Avant la pause de la Nati, le Centre international d'études du sport (CIES) a publié une statistique réjouissante: L'attaquant d'YB Joël Monteiro (24 ans) est le buteur le plus efficace des 74 ligues internationales de haut niveau étudiées. 30,8 % de ses tirs finissent dans le but, ce qui le place en tête du classement devant la superstar du Real Jude Bellingham (28,3) et Hwang Hee-Chan de Wolverhampton (27,3). Sont pris en compte les joueurs qui ont disputé au moins 1000 minutes durant la saison en cours et qui marquent en moyenne un match sur deux.
Il est clair qu'un tel joueur est intéressant pour l'équipe nationale suisse. Deux bons mois avant l'Euro en Allemagne, celle-ci est en plein marasme offensif et Breel Embolo ne revient que ces jours-ci après une longue blessure. Le hic dans l'histoire: Joël Monteiro, qui a grandi en Valais, n'a pas encore de passeport suisse. La procédure de naturalisation est en cours. «Le dossier du passeport est entre les mains du Canton du Valais, qui a reçu l’aval de la Confédération. Les assermentions se font soit en mai, soit en novembre. Sauf problème administratif, cela devrait être pour le mois de mai», affirme Marius Habiyambere, conseiller du joueur. «Joël est né et a grandi en Valais et a passé toute sa vie en Suisse. Il se sent suisse».
Une belle mentalité de travail
La carrière de Joël Monteiro a été relancée en 2019 par Ilija Borenovic, alors entraîneur de Team Vaud M21. Le Valaisan joue en 2e ligue interrégionale à Conthey lorsqu'il est recommandé à Borenovic. «Nous étions partis sur une période d'essai de deux semaines, mais après le premier entraînement, j'ai appelé l'entraîneur de Conthey et je lui ai dit: 'Ton joueur reste avec nous'», raconte Borenovic en souriant. Tout de suite, il est frappé par le tempérament du jeune homme. «C'est un footballeur passionné et il a tout de suite montré sa détermination sur le terrain. Cela m'a particulièrement plu. Ensuite, on a travaillé pour le faire progresser».
Joël Monteiro fait ses débuts en Super League à l'automne 2020 avec Lausanne. Au printemps suivant, il rejoint YB, mais est aussitôt prêté à Stade-Lausanne-Ouchy, avant de faire partie de l'effectif des Bernois à partir de l'été 2021. «Il avait ce que nous recherchions :la mentalité de vouloir travailler», explique le chef scout d'YB Stéphane Chapuisat. «Il a connu des débuts difficiles avec plusieurs blessures. Mais il s'est beaucoup investi pour revenir et s'améliorer chaque jour».
De très bonnes dispositions
La concurrence est rude à YB, mais Joël Monteiro obtient vite de plus en plus de temps de jeu. Cette saison, il parvient à percer définitivement. Avec huit buts, il est - à l'exception de Jean-Pierre Nsame, cédé pendant la pause hivernale - le meilleur buteur du leader de la Super League. Monteiro est dangereux partout, lui qui souvent sur le côté. «Il est très polyvalent, ce qui est important dans le football d’aujourd’hui. Je pense toutefois que sa meilleure position est avant-centre, ou deuxième attaquant, même s’il est très bon sur un côté. Il a de telles qualités face au jeu que, pour moi, c’est bien de l’avoir aussi près du but que possible», estime Ilija Borenovic.
Bon techniquement, efficace, puissant, rapide - Joël Monteiro apporte déjà beaucoup. «Sa marge de progression, pour moi, réside dans son jeu dos au but, ce qui était déjà le cas quand j’étais son entraîneur. Et puis, il joue tellement à haute intensité qu’il peut gagner encore en lucidité et en calme, ce qui est tout à fait normal à son âge et fait partie d’un processus normal», ajoute Ilija Borenovic, devenu entretemps sélectionneur de l'équipe de Suisse M19.
De plus, il peut devenir encore plus calme et plus clair dans ses actions. «Il est difficile d'estimer jusqu'où il peut aller», dit Stéphane Chapuisat (103 sélections, 21 buts). «Pour chaque joueur c’est un rêve de jouer pour l’équipe nationale et cela passe par les performances. Il en a fait des bonnes et c’est pour cela qu’on parle de lui aujourd’hui. Il n’y a pas de prêt ou pas prêt, si les performances sont bonnes et qu’il y a une opportunité, il devra montrer qu’on peut compter sur lui. S’il reçoit le passeport et qu’il finit bien la saison, il deviendra sûrement un thème plus concret de discussion.»