Il y a des personnes que la période du coronavirus a rendues folles parce qu’elles doivent porter un masque. Et puis il y a des gens comme Dejan Janjatovic, qui gardent une attitude positive même lorsqu’ils sont confrontés à des coups du sort dramatiques.
Le 18 juin, il y a quatre ans, le professionnel de longue date en Super League a perdu sa fille Una. La petite avait trois mois et des problèmes au cœur. «Beaucoup de choses ont mal tourné à l’époque, Una a subi un total de douze opérations», raconte Dejan Janjatovic. Puis, un dimanche, le petit cœur s’est arrêté de battre. Depuis, pas un jour ne passe sans qu’il ne pense à sa fille.
Sa femme Sandra lui apporte son soutien, ainsi que son fils Matija, 6 ans. «Le petit est malin. Quand on lui demande à l’école s’il a des frères et sœurs, il répond oui, que sa sœur vit au paradis», explique Dejan Janjatovic. Sa foi lui donne de la force: «Seul Dieu sait pourquoi une telle chose est arrivée. En fin de compte, tout est une question de destin.»
Une vision différente du monde
Depuis la mort d’Una, il a une vision différente du monde, et des gens: «Quand je vois quelqu’un qui est de mauvaise humeur ou réservé, je ne le juge pas. Parce que je ne sais pas ce qu’il vit dans sa vie privée. Au lieu de cela, j’essaie de l’aider.» Janjatovic est par contre agacé par ces gens qui se plaignent pour des broutilles: «Il y a des gens qui dépriment parce qu’ils ne sont pas autorisés à entrer dans un restaurant pendant la crise du Covid.»
Il est lui-même d’humeur positive et ce, malgré tous les coups du sort. Peu après la mort de sa fille, sa tante est assassinée en pleine rue à Munich par son mari, qui lui a porté plusieurs coups de couteau. Peu après, sa grand-mère bien-aimée décède également. «J’étais très attaché à elle, mais je n’ai pas pu pleurer à l’enterrement. Pas après tout ce que j’avais vécu auparavant.»
Aux funérailles de sa fille, il était sous le choc. La présence Goran Karanovic, Moreno Costanzo, Bernt Haas et Dzengis Cavusevic, quatre compagnons de longue date à Saint-Gall et à Vaduz, a été très importante pour lui. Karanovic avait fait le déplacement depuis Sochaux pour soutenir son ami. «Dejan est une personne au grand cœur qui vous aide toujours. Peu importe où et quand, il est là pour vous. Il reste positif malgré tous les revers, toujours drôle, juste un bon gars», résume Karanovic. Le fait qu’il soit venu aux funérailles malgré la préparation de la saison à Sochaux était une évidence pour lui: «Il y a des choses qui sont beaucoup, beaucoup plus importantes que le football.»
Formé par Louis van Gaal
Janjatovic partage également cette vision, lui qui, enfant, a rejoint le grand FC Bayern et a été élu meilleur jeune joueur du club à 15 ans. Dans sa jeunesse, il a joué avec David Alaba et Emre Can, a partagé une chambre avec le futur champion du monde Mario Götze chez les jeunes de la Mannschaft et s’est entraîné avec l’équipe première du Bayern sous Louis van Gaal. Son entraîneur de l’époque a déclaré: «Je n’ai pas eu un joueur avec ce potentiel depuis dix ans. Si seulement il n’avait pas été si paresseux. Il s’est trop reposé sur son talent.» Mais Dejan Janjatovic sourit: «C’est vrai, peut-être que j’aurais dû me comporter de manière plus professionnelle».
Néanmoins, ses prestations ont été suffisantes pour lui faire décrocher un contrat avec la réserve du Bayern, payé 4000 euros par mois. Janjatovic a toutefois refusé et s’est laissé convaincre par un conseiller ventripotent de passer à Getafe. Après trois mois, l’aventure était déjà terminée. En 2012, il a atterri à Saint-Gall, a mené le club en phase de poule de l’Europa League et a offert des nuits magiques contre Moscou, Valence, Swansea et Krasnodar. L’entraîneur de l’époque, Jeff Saibene, surnomme Janjatovic «Boban» car il lui rappelle la légende du Milan AC, Zvonimir Boban. «Il avait un énorme talent, savait lire le jeu, se tenait souvent au bon endroit et avait une intelligence incroyable».
Tous les ingrédients sont réunis pour qu'il devienne un bon entraîneur un jour. «C’est mon objectif», affirme Janjatovic. Il veut d’abord obtenir son diplôme UEFA B, puis prendre en charge une équipe junior, peut-être à St-Gall, avant d’entraîner une équipe de Super League.
Entraîneur de tennis
En parallèle, Janjatovic travaille comme entraîneur particulier pour les enfants et les adultes et s’implique dans l’école de tennis Falkensteig à St-Gall. Il donne également des séances d’entraînement en coordination et en fitness à de talentueux joueurs. Et, après d’innombrables blessures au genou et des problèmes de ménisque, il joue désormais pour l’équipe de deuxième ligue interrégionale de Rorschach-Goldach.
Dimanche, le professionnel de longue date de Super League reviendra sur la grande scène avec le match de Coupe Suisse contre le FC Bâle. «Je veux rendre la vie difficile au FCB», déclare-t-il. Au tour précédent, Dejan Janjatovic avait marqué le but de la victoire en prolongation contre Dardania Lausanne (2-1). Et, par la même occasion, il a offert aux amateurs de Rorschach le plus grand match de leur vie.
Il a lui-même eu des rencontres plus déterminantes. À l’époque, quand le football était encore la chose la plus importante dans sa vie. À l’époque, les matchs perdus et les occasions manquées le rongeaient encore. À l’époque où le destin ne l’avait pas encore frappé si fort.