Le 12 juin dernier, un camp de football un peu spécial a démarré à Zurich: celui de l'Association suisse des footballeurs. Volontairement débuté une semaine avant le lancement de la préparation estivale des clubs professionnels, il vise à permettre aux joueurs sans club de retrouver de l'embauche.
Depuis 20 ans maintenant, la SAFP organise chaque été ce stage d'entraînement dans la région de Zurich et accueille une cinquantaine de membres répartis durant les cinq semaines d'entraînement.
Un encadrement professionnel
Pour une cotisation annuelle de 160 francs pour les joueurs de Super League, 110 pour ceux de Challenge League et 90 pour ceux de 1ère Ligue, les footballeurs au chômage peuvent suivre ce camp de préparation estival s'ils le souhaitent.
«Nous donnons la chance aux joueurs durant cinq à six semaines de s'entraîner dans un environnement professionnel, nous explique Joâo Paiva, l'entraîneur de l'équipe. Des matches amicaux contre des équipes de Super et de Challenge sont organisés pour que nos éléments puissent se montrer et espérer décrocher un contrat.»
Cette année, une nouveauté a d'ailleurs vu le jour: une collaboration avec la plateforme de streaming RED. «Les joueurs peuvent donc monter des vidéos de leurs performances lors des rencontres, poursuit-il. Cela leur permet de s'attaquer à d'autres marchés, pas uniquement en Suisse, mais aussi à l'étranger.»
Et la SAFP travaille justement avec ses homologues européens. «Des tournois sont souvent organisés chez nos voisins, explique Joâo Paiva. Nous jouons contre d'autres organisations: espagnole, portugaise, hollandaise, française, autrichienne, ... . Cela permet à nos joueurs de se tester et de se montrer hors de nos frontières.»
«Je le conseille»
De leur côté, comment les joueurs voient-ils cela? «Je n'ai que du positif à en dire, lance d'entrée Karim Rossi, participant au camp cet été et nouveau joueur de Karmiotissa en première division chypriote. Ce camp t'aide à te maintenir en forme durant ta recherche d'un nouveau contrat. Tu t'entraînes toute la semaine et c'est finalement comme si tu avais un club. Je conseille à tous les joueurs qui sont dans cette situation de franchir le pas.»
Si sa participation au camp ne lui a pas directement permis de retrouver une équipe, elle lui a tout de même été bénéfique. «C'est grâce à ces trois semaines de préparation que j'ai pu être prêt et intéressant pour un club, car je n'étais pas complètement à l'arrêt», confie l'attaquant qui a vu son opinion sur les semaines SAFP radicalement changer. «Je voyais ce stage négativement avant de le faire, mais finalement plus. C'est une très belle opportunité.»
Une chance également saisie par Signori Antonio, le nouveau gardien d'Étoile Carouge en Promotion League. «L'ambiance y est bonne, nous rétorque le Lausannois lorsqu'on lui demande si la concurrence pèse sur l'atmosphère. On a tous un objectif commun et on veut être présentables face aux équipes qu'on rencontre. Tout le monde s'entraide et se pousse à son maximum.»
Gérer les différences de niveau
D'autant plus que, comme nous l'ont confirmé nos trois interlocuteurs, l'effectif est bien équilibré. «Le groupe était fait d'au maximum deux joueurs par poste, détaille Karim Rossi. Et le staff gère le temps de jeu pour que tout le monde ait à peu près le même.»
Mais le temps passé sur le terrain doit tout de même profiter aux éléments des plus hautes divisions. «Les joueurs de Super et de Challenge sont bien sûr mis en avant, ce sont eux qui ont la possibilité d'obtenir les plus gros contrats», explique Signori Antonio.
Reste que des disparités de niveaux existent. Alors comment Joâo Paiva et son staff gèrent-ils cela? «Avec beaucoup de créativité, de travail physique et d'équipe, répond l'ancien joueur de Lucerne et Grasshopper notamment. Le management joue également un rôle important. Mais les joueurs comprennent que c'est un camp spécial, s'adaptent et s'entraident. Cela facilite notre travail.»
Mais attention, le nombre de places est limité. «Normalement, nous donnons la chance à tout le monde, explique Joâo Paiva. Mais cet été, nous avons dû refuser quatre ou cinq joueurs de Ligues inférieures à la Promotion League en raison du nombre élevé de demandes.»
Un beau succès
Et finalement, pour quelle réussite? «L'année dernière, 78% des joueurs ont pu signer un nouveau contrat dans un championnat du même niveau, voire supérieur, commente Joâo Paiva. Cet été, nous en sommes à plus de 60% pour l'instant, mais le mercato n'est pas encore terminé.»
La SAFP est une organisation à but non lucratif. Ce qui signifie que le budget annuel est calculé en raison du nombre de membres de l'association qui s'élève actuellement à plus de mille. «Chaque franc reçu est réinvesti pour aider les joueurs», poursuit l'entraîneur.
D'autant plus que leur travail ne s'arrête pas là et va au-delà du simple accompagnement sportif. «Nous sommes couverts, explique Karim Rossi. Si on n'a pas d'agent ou d'avocat, on peut contacter l'association pour qu'ils nous aident à régler des problèmes de contrat ou de déclaration d'impôt par exemple. Mais aussi pour trouver un médecin ou un physio et pour ta reconversion. C'est un soutien très important utile pour les joueurs en Suisse.»
La SAFP est donc bien plus qu'une simple association de joueurs de foot. Mais presque un grand frère sur lequel ses membres peuvent compter.