Pourquoi cette révolution?
Les idées de refonte de la Super League proposées ce mardi ont pour objectif de redonner plus de suspense et d'attractivité à la ligue qui représente l'élite du football suisse. Après plus d'une décennie de domination bâloise puis bernoise, avec parfois 20 points d'avance sur les poursuivants (FCB en 2013, YB en 2019), voire même 31 (YB en 2021), il est temps de redonner un peu de piquant sur l'issue du championnat.
L'augmentation à douze équipes a souvent été discutée par le passé, et les clubs s'y sont toujours opposés. D'une part parce que les recettes TV risquaient de diminuer, et aussi parce que les 18 matches à domicile actuels génèrent beaucoup de recettes et qu'aucun club ne voulait prendre le risque que cela change.
Aujourd'hui, la révolution du football suisse pourrait tout de même devenir réalité. Il est clair qu'avec un système de play-off, un tabou serait brisé. La Suisse disposerait d'un nouveau mode de compétition, moderne et orienté vers la recherche de spectacle.
En quoi consistent les changements prévus?
À partir de la saison 2023-2024, la Super League devrait accueillir douze équipes. La SFL propose pour cela un championnat divisé en trois phases. La première comportera 22 tours, au cours desquels chaque équipe s'affrontera deux fois toutes les autres, une fois à domicile et une fois à l'extérieur. Lors de la deuxième phase, les six meilleurs clubs de la première phase disputeront les play-off «A» et les clubs classés de la septième à la douzième place joueront les play-off «B». Là encore, les équipes s'affronteront une fois à domicile et une fois à l'extérieur, ce qui donnera dix tours supplémentaires.
Tout se jouera dans la troisième phase. Le premier et le deuxième du tableau A se disputeront le titre de champion. Les équipes classées du 3e au 10e rangs joueront dans un système à élimination directe pour les places en Coupe d'Europe. Le barrage pour l'avant-dernier du classement général contre le 2e de la Challenge League sera maintenu. Le 12e et dernier de la Super League sera directement relégué.
Selon la SFL, la forme exacte de ce système sera concrétisée au cours des prochaines semaines. On pourrait imaginer un match aller-retour analogue à celui de la Ligue des champions pour les matches de barrage.
À l'heure actuelle, 14 des 20 équipes de Super et Challenge League devraient voter pour une élite à douze formations. Selon la SFL, la majorité des clubs se prononceront en faveur d'une augmentation du nombre de participants à la première division.
Qu'est-ce que cela induit pour la saison prochaine?
Si le changement proposé est accepté, cela ira très vite. La saison prochaine, il n'y aura plus de relégation vers la Challenge League en raison de l'augmentation prévue ensuite à l'échelon supérieur. Lors de la saison 2022-2023, le 1er et le 2e de Challenge League seront ainsi promus directement en Super League. Il n'y aurait qu'un barrage, entre le dernier de Super League et le 3e de Challenge League.
Quel mode de jeu entrera en vigueur?
La ligue a lancé une discussion pour un changement de mode du championnat en proposant de mettre en place des play-off. Mais les clubs ont maintenant la possibilité de faire des propositions en faveur d'autres modes de compétition. Celui qui obtiendra le plus de voix lors de l'assemblée générale de la Swiss Football League (SFL) sera adopté.
Qu'adviendra-t-il de la Challenge League?
La seconde division du pays restera pour l'instant à dix équipes. Une adaptation sera discutée en fonction des évolutions en Super League, mais un éventuel changement au 2e échelon n'interviendrait pas avant la saison 2024-2025.
Qui participera à la décision?
Le 22 mai, une assemblée générale extraordinaire de la Swiss Football League se tiendra à Berne. Les 20 clubs de la SFL doivent y donner leur avis. En raison de l'augmentation souhaitée de la Super League à douze équipe, l'Association suisse de football (ASF) sera également impliquée dans le processus de décision. Elle devra donner son accord de principe.
Quels sont les enjeux financiers?
Actuellement, les revenus liés à la télévision constituent un paquet de 21,3 millions de francs pour la Super League. Avec deux clubs de plus, le même montant sera-t-il partagé, induisant ainsi une perte pour les dix clubs actuels? Les questions de répartition des droits TV, ainsi de la prime de classement, restent ouvertes dans un premier temps.
Comment le cas de Vaduz sera-t-il traité?
En tant que club professionnel liechtensteinois, le FC Vaduz participe aux championnats de la SFL en tant qu'invité. Que se passerait-il si le club parvenait à retrouver la Super League via une promotion sur le terrain? Actuellement, la réglementation stipule que le FC Vaduz ne peut pas décrocher une place en Coupe d'Europe depuis le championnat suisse (le club classé derrière lui en hériterait). Comment ce point serait-il géré avec un éventuel système de play-off? Un nouveau contrat sera probablement inévitable entre les instances suisses et liechtensteinoises.
Qu'en disent les fans?
Le changement de mode de compétition fait déjà l'objet de discussions animées sur les médias sociaux. Les avis sont partagés. Dans un premier sondage publié mardi soir sur Blick.ch, 50% des personnes interrogées étaient favorables au changement de mode de jeu, 46 % y étaient opposées et 4 % se disaient indifférentes à cette éventuelle évolution.
(Adaptation par Thibault Gilgen)