avons effectué un gros travail de sensibilisation. Plus de 1000 entraîneurs du canton sont passés à Echallens pour des formations fair-play. Toutes et tous y ont eu droit, de la 2e ligue jusqu'aux juniors D. On n'a pas éradiqué la violence, personne ne peut le faire, mais nous avons élevé le niveau de conscience et redressé la barre», explique Dominique Fillettaz, lequel a donc fait cohabiter répression et prévention. La clé du succès.

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L'ACVF continue de sanctionner, sur la base des rapports que lui envoient ses inspecteurs fair-play et les arbitres, mais elle a constaté que si les entraîneurs sont bien formés et conscients de leur comportement et de ses conséquences, le climat autour des terrains est apaisé. Ce pas de géant effectué dans la bonne direction ne concerne cependant pas les parents, lesquels ne suivent pas de «cours de sensibilisation» et dépassent très souvent les bornes, y compris lors des matches des plus petits...

Aller à la rencontre des clubs, le prochain pas

«Ce que vous m'apprenez sur ce club français ne m'étonne malheureusement pas. Nous connaissons le même phénomène ici et nous allons lancer un programme pour les juniors D, nous attendons simplement une validation avant d'aller de l'avant. Nous avons envie de nous rendre à l'intérieur des clubs, une fois que nous aurons été alertés d'un premier problème, puis d'un deuxième. Aujourd'hui, nous demandons aux entraîneurs de venir à Echallens, ce qu'ils font volontiers et qui fonctionne. Mais c'est notre rôle, en tant qu'association, d'aller à la rencontre des clubs et de voir leur réalité», estime Dominique Fillettaz, qui explique que ce travail ne «s'arrêtera jamais» et qu'il est de «longue haleine».

A-t-il déjà eu vent de clubs vaudois ayant annulé des entraînements à cause de parents ayant dépassé les limites? «Oui, ça existe ici aussi. Nous, en tant qu'association, on a déjà eu des réflexions allant dans le sens d'annuler des journées de championnat, en n'envoyant pas d'arbitre par exemple», révèle le Vaudois.

Les clubs ont une responsabilité, pas uniquement la Fédération

La démarche de l'ESA Linas-Monthléry est intéressante dans le sens que le club prend ses responsabilités et ne délègue pas à sa Fédération le rôle de «méchant» et d'organe de sanction.

«C'est une bonne chose. Les clubs qui reconnaissent que le problème ne vient pas de l'association, mais qu'il vient de chez eux, ont déjà fait une partie du travail. La responsabilité, elle est chez les clubs, en premier! Nous, à l'ACVF, on met les sanctions, c'est notre rôle, sur la base des rapports que nous recevons. Je constate que, de plus en plus régulièrement, des clubs nous écrivent pour nous dénoncer des faits survenus chez eux, alors que nous n'étions pas au courant. Je trouve cela très bien», explique Dominique Fillettaz, qui milite pour un interlocuteur fair-play officiel, reconnu et influent à l'intérieur de chaque club.

«Ainsi, nous pourrions dialoguer avec eux au minimum une fois par tour, mais aussi en cas de problème. Cela existe déjà, mais ce pourrait être plus structuré et mieux accompagné», explique celui qui est également membre du comité central de l'ACVF.

La violence ne sera jamais éradiquée, mais le canton de Vaud prouve qu'il est possible de lutter contre les excès commis autour des terrains. Les entraîneurs se sont calmés. Au tour des parents? La tâche semble encore plus grande...


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