Les deux parties souhaitaient prolonger leur aventure commune dans le souffle de la finale du Mondial, perdue le 18 décembre aux tirs au but contre l'Argentine, quatre ans après l'or de Moscou. Mais des points d'achoppement, en premier lieu la durée du contrat, ont retardé l'échéance.
Le bras de fer semble avoir été remporté par l'entraîneur de 54 ans, pourvu d'un nouveau bail de trois ans et demi censé l'emmener jusqu'à la Coupe du monde 2026 en Amérique du Nord. Un souhait que le président de la FFF Noël Le Graët était d'abord réticent à exaucer, préférant l'Euro 2024 comme horizon.
«Je vais vous annoncer quelque chose qui est pour moi un immense plaisir, à savoir que mon président a décidé de me prolonger jusqu'en 2026», a déclaré Deschamps à la tribune de l'Assemblée générale de la Fédération, samedi à Paris. «Je remercie le président pour son soutien permanent et sa confiance maintenue», a ajouté «DD», accueilli par une standing ovation.
Le sélectionneur adjoint Guy Stéphan, l'entraîneur des gardiens Franck Raviot et le préparateur physique Cyril Moine poursuivent également leur mission.
«L'équipe de France, la plus belle chose dans ma vie»
Nommé en juillet 2012 par l'actuel patron du football français, Deschamps n'a jamais fait mystère de son souhait de continuer.
«L'équipe de France a toujours été la plus belle chose qui me soit arrivée dans ma vie professionnelle, dans ma première vie de joueur puis comme sélectionneur», disait encore l'ancien milieu de terrain à Doha: «Le plus important ça n'a jamais été moi, mais l'équipe de France. Elle est au-dessus de tout, je suis à son service.»
Le champion du monde 1998 possède la plus grande longévité au poste devant Michel Hidalgo, resté huit ans et six mois (mars 1976 - juin 1984), le record de matches sur le banc français (138, loin des 79 du précédent titulaire Raymond Domenech) et, surtout, le plus beau palmarès.
Nommé sur les ruines encore fumantes du fiasco de Knysna au Mondial 2010, après une parenthèse de deux ans sous Laurent Blanc, il a remis le navire bleu à flot avec une progression constante: un quart de finale au Mondial 2014 brésilien (perdu 1-0 contre l'Allemagne, futur vainqueur), une finale perdue à l'Euro 2016 en France et le titre mondial en Russie.
La déception du dernier Euro, achevé en huitièmes de finale à l'été 2021 face à la Suisse, avait fait vaciller son aura, mais pas sa détermination.
Partir n'a jamais été une envie
L'idée de partir ne l'a jamais effleuré, «même pas une demi-seconde», a-t-il confié en décembre 2021 à plusieurs médias, dont l'AFP. «Je ne ressens pas d'usure comme sélectionneur. Si je pouvais avoir dix ans de plus de ce que je vis aujourd'hui, ce serait l'idéal.»
La sortie de piste précoce contre la Suisse a cependant laissé des traces. Contrairement à l'usage, Le Graët n'a par la suite pas prolongé le contrat de Deschamps une fois la qualification acquise pour le Mondial 2022.
L'ancien joueur de Nantes, Marseille et la Juventus, notamment, a donc traversé la compétition au Qatar sans sécurité contractuelle, une première sous son règne, sans que cela ne le perturbe visiblement.
Les Bleus sont arrivés au Qatar affaiblis par des derniers résultats décevants, des errements tactiques et une longue liste de blessés. Mais les tenants du titre et leur «père la victoire» ont tenu bon jusqu'en finale, une prouesse certaine au regard des nombreuses embûches.
Les vice-champions du monde retrouveront la compétition le 24 mars au Stade de France contre les Pays-Bas pour le début des qualifications à l'Euro 2024. Le seul trophée que «DD» n'a pas gagné sur le banc tricolore.
(AFP)