Il est aussi courtisé par le Portugal
Eder Januario Iria, ce gamin genevois qui monte au PSG

Né à Genève en 2006, le milieu de terrain a signé un contrat d'aspirant pro avec le Paris Saint-Germain jusqu'en 2024. Eder Januario Iria grandit au sein du centre d'entraînement, en banlieue de la capitale, aux côtés d'un certain Ethan Mbappé, petit frère de Kylian.
Publié: 11.01.2022 à 06:35 heures
|
Dernière mise à jour: 11.01.2022 à 16:46 heures
Eder Januario Iria, un visage d'enfant mais une détermination d'adulte.
Photo: S.Peton/ PSG
10 - Ugo Curty - Journaliste Blick.jpeg
Ugo CurtyJournaliste Blick

Le quotidien d’Eder Januario Iria est hors du commun pour un adolescent de son âge. À tout juste 15 ans, ce Genevois porte les couleurs de l’équipe M16 du PSG, l’un des plus puissants clubs du monde.

Le jeune joueur vit en internat au centre d’entraînement, dans la forêt de Saint-Germain-en-Laye, au nord-ouest de la capitale française. Neymar et les autres stars parisiennes sont ses voisins. Eder y suit un programme fait sur mesure pour lui, avec football le matin et cours en école privée l’après-midi. Les week-ends sont consacrés aux matches et aux visites de ses parents.

Contenu tiers
Pour afficher les contenus de prestataires tiers (Twitter, Instagram), vous devez autoriser tous les cookies et le partage de données avec ces prestataires externes.

Le football, c’est forcément la passion d’Eder Januario Iria, mais c’est surtout devenu son travail. «Je sais pourquoi je suis à Paris et je consacre beaucoup de temps à mes objectifs», explique-t-il par écrans interposés, avec sa voix d’enfant mais une détermination d’adulte. Durant les fêtes, le junior a obtenu quelques jours de congé et il en a profité pour retrouver les siens dans la région genevoise.

Avec son père, Helio Jorge, le footballeur en herbe a rendu visite à Dominique Vergnaud, directeur technique de son ancien club, l’Étoile Carouge. «Nous sommes restés en contact étroit. C’est un garçon posé, bien entouré par sa famille», explique l’entraîneur, avant de nous passer le junior du PSG sur son téléphone.

De féroces Titis parisiens

«À Paris, j’ai fait beaucoup de progrès, explique Eder. Les installations sont parfaites et je travaille avec des personnes de confiance. Tout le monde est très professionnel, veut m’aider et me tirer vers le haut.» Une exigence qui nourrit aussi la concurrence que se livrent ces adolescents aux pieds d’or. «Tous les joueurs veulent gagner leur place et passer pro, poursuit le Genevois. La compétition est féroce. J’essaie de faire abstraction et de rester fort.»

Parfois, les jeunes joueurs s’échappent du centre, toujours en compagnie d’un surveillant. Direction la Ville Lumière ou les néons d’une salle de bowling de la région: «Cela fait du bien de prendre l’air, de se changer les idées. Ce n’est pas toujours évident avec les enjeux.» Des escapades qui ne riment pas pour autant avec colonies de vacances. «Quand on sort, on représente toujours l’image du club, précise Eder. On ne peut pas faire n’importe quoi, on a des responsabilités. Nous devons avoir le bon comportement.»

La traditionnelle photo d'équipe des M16 du PSG au Parc des Princes avec, en bas tout à gauche, Eder Januario Iria. Ethan Mbappé (deuxième rang, troisième depuis la gauche) figure aussi parmi ses coéquipiers.
Photo: PSG

Les Titis parisiens échangent aussi avec les joueurs de la première équipe du PSG. Le milieu international portugais Danilo Pereira (photo plus haut) a pris le jeune Suisse sous son aile: «Comme un grand frère, il me donne plein de conseils.»

Dans les rangs de l’équipe M16 parisienne, Eder Januario Iria côtoie aussi Ethan Mbappé, le petit frère de Kylian, superstar de l'équipe A et de la sélection française championne du monde. Un joueur lui aussi né en décembre 2006. Le Genevois est un milieu de terrain droitier («mais je peux jouer des deux pieds»). «Sur le terrain, j’aime bien être au cœur du jeu, toucher beaucoup la balle pour pouvoir faire jouer mon équipe, détaille-t-il avec des étoiles dans les yeux. J’adore offrir des caviars à mes coéquipiers pour qu’ils marquent des buts.» Plaisir de fin gourmet!

«L’important, c’est l’école»

À ses côtés, son père écoute attentivement. Helio Jorge rappelle très vite les priorités du clan familial: «Le plus important, c’est l’école. Eder est un bon élève. Au PSG, l’encadrement scolaire est incroyable. On ne pourrait pas rêver mieux. Il est très bien entouré par les enseignants dans une école privée.»

La vie de la famille Iria a été chamboulée depuis le départ du fiston pour Paris en 2020. «Nous avons reçu beaucoup de sollicitations, souligne aussi le paternel, qui est fonctionnaire pour l’Etat de Genève. Ce n’est pas toujours facile de faire le tri. Nous voulons rester les mêmes, respecter les gens. Nous devons garder la tête sur les épaules.» Le club les aide financièrement à faire le voyage pour rejoindre Eder durant les week-ends. Le reste du temps, ils restent en contact grâce à la fibre optique.

Footeco, pas un programme au rabais

Avant de mettre le cap sur la capitale, le petit Genevois avait fait ses gammes à Meyrin puis à Étoile Carouge. C’est au club stellien qu’il a suivi le programme Footeco (mot-valise de football, technique et coordination), mis en place par l’Association suisse de football (ASF) pour les enfants entre 10 et 14 ans environ. «Ce système de formation permet aux jeunes d’évoluer dans leur environnement, explique Yves Débonnaire, désormais responsable de Footeco à l’ASF. Dans le Canton de Genève, il y a quatre zones définies. Le but est de détecter des talents le plus vite possible pour les faire évoluer ensemble.»

Le célèbre entraîneur et consultant, ancien sélectionneur de la Suisse M21, se souvient très bien d’Eder Januario Iria, même s’il ne l’a plus vu jouer depuis plusieurs années. «C’est un petit gabarit, très dynamique, qui s’appuie sur sa qualité technique et voit très vite le jeu, précise le Vaudois. Il a une force physique étonnante pour sa petite taille. Ses appuis étaient largement au-dessus… même pas de la moyenne, mais du lot.»

Déjà courtisé par la Suisse et le Portugal

Si le PSG mise sur Eder Januario Iria, le petit Genevois attire aussi les convoitises des équipes nationales. Le milieu de terrain possède deux passeports et pourrait ainsi jouer pour le Portugal, terre d’origine de ses parents. Il a d’ailleurs participé à un camp avec les M16 de la «Seleção das Quinas» à l’automne dernier. «C’est toujours plaisant de pouvoir jouer pour son pays, a reconnu Eder. Mais je peux aussi représenter la Suisse. J’espère déjà répondre aux attentes des coaches nationaux.»

Malgré sa première convocation avec les jeunes portugais, l’Association suisse de football (ASF) n’a pas lâché l’affaire. «Nous gardons un contact avec la famille d’Eder qui est toujours sur nos listes, reconnaît Yves Débonnaire. Le Portugal est rôdé et parvient très vite à repérer ces talents expatriés ou binationaux. C’est parfois difficile de lutter. Les responsables de l’ASF devront désormais le suivre et trouver les arguments justes pour réussir à le convaincre. Mais il faut aussi respecter les sentiments des enfants et des familles. Il y a une forte part émotionnelle dans ces choix.»

Du côté du papa du joueur, là aussi, on assure que c’est l’enfant qui prendra la décision finale. «Je n’ai pas fait mon choix et je reste ouvert à toutes les éventualités. Je suis encore jeune», rappelle, à raison, Eder Januario Iria.

Le Genevois sous les couleurs du Portugal.
DR

Si le PSG mise sur Eder Januario Iria, le petit Genevois attire aussi les convoitises des équipes nationales. Le milieu de terrain possède deux passeports et pourrait ainsi jouer pour le Portugal, terre d’origine de ses parents. Il a d’ailleurs participé à un camp avec les M16 de la «Seleção das Quinas» à l’automne dernier. «C’est toujours plaisant de pouvoir jouer pour son pays, a reconnu Eder. Mais je peux aussi représenter la Suisse. J’espère déjà répondre aux attentes des coaches nationaux.»

Malgré sa première convocation avec les jeunes portugais, l’Association suisse de football (ASF) n’a pas lâché l’affaire. «Nous gardons un contact avec la famille d’Eder qui est toujours sur nos listes, reconnaît Yves Débonnaire. Le Portugal est rôdé et parvient très vite à repérer ces talents expatriés ou binationaux. C’est parfois difficile de lutter. Les responsables de l’ASF devront désormais le suivre et trouver les arguments justes pour réussir à le convaincre. Mais il faut aussi respecter les sentiments des enfants et des familles. Il y a une forte part émotionnelle dans ces choix.»

Du côté du papa du joueur, là aussi, on assure que c’est l’enfant qui prendra la décision finale. «Je n’ai pas fait mon choix et je reste ouvert à toutes les éventualités. Je suis encore jeune», rappelle, à raison, Eder Januario Iria.

Le milieu de terrain genevois a d’abord mis le cap sur le FC Annecy, en France voisine, avant de rejoindre le PSG, par l’entremise d’un agent. «Ils sont partout autour des terrains pour les matches de juniors, explique Dominique Vergnaud. Les clubs ont aussi des recruteurs dans la région genevoise. Mais le départ d’Eder s’est fait naturellement. Pour l’instant, Carouge n’a rien touché sur son départ à Paris, mais ce n’est pas le but. On verra peut-être à l’avenir.»

Quelles sont ses chances de réussite?

L’avenir justement, Eder Januario Iria rêve qu’il s’écrive au plus haut niveau, avec l’hymne de la Ligue des champions en écho. Il est encore trop tôt pour savoir s’il y parviendra. «S’il n’y arrive pas, ce n’est pas grave, ce ne sera pas la fin du monde, relativise le paternel avec tendresse. Comme partout, le travail reste la clé. En tant que parents, tout ce qu’on peut faire, c’est être à ses côtés. On sera là pour lui, quoi qu’il arrive…»

Contenu tiers
Pour afficher les contenus de prestataires tiers (Twitter, Instagram), vous devez autoriser tous les cookies et le partage de données avec ces prestataires externes.

Yves Débonnaire n’est pas toujours convaincu par ces départs de talents suisses à l’étranger à un si jeune âge. «Quand les familles découvrent le centre d’entraînement et les infrastructures de ces grandes académies, c’est difficile de résister. Mais le taux d’échec reste fort et nous conseillons toujours de d’abord s’imposer en Suisse, en Super League, avant de partir par la grande porte vers l’étranger. Mais il n’y a pas de règle absolue, d’autres ont réussi en s’exilant.»

Première étape importante dans son parcours: Eder Januario Iria a signé un contrat d’aspirant, qui le lie au PSG jusqu’en 2024. C’est le deuxième échelon (sur quatre) des conventions qui jalonnent le système de formation en France. Cet engagement encadre de près ses obligations avec le club: toute demande d’interview doit par exemple être validée par le service de communication, comme c’est le cas pour les joueurs professionnels.

«Cette signature permet à Eder de progresser jusqu’à sa majorité ou presque, résume Dominique Vergnaud. Est-ce qu’il va réussir? Ce n’est pas le premier jeune à avoir du talent, dont on parle très tôt. Tous n’ont pas forcément éclos. Il suffit d’un ou deux mauvais choix, d’une blessure grave, et tout peut s’arrêter. Disons que les temps de passage sont bons pour lui et qu’il bénéficie de moyens illimités pour progresser à Paris.»

Vous avez trouvé une erreur? Signalez-la